We Are X – Notre avis

We Are X – Notre avis

Après « Sugar Man », le documentaire « We Are X » fait découvrir X Japan, le plus grand groupe de rock japonais, et apparemment du monde…

En 2012, on découvrait grâce au documentaire Sugar Man l’existence du musicien Sixto Díaz Rodríguez. Un chanteur de musique folk des années 1970, devenu célèbre en Afrique du Sud au moment de la montée du mouvement contre l’apartheid. Avec ce documentaire, qui aura eu un assez bon succès critique et public, "Sugar Man" a ainsi gagné une notoriété soudaine.

Cinq ans plus tard, les producteurs du film reviennent avec le même principe de faire découvrir des artistes méconnus hors de leurs frontières. We Are X, réalisé par Stephen Kijak, met ainsi en avant l’un des plus grands groupes de rock japonais, X Japan, dont on n’avait jamais entendu parler.

Plein les yeux, plein les oreilles

X Japan, c’est donc un groupe légendaire créé au début des années 1980, précurseur du Visual Kei – mouvement reconnaissable par l’exubérance des costumes et du maquillage, tel Kiss. Suivant ce style très marqué, le documentaire propose une approche visuelle singulière. Une stylisation de l’image à laquelle s’ajoute des entretiens plus classiques des membres du groupe, des images d’archives ou de concerts, ainsi que des reconstitutions d’événements dignes des Enquêtes impossibles de Pierre Bellemare. Des séquences pas toujours de très bon goût, mais qui ont le mérite de rythmer le film et de lui donner une certaine personnalité.

We Are X – Notre avis

De plus, We Are X a d’intéressant toute sa partie musicale. Groupe spectaculaire, proposant des shows hors normes, X Japan a vu son style musical évoluer. Allant dans la mouvance du trash et heavy metal des années 1980 (des sonorités très proches de Metallica ou Anthrax), à un rock progressif des années 1970 (à l’image de leur titre de trente minutes, Art of Life), avant de se diriger vers de la variété pop rock.

Yoshiki, héros tragique

Évidemment, un tel documentaire fonctionne finalement avant tout par la personnalité des artistes présentés. On y découvre ainsi, au premier plan, le leader du groupe, Yoshiki. Un personnage intriguant, marqué par des blessures physiques (une hernie discale, des poignets et des épaules douloureuses à force de jouer de toutes ses forces) comme psychologiques. Le batteur et pianiste, auteur-compositeur-interprète, évoquant une enfance perturbée par le décès de son père, provoquant ainsi sa fascination pour la mort, qui se répercute sur sa musique.

À ses côtés, c’est tout le reste du groupe qui a été marqué par une histoire chaotique. Au fil du métrage, sont évoqués le renvoi du bassiste Taiji (pour d’obscures raisons), la mort du guitariste hide (véritable choc pour quantité de fans) et la dissolution du groupe après que le chanteur Toshi a rejoint une secte, qu’il parviendra à quitter en 2009. Par ces événements, le film dispose d’une véritable dramaturgie. Celle-ci aurait tout de même pu bénéficier d’un approfondissement. Le réalisateur se contentant parfois des dires de Yoshiki, là où une enquête plus poussée aurait été intéressante.

We Are X – Notre avis

En cela, on ne peut que ressentir une certaine frustration. Celle de ne suivre que le point de vue du leader. Et même si le film évoque les zones sombres du groupe, on ne peut qu’imaginer un certain contrôle sur le développement, rendant We Are X parfois trop lisse.

Sugar Man / X Japan : même combat

Bien sûr, malgré l’aspect tragique que prend alors le documentaire, on ne peut s’empêcher d’en tirer un certain amusement tandis que le film met le groupe sur un piédestal. À l’instar de Sugar Man, qui mettait le chanteur au même niveau, si ce n’est plus, de Bob Dylan - l’un des plus grands paroliers de la musique américaine, couronnée le 13 octobre 2016 d’un prix Nobel de littérature pour l’ensemble de son œuvre -, We Are X surévalue à outrance le groupe.

X Japan serait alors, si on en croit le documentaire (et des intervenants comme Stan Lee ou Wes Borland de Limp Bizkit), le meilleur groupe au monde. Plus grand encore que les Rolling Stones ! De quoi faire gentiment sourire dès lors qu’on se penche sur leur musique. Car si on ne peut enlever aux musiciens leur technique virtuose impressionnante (comme peut l’être Dream Theater), on ne peut que relativiser sur la valeur musicale. Certes, X Japan aura eu une influence majeure sur la société japonaise et une jeunesse en quête d’identité (ce qu’évoque bien le film). Mais ce n’est pas un hasard si le groupe n’a jamais vraiment pu s’exporter à l’étranger. Les quelques concerts donnés récemment en Europe et aux Etats-Unis - dont celui du 11 octobre 2014 au Madison Square Garden, par lequel se conclut efficacement le film – ne suffisant à asseoir une notoriété digne des plus grands.

 

We Are X de Stephen Kijak, en salle le 6 décembre 2017. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Sympathique documentaire, "We Are X" permet de découvrir un groupe de metal spectaculaire, dont le succès local contraste drôlement avec la connaissance peu probable des spectateurs.

Sur la bonne voie

Note spectateur : 3.48 (4 notes)