CRITIQUE / AVIS CINÉMA - Première tentative (et pas la dernière) de l'année tournée vers l'action pour Netflix, "Zone Hostile" envoie Anthony Mackie et Damson Idris au coeur d'un conflit qui pourrait très mal se terminer. Que penser de ce divertissement ?
Zone Hostile : action et science-fiction au programme
Netflix tente de s'imposer comme une nouvelle référence auprès des amateurs de cinéma d'action. Dans son large programme pour 2021, nous avons pu voir que le genre était très répandu. Vu les succès signés l'année dernière, on comprend que l'intérêt à son égard reste prégnant.
Nouvelle réalisation de Mikael Håfström, Zone Hostile mélange l'action avec un argument de science-fiction. L'intrigue se déroule en 2036, du côté de l'Europe de l'Est. Un nouveau conflit a éclaté et les USA sont mobilisés sur place pour faire tomber un chef de guerre mystérieux qui projette de s'emparer d'une arme nucléaire. Dans ce futur pas si éloigné du nôtre, des robots sont déployés sur le champ de bataille afin d'aider les troupes humaines. Lorsqu'Harp, un tireur de drone, désobéit à un ordre direct, il se retrouve envoyé sur ce conflit pour se racheter. Cette fois, il ne sera plus derrière un écran mais sur le terrain. Il devra former un duo avec Léo, un soldat androïde, pour mener une mission déterminante.
Comme très souvent, Netflix cherche un(e) interprète populaire pour incarner le film. Charlize Theron dans The Old Guard, Chris Hemsworth dans Tyler Rake, Jamie Foxx dans Project Power ou encore Ryan Reynolds dans 6 Underground. Pour Zone Hostile, c'est Anthony Mackie qui se charge de cette tâche. L'acteur est en particulier connu pour être Sam Wilson chez Marvel. Il partage l'affiche avec Damson Idris, pour composer un tandem qui se complète bien. En androïde, il est le plus fort, le plus redoutable, le plus malin. Harp a moins la carrure pour être une machine de guerre au coeur de l'action. Et pour cause, le combat il l'a vécu derrière un écran jusqu'alors.
Des thèmes forts dénués de profondeur
Derrière cette alliance entre l'homme et la machine, Zone Hostile veut développer quelques thématiques qui s'approchent de la hard science-fiction. La machine, création de l'homme, peut-elle s'émanciper et prendre sa propre voie ? Une question déjà abordée plusieurs fois ailleurs, qui trouve ici un traitement assez superficiel. Le film n'explore jamais en profondeur et avec pertinence les enjeux moraux qui se cachent derrière les enjeux narratifs. Une dernière discussion entre Harp et Léo tente alors de tout condenser pour prouver la présumée intelligence de Zone Hostile. Celle qui n'a jamais trouvé (au minimum) sa grande séquence pour lui donner corps.
On voit les idées, mais elles ne dépassent jamais le stade d'embryon. Le sempiternel schéma sur le rapport création/créateur - qui n'en demeure pas moins passionnant en tant que tel - est évoqué en surface. Tout comme les retorses possibilités du libre arbitre ou cette idée inexplorée à propos de l'utilisation d'un visage d'homme noir pour le robot. Autant de pistes intéressantes qui affichent une durée de vie minime dans un ensemble culminant quasiment à deux heures.
Ce regret s'incarne dans un bref passage, où Léo s'oppose au grand méchant. Au détour d'un dialogue, ce dernier lui rétorque que sa remarque est de la "philosophie". Puis il éclate de rire. C'est là le symbole de tout Zone Hostile, qui se relâche dès qu'il s'approche trop près d'un thème ambitieux.
Un divertissement d'action correct
Le cinéma d'action n'a pas fondamentalement cette vocation à dérouler un propos élaboré en fond. Rien ne l'empêche cependant d'aspirer à mieux quand l'occasion se présente. Ça ne sera pas le cas pour Zone Hostile mais ça n'en fait pas pour autant un mauvais divertissement musclé. Le film fait le boulot avec ses quelques scènes d'action efficaces. Mikael Håfström sait gérer son espace avec un découpage lisible et maintient bien la tension. En plus de lâcher des petites idées amusantes, comme quand Léo dégomme des soldats en se servant d'un autre méchant comme bouclier. Ou qu'un robot peut tout faire capoter à cause d'un tir de prévention.
Le scénario n'échappe pas à des facilités éculées (le décompte, une fausse mort, la rédemption) mais réserve en particulier une petite surprise dans son articulation qui redonne une certaine consistance au dernier mouvement du film. Zone Hostile ravira sûrement les fans qui viennent chercher leur dose d'action. On appréciera aussi ce petit tacle glissé contre le gouvernement américain et sa tendance à se montrer interventionniste sur des conflits à l'étranger. À défaut d'être une excellente série B avec un propos travaillé, Zone Hostile est comme un bonbon. Sans grand intérêt nutritionnel mais pas désagréable à avaler sur le coup.
Zone Hostile de Mikael Håfström, disponible sur Netflix le 15 janvier 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.