CRITIQUE SÉRIE - "American Horror Story" revient pour sa huitième saison particulièrement attendue, après avoir soufflé le chaud et le froid ces dernières années. On a vu le premier épisode et on vous dit pourquoi ça sent plutôt bon.
Cela faisait un moment que les fans salivaient à l'idée d'assister à un crossover entre deux saisons d'American Horror Story. C'est cette année, pour la huitième anthologie, que les créateurs Ryan Murphy et Brad Falchuk ont décidé de répondre favorablement à cette demande. Ce mercredi 12 septembre, le premier épisode a d'ailleurs été diffusé et il s'est avéré être plein de promesses.
La précédente saison osait quelque chose de pertinent : s'inscrire dans l'Amérique qui a élu Donald Trump au pouvoir. Malgré un contenu pas toujours convaincant dans sa globalité, cette démarche rendait la série plus politique que jamais, avec à la clé quelques réflexions bien senties sur notre époque. La saison 8, intitulée Apocalypse, s'ouvre sur une situation abominable. Un missile nucléaire s'apprête à frapper les Etats-Unis, ouvrant une troisième Guerre Mondiale redoutée par tous. D'autres pays du globe ont été frappés précédemment, le chaos toque à la porte. Si on ne sait pas précisément pourquoi et comment ce nouveau conflit a débuté, on décèle que la politique ultra-agressive de Trump avec les autres pays, et principalement avec la Corée du Nord, doit y être pour quelque chose dans l'affaire. L'ombre de Kim Jong-un plane sur l'ouverture du premier épisode.
Il y a des années, Steven Spielberg utilisait La Guerre des Mondes pour évoquer la paranoïa d'une nation vis-à-vis d'autrui et des potentiels terroristes, alors que les plaies post-11 septembre étaient encore béantes. En 2018, American Horror Story tente d'en faire de même. D'une manière un peu différente certes, parce que dans le fond l'époque n'est plus la même, et dans la forme la maestria de Spielberg n'est pas là pour nous immerger dans des scènes d'émeutes urbaines. Mais même sans cela, cette première séquence a profondément quelque chose d'effrayant, autant dans la plausibilité de la gravité des événements dépeints que dans ce portrait risible d'une génération aisée biberonnée aux flux d'Instagram. Bien que la finesse ne soit toujours pas le principal argument de vente de la série, cette entrée en matière a pour elle une certaine acidité.
"C'est une saison comme nous n'en avons jamais fait auparavant, parce qu'il y a une grosse idée de départ" disait Ryan Murphy le jour de l'annonce de cette saison. Nous ne pouvons que lui donner raison. Maintenant il faut voir ce qu'il y a au-delà, dans cet univers post-apocalyptique pensé pour permettre d'effectuer un crossover entre la saison 1 (Murder House) et la 3 (The Coven). Deux semaines après que la bombe ait touché le sol américain, on retrouve Timothy (Kyle Allen) et Emily (Ash Santos), des adolescents choisis pour être sauvés en raison de la qualité de leur patrimoine génétique. Entourés de radiations, ils sont conviés sans qu'ils aient leur mot à dire dans un bunker de survivants dirigé par Vilhemina Venable (Sarah Paulson), le bras droit de la Coopérative, un mystérieux groupuscule aux intentions inconnues.
L'épisode se goupille autour de la découverte d'un nouveau mode de vie. La situation extérieure n'a rien de foncièrement rassurante, celle en intérieur ne donne pas plus envie. À l'exception de ceux qui dirigent, les autres ont l'air d'être des pantins manipulés, soumis à des règles strictes. Après 18 mois cogitation collective pour les uns et manigances pour les autres, Michael Langdon (Cody Fern) arrive avec ses chevaux pour changer la donne. Un personnage forcément attendu, en sa qualité d'Antéchrist, venu pour trier parmi les survivants qui sont ceux qui méritent d'être amenés dans le Sanctuaire, un lieu considéré comme inviolable. Et il prévient, ce pourra être tout le monde comme personne. Jusqu'ici le lien avec les précédentes saisons était un peu flou, désormais nous commençons à apercevoir les connexions. Ce Michael est celui de la saison 1, né d'une relation sexuelle non-consentie entre Vivien et Tate Langdon.
Après ce premier épisode, on peut dire que l'ambiance fait complétement le job, surtout dans les quelques plans en extérieur, avec cet épais brouillard omniprésent. La série a l'air de vouloir nous garder quelques surprises bien cachées, comme cette créature cachée qui dévore un cheval abattu dans les derniers plans. La menace ne s'est pas encore montrée en plein jour. On sait déjà, grâce aux indices et au magnifique générique, autour de quoi est bâti l'axe principal de cette histoire. Rien que ce 666 sur le miroir quand Timothy sort de sa douche ouvre la porte à l'arrivée sur Terre du Diable en personne. C'est pour toutes ces raisons qu'Apocalypse nous accueille avec un bon lot de promesses.
Impossible de savoir si elles vont nous porter vers quelque chose d'intéressant mais c'est déjà bien suffisant pour nous donner envie de suivre avec assiduité les prochains épisodes. Pour une série qui avait perdu en intérêt ces dernières années, c'est déjà un bon début.
American Horror Story : Apocalypse, créée par Ryan Murphy et Brad Falchuk, diffusion à partir du 13 septembre sur FX et du 15 septembre sur Canal + Séries. Ci-dessus la bande-annonce.