BoJack Horseman : un dernier tour de piste doux-amer

BoJack Horseman : un dernier tour de piste doux-amer

CRITIQUE / AVIS SERIES – Enfin ! Depuis 2014 les fans de la série « BoJack Horseman » suivent les déboires du cheval star d'Hollywood. Cinq années de douleurs et de nihilisme pour en arriver là. Netflix vient de lâcher la conclusion de la série. Et une fois de plus, c'était génial !

Créé par Raphael Bob-Waksberg en 2014, la série BoJack Horseman s'est imposée comme un des shows majeurs au sein des dessins animés pour adultes. Une série déjà culte, grâce à son ton dépressif et souvent très pessimiste. Une véritable épopée psychologique et personnelle d'un personnage instable. Une star d'Hollywood qui subit la pression d'un système corrosif, et celle, surtout, de ses démons intérieurs. Après une première partie diffusée en 2019, Netflix propose la conclusion de BoJack Horseman, disponible dès le 31 janvier sur la plateforme.

Retour aux sources

Après une première partie parfois moins réussie que le reste du show, Raphael Bob-Waksberg n'avait pas le droit à l'erreur. BoJack Horseman a pratiquement tout vécu en 5 années d'existence. Il fallait trouver une autre dynamique. Quoi de mieux que de faire souffler le personnage. BoJack part en cure de désintoxication, ressort vainqueur de ce combat, galvanisé, prêt à entamer un nouveau départ. Pour une fois, l'avenir du personnage semblait radieux. Mais la vie n'est qu'une affaire de circonstances, et celle-ci se retournera toujours. C'est inévitable. Ce revirement positif de situation n'est qu'un leurre d'espoir pour mieux tomber. Raphael Bob-Waksberg propose le retournement de situation habituel, qui voit BoJack tout gâcher une fois de plus, pour courir vers ses travers habituels. Mais cette fois-ci c'est un peu différent...

BoJack Horseman : un dernier tour de piste doux-amère

Tandis que les choses s'arrangent pour BoJack Horseman, les ennuis lui retombent rapidement dessus. Le couple de journalistes absurde, introduit au début de la saison, est proche de trouver la vérité sur la mort de Sarah Lynn. Le monde entier découvrira la vérité, détruisant au passage le nouvel équilibre de BoJack. Avec ce procédé, Raphael Bob-Waksberg propose un retour aux bases, presque un retour en arrière, avec un personnage voué inévitablement à replonger. Les scénaristes rejouent le coup classique. Ça va mieux pour BoJack, avant la descente aux enfers. Une fois de plus, le protagoniste va tout saccager, dans son désir d'autodestruction orgueilleux. Alors qu'il trouve le moyen de s'en sortir définitivement, ses mauvais choix l'entraînent une fois de plus sur la mauvaise pente. Une pente beaucoup plus glissante que d'ordinaire...

Testament d'un cheval triste

A partir de l'épisode 13, les choses se gâtent. Le show prend un ton résolument sombre et désenchanté. La tournure des événements n'augure définitivement rien de bon pour le héros, qui avance toujours plus profondément dans le désespoir. Cette fois, c'est la dernière descente aux enfers, sans retour possible. BoJack, qui, pendant cinq saisons, s'est lui même construit sa solitude, tournant le dos à ses amis dans sa folie destructrice, se retrouve véritablement seul. Cette fois, il ne s'agit pas d'un caprice de star, il ne s'agit pas de sa paranoïa personnelle. Cette fois, BoJack Horseman est seul. Un choix logique et intelligent qui permet de mettre le protagoniste en situation de danger et le récit sous tension. Il n'a plus personne sur qui compter. Ni Princesse Caroline, ni Diane, ni qui que soit, ne volera à son secours. Il doit affronter ses propres responsabilités seul.

BoJack Horseman : un dernier tour de piste doux-amère

Puis vient l'épisode 15. Vingt-cinq minutes d'une thérapie profonde et décalée. Un épisode qui confronte BoJack à ses erreurs, à ses regrets, à ses responsabilités, aux vies qu'il a brisées. Un épisode qui permet de faire le point, de regarder en arrière le chemin parcouru, qui permet d'expier l'anxiété, les craintes, et surtout, la peur de mourir. Raphael Bob-Waksberg joue ici avec la nostalgie du temps qui passe, et l'importance qu'on lui donne. Des personnages et un public, confrontés à leurs choix, à leurs accomplissements personnels, à leurs erreurs. Un récit qui place BoJack aux portes de la mort, face au jugement final. Il est temps pour le personnage de faire son testament et de tourner la page définitivement. Un épisode intime, presque insondable, qui joue habilement avec les sens, la mémoire et une émotion nostalgique puissante.

Et c'est alors que vient la conclusion, le tout dernier épisode. Un instant de respiration. L'épisode de la maturité. Les regards sont toujours tournés vers le passé, mais cette fois, avec une forme de bienveillance, de satisfaction de tout ce chemin parcouru, du travail accompli. La paix intérieure est enfin à porté de main. Raphael Bob-Waksberg légitime ses six saisons, ses choix scénaristiques, l’entièreté de son récit. Il justifie cette longue évolution pour ce dernier instant, empli d'une sensibilité propre au show. Un moment de calme après la tempête. Une seconde d'acceptation, de bonheur doux-amer. L'instant d'une vie dans l'introspection de BoJack Horseman, qui s'achève donc ainsi, dans la sérénité...

BoJack Horseman de Raphael Bob-Waksberg à partir du 31 janvier sur Netflix. Ci-dessus la bande annonce. Retrouvez toutes nos bandes annonces ici. 

Conclusion

Note de la rédaction

Une fois de plus, BoJack Horseman confirme qu'elle est une série passionnante. Une vision triste et émouvante, une introspection subtile et nihiliste, une conclusion nostalgique et mature, le tout pour un dénouement très réussi.

Note spectateur : 4.63 (3 notes)