En 1961, le romancier américain Joseph Heller publie "Catch-22", récit satirique qui s'inspire de sa propre expérience en tant que soldat pendant la Seconde Guerre mondiale. Un livre qui connaît un grand succès à sa sortie, et qui se voit aujourd'hui adapté en série, produite par Hulu et distribuée sur Canal + en France.
La critique porte sur les deux premiers épisodes, que nous avons pu voir en avant-première.
Un monde fou fou fou
"Catch-22" renvoie à un article du règlement intérieur de la base militaire dans laquelle se déroule la série. Un article kafkaïen, puisqu'il explique que « Quiconque veut se faire dispenser d'aller au feu n'est pas réellement fou. ». Les officiers en charge de la base ne faisant qu'obéir aux ordres, ils ne remettent jamais en question cela. Les héros de la série, eux, rechignent à aller au combat, mais n'ont pas vraiment le choix : ils sont pris dans la spirale absurde de la guerre, et au lieu de diminuer au fil de leurs missions, leur nombre de jours restant ne fait qu'augmenter.
Voir George Clooney dans un récit sur la Seconde Guerre mondiale nous a rappelé des films assez faibles : Monuments Men il y a quelques années, ou encore War Machine sur Netflix. Qu'on soit rassurés : la série que Clooney produit (et dans laquelle il n'a d'ailleurs qu'un rôle mineur) est bien meilleure.
Catch-22 ne se veut pas une dénonciation de la guerre, ici le front italien pendant la Seconde Guerre mondiale, à travers ses horreurs. Les scènes de combats ne sont ainsi pas du tout destinée à choquer, ou à montrer la guerre dans ce qu'elle de physiquement plus violent, là n'est pas le but. Au contraire, les scènes sont aériennes, et à part un mort qui vient s'écraser, tel un patin désarticulé, sur le cockpit du héros, elles ne sont montrées que dans leur absurde répétition.
Cyniquement vôtre
La grande qualité de Catch-22 est son ton, cynique, qui fait mouche. Gouailleuse, la série arrive dans ses dialogues à être à la fois drôle et dramatique. Un mérite que l'on peut sûrement attribuer à ses deux showrunners, Luke Davies et David Michôd (Animal Kingdom, The Rover) : ils arrivent à nous plonger dans une ambiance accrocheuse. Esthétiquement, avec une photo aux teintes des costumes, on reste dans un standard de série TV. On n'atteint pas des sommets de mise-en-scène, mais ici aussi, ce n'est pas l'ambition de la série.
Si les personnages mettent du temps à se distinguer les uns des autres au début, on finit par apprendre à connaître cette mauvaise troupe, et en moins de deux heures nous sommes acquis à sa cause. Catch-22 ne propose peut-être pas un discours neuf sur le sujet - l'absurdité de la guerre, et encore plus peut-être celle de ses dirigeants -, mais est assez bien mené pour accrocher le téléspectateur.
Des situations kafkaïennes viennent rythmer le récit, que l'on pense être au début cantonné à la base militaire. Pourtant, dès la moitié du second épisode, nous en sortons, pour nous rendre dans l'Italie occupée de la fin de la Seconde Guerre mondiale. En changeant d'ambiance, on ne change pas forcément de registre, mais cela semble très prometteur pour la suite. Difficile pour l'instant de dire dans quelle direction la série nous emmène, mais on est curieux de le savoir !
Catch-22, une série de Luke Davies et David Michôd. Diffusée sur CANAL+ à partir du 23 mai, et accessible en intégralité sur myCANAL dès le 18 mai. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.