CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Le nom de Stephen King reste une valeur sûre pour attirer un minimum le public. "Chapelwaite" avec Adrien Brody est une adaptation d'un texte moins connu du grand public qui vient d'arriver sur Amazon Prime Video en France.
Chapelwaite, un préquel de Salem
Pas toujours évident de s'y retrouver dans la grande liste des œuvres écrites par Stephen King. Il faut dire que le garçon a été productif dans sa carrière et, d'ailleurs, le cinéma et la télé n'ont pas manqué de multiplier les adaptations. Certains titres ont une résonance plus forte dans l'imaginaire collectif. C'est le cas, par exemple, de Salem, dont la réputation n'est plus à faire. En revanche, le grand public connaît largement moins la nouvelle Celui qui garde le ver (dont est tirée la série Amazon Chapelwaite), parue dans Danse Macabre, alors qu'elle est justement rattachée à Salem. Pour résumer, on peut parler de préquel dans son cas, puisque l'histoire se déroule avant les événements de l'histoire principale.
Dans Chapelwaite, il est question de Charles Boone, un marin qui entreprend de revenir dans sa ville natale, avec ses enfants, suite au décès de sa femme. De retour au bercail, il va vite comprendre que des événements étranges ont lieu dans le coin et découvrir des secrets inquiétants.
Une série au rythme lent
Chapelwaite donne le ton d'entrée en instaurant une aura macabre. Charles, enfant, assiste à un événement tragique en rapport avec ses parents. Lorsqu'on le retrouve plus tard, sous les traits d'Adrien Brody, il est encore question de la mort. En l'espace de quelques minutes, la série nous fait comprendre où nous sommes tombés. Amateur de gaieté, vous pouvez d'ores et déjà passer votre chemin. Cette première impression se confirme au fur et à mesure que la série progresse. Elle développe et installe une ambiance lourde, inquiétante, sans pour autant miser immédiatement sur des grands effets horrifiques ou une progression tonitruante. Au contraire, Chapelwaite prend son temps pour faire grimper une tension sourde, dont on ne comprend pas immédiatement le motif horrifique qui en est à l'origine.
Cette approche lente peut désarçonner et empêcher de totalement s'impliquer dans les enjeux, d'autant plus que les personnages ont un mal fou à nous attraper. S'offrir les services d'une star comme Adrien Brody est une bonne chose mais le Charles qu'il incarne affiche trop de monotonie dans sa caractérisation pour susciter des émotions variées chez nous. On ne s'attache pas à grand monde ou grand chose, si ce n'est au peu de mystère qui entoure la nature de la menace.
Une adaptation de Stephen King qui ne restera pas dans les mémoires
Les fans de Stephen King reconnaîtront la connexion avec Salem, quand les autres pourront quand même se contenter de suivre le show sans cette dimension supplémentaire. Ce n'est pas fondamentalement un handicap, d'autant plus que le texte de base, assez court, est ici certainement remanié pour tenir sur une saison de 10 épisodes. Un format trop long pour ce qui est raconté et cela se ressent dans les premiers épisodes qui traînent la patte. Chapelwaite passe après l'extraordinaire Sermons de minuit, qui jouait justement avec des arguments semblables (une installation lente, une identification du mal tardive, une atmosphère lourde) en réussissant à les sublimer dans un ensemble cohérent, inspiré et intelligent.
Cette adaptation de King ne boxe pas dans la même catégorie, sans pour autant démériter quand elle embrasse son versant horrifique. La série nous gratifie de quelques sursauts sanglants appréciables et concrétise en partie le potentiel de son ambiance grisâtre. Ni ratage ni réussite, Chapelwaite risque, comme le texte dont elle s'inspire, d'être condamnée à l'indifférence. Le travail de Stephen King n'étant pas encore délaissé par le cinéma ou la télé, on ne tardera pas à trouver mieux ailleurs.
Chapelwaite créée par Peter Filardi et Jason Filardi, sur Amazon Prime Video le 27 octobre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.