CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Après "La Malédicition de Chucky" et "Le Retour de Chucky", Don Mancini retrouve sa célèbre poupée tueuse avec une série composée de huit épisodes. Un programme généreux et joyeusement outrancier, qui reprend les fondamentaux de la saga tout en lui donnant un nouveau souffle.
Chucky : un (nouveau) nouveau départ pour le Good Guy
En 1998, après deux suites décevantes de Jeu d'enfant, la franchise sur la fameuse poupée meurtrière atteint son sommet avec La Fiancée de Chucky. Dans cet opus gore et hilarant, le jouet doublé par Brad Dourif trouve un nouveau souffle grâce à l'arrivée de Tiffany Valentine (Jennifer Tilly), ancienne petite amie du tueur en série Charles Lee Ray, dont l'âme a été transférée dans la poupée Good Guy.
Après ce long-métrage jouissif orchestré par Ronny Yu, le scénariste et créateur de la franchise Don Mancini s'essaie à la réalisation avec Le Fils de Chucky, cinquième volet encore plus mal élevé, plus trash et plus drôle que ses prédécesseurs. Le succès n'est pas au rendez-vous mais le cinéaste et auteur ne met pas pour autant de côté ce personnage culte et revient en 2013 puis en 2017 avec deux Direct to Video plus modestes mais profondément sympathiques : La Malédiction de Chucky et Le Retour de Chucky.
Dans ces deux films, Chucky terrorise une nouvelle héroïne, Nica (Fiona Dourif), jeune femme paraplégique qui assiste avec impuissance au massacre de toute sa famille, avant que le jouet possédé par Charles Lee Ray ne tente de prendre possession de son corps. Si ce personnage occupe une place centrale, Don Mancini n'abandonne pas Tiffany et Andy (Alex Vincent).
Après avoir travaillé sur les séries Hannibal et Channel Zero, Don Mancini se persuade que le meilleur moyen de continuer à faire évoluer Chucky est à travers le petit écran. Pour cette première saison, il procède de la même manière que pour les deux derniers longs-métrages, en gardant les éléments qui ont fait le succès de la saga et en les incorporant dans un paysage connu mais rempli d'éléments inédits, confrontant dorénavant son jouet à des adolescents.
Un plaisir communicatif
La première saison de Chucky réussit à tous les niveaux où le dernier Scream échoue. Avant de réintroduire ses personnages emblématiques, la série prend le temps d'introduire ses principaux protagonistes et de leur donner suffisamment d'épaisseur, là où les récentes victimes de Ghostface ne sont que des archétypes caricaturaux faisant office de chair à canon.
Elle les rend sympathiques et touchants pour que Chucky vienne mieux détruire leur univers par la suite, ou détestables pour leur offrir une rédemption intéressante. Don Mancini construit des oppositions entre eux qui laisseront progressivement place à une solidarité pour tenter de venir à bout du monstre, plus cruel que jamais. Incarné par Zackary Arthur, le jeune Jake Wheeler doit déjà faire face au deuil de sa mère lorsque la poupée s'incruste dans sa vie pour la réduire en cendres. Sa combativité est donc crédible. Il en va de même avec toutes les réactions et l'évolution des autres adolescents.
Le principal objectif de Chucky dans les différents épisodes est de réussir à convaincre l'un des jeunes héros à se rendre coupable de meurtre. Pour cela, il n'hésite évidemment pas à leur montrer la voie en redoublant d'inventivité. Un empalement sur des couverts parfaitement aiguisés disposés dans un lave-vaisselle est par exemple mémorable.
Un cadre connu mais jamais ennuyeux
Chucky fait d'emblée de nombreuses allusions à sa propre mythologie mais préfère donc patienter avant de proposer aux fans les retrouvailles tant attendues. Ce qui prouve une nouvelle fois le plaisir de Don Mancini à continuer d'étendre son univers et à créer de véritables adversaires au jouet dans la ville d'origine de Charles Lee Ray.
La bourgade d'Hackensack rappelle des cadres fictifs célèbres comme Haddonfield ou Woodsboro. Malgré son passé sanglant, traité à travers des flashback particulièrement drôles, l'horreur n'est pas censée surgir dans cet endroit tranquille où les maisons se ressemblent. Si ce lieu ultra référencé pourrait susciter des réactions polies d'ennui, il permet là encore à Don Mancini et son équipe de s'en donner à coeur joie.
Vivement la saison 2
Outre les clins d'oeil savoureux à des films comme Halloween, la série détourne des événements classiques du genre pour y apporter des idées qui fonctionnent souvent très bien. Le passage où Chucky n'arrive pas à tuer deux personnages en pleine pause romantique dans une chambre pendant une grosse soirée en fait partie. Ces situations sont de plus en plus nombreuses au fil des épisodes, qui assument totalement leur caractère outrancier. Leur générosité fait d'ailleurs oublier des ellipses grossières.
La franchise ayant peu à peu développé un caractère méta, en particulier dans Le Fils de Chucky, le programme ne déroge pas à la règle. Il peut ainsi exagérer continuellement en jouant en permanence sur la logique qu'une suite doit toujours aller plus loin. Avec un format divisé en huit épisodes, cela offre la possibilité de repousser très vite les limites. Dans cette perspective, on ne peut qu'attendre impatiemment la saison 2.
Chucky de Don Mancini, à découvrir sur Salto à partir du 1er avril 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.