CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Pour cette troisième et dernière saison d'une des séries les plus intrigantes et ambitieuses de Netflix, les créateurs de "Dark" brouillent plus que jamais les pistes.
Entre les grosses productions à succès que sont Stranger Things ou la Casa de Papel, Netflix cache bien son jeu. Si on fouille un peu, on trouve quelques pépites bien scintillantes. The OA, notamment, qui a délivré deux magnifiques saisons, puis a subi une annulation de dernière minute (on espère toujours un retour, presque inespéré). Et puis, il y a l'ambitieux projet allemand Dark, mené de front par deux auteurs aux têtes bien dures, Baran bo Odar et Jantje Friese.
Tout commence par la disparition d'un enfant, qui lance quatre familles dans une quête éperdue pour trouver des réponses. Le spectateur, aussi, se laisse perdre. La chasse au coupable fait émerger les péchés et les secrets d'une petite ville très peu accueillante, laissant découvrir une multitude de personnages écrits au cordeau. Ainsi, Dark a proposé une première saison sombre qui a laissé entre deux sentiments : l'étonnement et l'incompréhension.
La seconde partie, plus claire et presque "grand public" (dans le genre série d'auteur), a relancé la machine de la fascination. La fin de la précédente saison ne laissait plus de doute possible. Si la série aborde désormais librement le passé, le présent et le futur par le biais d'une machine circulaire révolutionnaire et presque fantasmagorique, il y a une donnée malgré tout laissée (volontairement) de côté. Pour cette ultime saison, cet élément est à présent libéré en plein jour. Bienvenue dans le multi-verse.
Voyage(s) dans le temps
Pour ce dernier round pulsé en huit épisodes haletants, Dark nous prend par la main et nous ballade, plus que jamais, à travers le temps. Jonas, Martha, les agents Charlotte et Ulrich, mais aussi Magnus sont toutes et tous de retour sous plusieurs visages, en fonction des époques. Tellement qu'il nous faudrait presque un arbre généalogique de la ville de Winden pour y voir, enfin, un peu plus clair.
Les diverses investigations laissent émerger un lien plus que jamais solide entre les événements se déroulant à trois époques majeures (1953, 1986 et 2019). Le tout porté par une dimension esthétique toujours au top : la photographie est sublime, la bande-son varie entre envolées oppressantes de cordes et morceaux bien piochés (l'esprit clair-obscur d'Agnès Obel en tête).
Il est difficile de réellement décrire le spectacle qu'il nous ait offert, assez généreusement, par Netflix. Ceux qui ont aimé les deux premières saisons seront forcément amoureux de ce final caractérisant la catharsis ultime d'un récit entremêlé. A l'aube ou au lendemain de l'Apocalypse, une seule action peut tout changer... Dark "dénoue" son mystère avec brio, laissant paraître, au fil de trois derniers épisodes des plus captivants, une pléiade de nouveaux questionnements.
Dark créée par Baran bo Odar et Jantje Friese, la saison 3 disponible sur Netflix le 27 juin 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.