CRITIQUE/AVIS SÉRIE - Apple continue avec la même ligne de conduite pour sa plateforme et vise sans arrêt des programmes prestigieux. "Défendre Jacob" adapte le roman éponyme de William Landay avec Chris Evans dans le rôle d'un père de famille qui voit son fils accusé du meurtre d'un de ses camarades.
On ne peut retirer à Apple son envie de se faire une place au soleil sur le marché de la SVOD en mettant les formes. Les résultats ne sont pas encore là (la plateforme semble très loin derrière Netflix ou Disney+) mais la ligne éditoriale reste la même. Qu'importe le genre abordé par les différentes créations, elles ont toutes à coeur de s'inviter à la table des grands. On peut y voir une sorte de décalque du modèle HBO, spécialiste du haut de gamme dans le monde des séries. Mais il serait présomptueux de comparer les productions de la marque à la pomme à un tel niveau de qualité. Défendre Jacob a ainsi tout d'un programme premium comme Apple TV+ les imagine, en prenant pour base le célèbre roman pensé par William Landay.
L'histoire ne bouge pas et suit toujours Andy Barber, procureur adjoint d'une petite bourgade dans le Massachusetts. Le genre d'endroit où tout se sait très rapidement, où les habitants se connaissent sans forcément se fréquenter. Quand un adolescent est retrouvé mort, c'est la population entière qui exige des réponses. Andy, mis sur l'affaire, va avoir la désagréable surprise de découvrir que son fils, Jacob, est le principal suspect. En étant de l'autre côté de la barrière, il va essayer de faire éclater la vérité et sauver sa famille, prise dans une spirale infernale.
Chris Evans pour défendre Jacob
Chris Evans a raccroché son costume de Captain America après des longues années dans le MCU mais il garde ici le rôle du justicier, à une autre échelle, avec d'autres armes et des enjeux intimes plus profonds. Lorsqu'il découvre à la fin du premier épisode que son propre enfant est accusé par des camarades, son monde s'écroule. La chute est encore plus lourde quand c'est carrément la police qui vient l'arrêter parce qu'il devient le suspect principal. Toute la sève du personnage d'Andy est détenue dans sa position délicate au sein de l'intrigue. Habitué aux procédures judiciaires et conscient de ce que le système américain peut causer comme dégâts, il ne veut pas abandonner son fils dans cette épreuve qui pourrait le ravager - qu'il soit coupable ou non. Jaeden Lieberher incarne le taiseux Jacob, quand Michelle Dockery complète le trio principal en étant la mère de l'enfant. Un casting vraiment excellent qui procure à Defendre Jacob une grande partie de son intérêt.
Une forme solide mais un rythme trop lent
La gestion de cette tempête par la petite famille entraîne beaucoup de scènes dominées par l'émotion et heureusement que le casting se montre à la hauteur du drame qui se joue. Si l'intrigue reste assez intéressante et qu'on attend de savoir quoi penser réellement de Jacob, c'est quand on touche à la sphère intime que la série d'Apple fonctionne le mieux. L'ambiance froide de la photographie et l'utilisation des parts d'ombre dans la mise en scène participent à ajouter de la gravité aux enjeux, le tout donnant une belle allure visuelle à Défendre Jacob. Les épisodes ne sont pas animés par une réalisation purement fonctionnelle, cette dernière essaie de traiter au mieux les émotions ressenties par les personnages pour les faire ressentir à l'écran. La série ne frime pas avec une forme forcément originale (le genre du polar a déjà proposé des ambiances similaires) mais elle démontre tout au long de la narration une solidité qui élève Défendre Jacob comme un show classieux.
Apple ajoute à son catalogue un programme qui a belle allure, mais il est touché par un mal très répandu sur le petit écran : sa longueur. Huit épisodes pour raconter tout ça, c'est bien trop et le rythme n'arrange pas la situation. Défendre Jacob mise sur un tempo lent, qui prend le temps d'épouser les émotions, de comprendre les éléments de l'enquête, de tourner le problème dans tous les sens. Sans l'amputer de plusieurs épisodes, nous n'aurions pas dit non à un resserrement de la narration en milieu de saison, pour mieux amorcer un final qui a de belles choses à donner. Une ombre à un tableau assez positif dans l'ensemble même si ça ne devrait pas être suffisant pour susciter un gros enthousiaste sur Apple TV+. Comme quasiment tout le catalogue d'exclusivités de la plateforme, les intentions louables et respectables de Défendre Jacob sont là mais le criant manque d'efficacité dans l'exécution saute aux yeux.
Défendre Jacob créée par Mark Bomback, diffusion sur Apple TV+ à partir du 24 avril 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces