CRITIQUE / AVIS SÉRIE - HBO offre une nouvelle guerre de succession avec "House of the Dragon", premier préquel de "Game of Thrones" centré sur la famille du roi Viserys Ier Targaryen. Notre avis sans spoiler basé sur les six premiers épisodes.
House of the Dragon : un préquel sur des décennies
Plus de dix ans se sont écoulés depuis la diffusion du premier épisode de Game of Thrones, en 2011. Durant huit saisons, la série HBO n'a fait que grandir et attirer un public de plus en plus large, jusqu'à en faire l'un des shows les plus importants de la télévision - il y a clairement eu un avant et un après GOT. Ne voulant pas enterrer une marque aussi lucrative, HBO a développé un premier préquel avec House of the Dragon, centré sur la famille du roi Viserys Ier Targaryen, un ancêtre de Daenerys qui fut à la tête de Westeros, près de deux cents ans avant les événements de GOT.
Il est bon d'annoncer d'emblée qu'House of the Dragon n'a pas la même approche que Game of Thrones, loin de là. En effet, si la majorité de la série principale se déroulait sur une période relativement courte (une dizaine d'années), son préquel dépeint plusieurs décennies. Des années globalement de paix dans Westeros, mais durant lesquelles la famille royale va se détruire à petit feu - ce qui mènera à la guerre de succession, la Danse des Dragons.
Car tous désirent hériter un jour du trône. Et alors que Viserys n'a eu qu'une fille, Rhaenyra, celle-ci n'est pour certains pas si légitime que ça à gouverner Westeros à la mort du roi - aucune femme n'a jamais été sur le trône. Alliances, trahisons, suspicions et manipulations sont ainsi au cœur d'House of the Dragon, qui s'apparente grandement à la série Succession, ou peut-être davantage encore à la saga Les Rois maudits, grande inspiration de l'auteur George R. R. Martin pour Game of Thrones.
La révélation Milly Alcock
House of the Dragon frappe alors par les désillusions perpétuelles de ses personnages, constamment soumis aux traditions et obligés aux concessions. C'est le cas du roi, incapable de gouverner comme il le souhaite. Mais également de Rhaenyra, peu encline à se marier, et à qui on ne cessera de répéter que sa place sur le trône est loin d'être assurée. Cette dernière, grâce à son interprète Milly Alcock, apparaît comme la véritable héroïne des premiers épisodes. Une empathie naturelle se crée pour elle, mais s'accompagne d'une frustration d'autant plus grande passée la moitié de la saison.
Car, comme dit plus haut, les années passent au fil des épisodes. Et si l'actrice australienne de vingt ans porte le show durant la jeunesse de Rhaenyra, elle est malheureusement vite remplacée par Emma D'Arcy qui incarne une version plus âgée de la princesse. Une comédienne également compétente, mais qui doit composer avec un personnage bien plus endurci et froid, pour qui l'attachement s'avère moins évident.
À l'inverse, le changement d'Emily Carey par Olivia Cooke est bénéfique pour le personnage d'Alicent Hightower, la fille de la Main du roi. Bien qu'il n'y ait là aussi rien à redire sur la prestation d'Emily Carey, Olivia Cooke en impose bien davantage par son charisme, et son personnage pourrait prendre le dessus dans la seconde partie de la saison 1 d'House of the Dragon. L'évolution et le parcours des deux jeunes femmes s'avèrent tout de même passionnants. Mais devant ce changement d'interprètes, on peut encore une fois s'interroger sur le choix d'étaler plusieurs années sur la première saison.
Un grand spectacle
On retient enfin de ces six premiers épisodes avant tout l'aspect politique et la représentation des traditions pour mieux questionner notre monde moderne. Une approche qui fait presque oublier l'aspect fantastique de l'univers, en dépit d'une présence plus que notable de dragons. Ce qui ne veut pas dire que le spectacle n'est pas au rendez-vous, bien au contraire. Comme Game of Thrones, House of the Dragon impressionne visuellement et propose de l'action captivante et violente, qui implique généralement l'excellent Daemon Targaryen, le frère du roi. Parfaitement interprété par Matt Smith, le personnage se montre impitoyable, et nul doute que le public adorera le détester, comme certains Lannister avant lui.
Mais cette violence, particulièrement notable dans des séquences de batailles et de tortures, se retrouve également dans des scènes du quotidien (un terrible accouchement, notamment). Le show présente ainsi un monde sombre dans son ensemble, où les moments réjouissants se font rares et sont souvent stoppés par de nouvelles tragédies. De plus, chaque personnage souhaitant s'assurer de son futur, de sa propre survie, d'aucuns feront preuve d'une moralité sans faille. Une absence totale de manichéisme qui rend House of the Dragon indéniablement fascinante, parfois troublante, et potentiellement grandiose, tout en se détachant intelligemment de l'œuvre qui la précède.
House of the Dragon créée par George R. R. Martin et Ryan Condal, sur OCS à partir du 22 août 2022. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.