It’s a Sin : une mini-série anglaise indispensable sur les années SIDA

It’s a Sin : une mini-série anglaise indispensable sur les années SIDA

AVIS / CRITIQUE SERIE - Nouvelle série du créateur de "Queer as Folk" et de "Torchwood", "It’s a Sin" revient sur les années SIDA à Londres. Porté par un formidable groupe d’acteurs, ce programme en cinq épisodes est un énorme coup de cœur.

It’s a Sin : London Calling

Développée par Russell T. Davies, créateur de Queer as Folk et de Torchwood mais aussi scénariste sur Doctor Who et A Very English Scandal, It’s a Sin débute en 1981, à Londres. Constitué de cinq épisodes, le programme est centré sur des personnages venant d’horizons différents mais qui formeront une véritable famille face au rejet et à la culpabilité provoquée par leurs proches en raison de leur homosexualité.

Il y a tout d’abord Ritchie (Olly Alexander), qui rêverait de devenir chanteur ou acteur. Cet artiste en devenir se lie d’amitié avec Jill (Lydia West). Cette dernière comprend dès leur rencontre qu’il craque pour Ash (Nathaniel Curtis), un étudiant de son cours de théâtre. Tous les trois fréquentent un pub où est employé Roscoe (Omari Douglas), qui a fui ses parents face à leur comportement homophobe. À ce petit groupe se joint Colin (Callum Scott Howells), jeune homme introverti qui travaille chez un tailleur pour un patron pervers et abusant de son autorité, repéré par la bande alors qu’il boit une bière seul dans leur bar.

It's a Sin
It's a Sin © Channel 4

Bercés par les morceaux incontournables de Bronski Beat, Blondie ou Joy Division, les premiers épisodes entraînent dans l’effervescence de la capitale anglaise bouillonnante. Le montage galvanisant emporte le spectateur dans le besoin de liberté de ces protagonistes qui tournent le dos à l’intolérance et à une éducation puritaine en se plongeant dans la fête et le sexe. Mais dès le pilote, le drame se profile, notamment par le biais d’un personnage secondaire brillamment interprété par Neil Patrick Harris, qui n’a besoin que de quelques scènes pour marquer les esprits par sa bienveillance.

Une écriture au service des personnages

Les préjugés vis-à-vis d’une maladie dont les cas explosent d’abord aux États-Unis, les peurs et angoisses sur la contagion, les symptômes extrêmement violents, les fausses informations retransmises dans des médias conservateurs, le manque de connaissances scientifiques sur le virus, l’exclusion au sein d’un pays où l’homosexualité est décriminalisée en 1967, ce que Margaret Thatcher soutient avant d’en interdire la promotion en 1988… Étalée sur une décennie, It’s a Sin - qui reprend le titre du tube iconique des Pet Shop Boys - réussit à aborder tous ces sujets sans jamais donner l’impression de les survoler.

Si le récit fonctionne aussi bien, c’est parce qu’il adopte en permanence le point de vue des cinq personnages principaux. L’attachement à ces derniers est immédiat. Leurs personnalités respectives sont fouillées et singulières. Leurs traumas sont perceptibles au même titre que leurs espoirs pour l’avenir. Si certains ressorts d’écriture cherchent à provoquer un choc, les émotions naissent avant tout parce que le groupe est parfaitement construit.

It's a Sin
It's a Sin © Channel 4

L’amitié contre l’oubli

La perte de plusieurs êtres chers, la fissure d’une bande d’amis fauchée par la mort, l’impuissance face à la maladie, la rébellion contre la discrimination… Ces situations et sentiments universels, retranscrits avec une justesse impressionnante par les comédiens, font d’It’s a Sin un petit bijou indispensable. La série magnifie la notion de groupe, de la famille choisie qui ne peut oublier ses membres partis prématurément.

Ritchie, Jill, Roscoe, Colin et Ash représentent toute la beauté de la jeunesse dans ses hésitations, son assurance naissante et son besoin de s’extirper de tout carcan. La séquence où Jill s’assied au chevet d’un homme souffrant et seul, qui se laisse mourir de honte, résume à merveille l’importance de se lier en des temps destructeurs. C’est leur entièreté qui rend la conclusion d’It’s a Sin déchirante, et renforce le propos politique de l’œuvre.

It’s a Sin, à découvrir sur MyCanal dès le 22 mars 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

En cinq épisodes, "It’s a Sin" se penche de manière bouleversante sur les années SIDA à Londres. Portée par des comédiens toujours justes et une écriture au service de ses magnifiques personnages, la mini-série est l’une des œuvres les plus impressionnantes de ce début d’année.

Note spectateur : 5 (1 notes)