La Casa de Papel : la partie 4 prône le chaos sur Netflix

La Casa de Papel : la partie 4 prône le chaos sur Netflix

CRITIQUE / AVIS SÉRIE - La partie 3 de "La Casa de Papel" nous avait laissés sur une déclaration de guerre entre le Professeur et les autorités. La suite de la série espagnole la plus populaire de Netflix continue sur un gros rythme, avec du spectacle un peu bourrin mais accrocheur.

Qu'elle était cruelle cette fin, non ? Entre un Professeur qui pensait que Lisbonne avait été exécutée par la police et une Nairobi blessée grièvement par balle, on sentait que le plan était en train de très mal tourner et que tout le monde commençait à perdre le contrôle. Ces raisons étaient suffisantes pour qu'on attende la partie 4 avec une petite dose d'impatience, même si La Casa de Papel souffrait toujours des mêmes défauts depuis ses débuts. À savoir une écriture un peu grossière qui envoyait ses arguments avec des gros sabots. On en retirait néanmoins du plaisir par le biais de ce sens exacerbé du spectacle. Les scénaristes cherchent au maximum à nous surprendre, quitte à sortir des pirouettes farfelues que personne ne pouvait voir venir. Par rapport à des séries qui durent trop longtemps pour pas raconter grand chose de supplémentaire, La Casa de Papel est animée par une dynamique vivace, qui nous laisse peu le temps de s'ennuyer.

Soyez par avance assurés que la quatrième partie de La Casa de Papel garde ce rythme très bien calibré pour faire le show. Les 5 premiers épisodes ont été mis à notre disposition en avance et il est vrai qu'on ne voit pas vraiment le temps passer. Chaque épisode a quelque chose à proposer, même si à force, la série accuse un trop-plein d'éléments à gérer. Sans révéler des données importantes ou secondaires, il se passe vraiment beaucoup de choses, dans tous les sens. Que ce soit la tournure que prend le casse, qui s'éloigne de plus en plus du plan initial pour laisser place à l'improvisation, ou les soucis plus intimes (les amours, les trahisons, les rapports entre les personnages), on en voit de toutes les couleurs.

Le spectacle est là, oui, et personne ne pourra contester cette générosité. Mais ce besoin de donner toujours, sans répit, a quelques inconvénients. La série s'embarque dans des sous-arcs narratifs qui n'ont pas grand intérêt, et on peut recenser quelques révélations qui sont trop tirées par les cheveux pour qu'on n'y adhère. On pourra dire - et ce sera vrai - que La Casa de Papel fait juste ce qu'elle a toujours fait. Pour autant, il ne faut pas se cacher derrière cet argument pour légitimer l'inégalité des idées déballées. On pense, par exemple, aux flashbacks, qui développent avec un surligneur des parallèles avec la trame dans le présent. On pourra aussi citer l'utilisation un peu trop forcée de la musique, comme pour essayer de réitérer le miracle "Bella Ciao" de la première partie.

La Casa de Papel a la peur du vide, la peur de la scène plate qui ne va rien provoquer. Elle contre cette crainte par un chaos total, une surenchère. Tout fout le camp, tout met les personnages dans des postures inconfortables. Jusqu'à l'outrance, comme dans cette scène de fusillade invraisemblable dans un couloir qui fait beaucoup de bruit pour pas grand chose en définitif. Ou comme dans cet interminable mexican standoff dans une situation très critique.

Vous les femmes...

Ce chaos, les personnages masculins en sont grandement responsables. Violents, sexistes (Tokyo est comparée à une voiture de luxe qu'on ne gare pas n'importe où), lâches ou dans l'impossibilité de se contrôler face à l'urgence, ils sont largement écornés par le scénario. C'est le jusque-là très discret Bogota qui s'en sort le mieux chez les hommes, avec une évolution qui laisse transparaître sa sensibilité. Quant aux femmes, La Casa de Papel continue son élan féministe entrepris lors de la précédente partie sans savoir comment le mettre en place autrement que par d'intenses tirades voulant prouver que les femmes en ont plus que les hommes. L'intention n'a rien de gênant fondamentalement - elle paraît même très à propos dans une époque où le sexe féminin réclame un meilleur traitement - mais son exécution trop sommaire et superficielle n'élève pas un débat qui le mériterait.

Ce reproche est quelque part à tempérer, parce que La Casa de Papel ne craint pas, avec la popularité qui est la sienne, de se lancer sur des sujets d'actualité. Mais ce n'est pas une raison pour se contenter de ces pas inaboutis. Et la série en arrive même à introduire un personnage LGBT au détour d'une scène, sans en faire quoi que ce soit, tel un cheveu qui tombe sur la soupe. C'en est contre-productif, de vouloir mettre un tel sujet sur la table sans savoir comment le traiter. De quoi nous rappeler le bisou homosexuel lancé à la va-vite à la fin de L'Ascension de Skywalker. La Casa de Papel tombe dans le même piège, comme si elle voulait se forcer à cocher des cases au nom de la diversité. On attendra quand même de voir le reste de la saison pour savoir si ce personnage gagne en épaisseur mais son introduction a tout d'une énième acrobatie pour ne pas s'engraisser avec une scène molle.

Un méchant détonant arrive dans La Casa de Papel

De la mollesse, il n'en est en revanche jamais question en ce qui concerne un nouvel antagoniste, complètement fou. Sorte de Terminator humain impossible à vaincre et très malin, qui dynamite le plan du Professeur. Son côté cartoonesque, exagéré, passe relativement bien et vient corser la recette de La Casa de Papel. Il correspond parfaitement à ce désir d'instaurer le chaos tout en respectant cette nécessité quasi-vitale pour la série de divertir avec des gros effets. On sent au moins que son développement va au bout - aussi caricatural soit-il - et il est l'une des grosses sources de plaisir d'une partie 4 définitivement dans la lignée des trois précédentes.

La Casa de Papel partie 4, sur Netflix à partir du 3 avril 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

Fidèle à ses principes, "La Casa de Papel" offre dans sa partie 4 du spectacle mené tambour battant, mais garde encore une grosse part de ses défauts habituels.

Note spectateur : 1 (1 notes)