CRITIQUE SÉRIE - La pétillante Midge revient en grande forme sur Amazon Prime Video avec la saison 2 de "La Fabuleuse Mme Maisel". Dans la continuité de la première saison, la jeune femme tente toujours de se faire sa place sur les planches de stand up en pointant le sexisme aberrant subit par les femmes dans la société.
La Fabuleuse Mme Maisel (The Marvelous Mrs Maisel en VO) est de retour pour notre plus grand plaisir ! Rappelez-vous, l’année dernière, la série créée par Amy Sherman-Palladino faisait une arrivée fracassante et inattendue sur Amazon Prime Video. On y découvrait Miriam "Midge" Maisel, une pétillante mère au foyer juive vivant comme la parfaite épouse des années 1950, dévouée au bonheur de son mari, toujours belle et pimpante… Jusqu’au jour où le dit mari, Joel, après un énième échec au Gaslight Café où il s’essaie régulièrement comme comédien de stand up, lui annonce qu’il ne la mérite pas et la quitte pour sa secrétaire. Le monde “merveilleux” de Miriam s’écroule. Ivre, elle retourne au Gaslight Café et se lance dans une prestation improvisée durant laquelle elle se confie sur sa situation. L’énumération de ses malheurs devient alors hilarante pour l’audience, et pointe par la même occasion l'aberration du patriarcat des années 1950, qui fait forcément écho avec notre époque.
La première saison de La Fabuleuse Mme Maisel fut une réussite, repartant quelques mois plus tard avec deux Golden Globes (meilleure série comique et meilleure actrice dans une série comique pour Rachel Brosnahan). Bonne nouvelle, la seconde, rallongée à dix épisodes l’est tout autant !
Les subtilités d'une dramédie bien écrite
On avait quitté Miriam fasse à un tonnerre d’applaudissements au Gaslight Café tandis que Joel découvrait, incrédule, le pot aux roses. Il était logiquement blessé dans son orgueil, voyant d’une part son ex-femme raconter leurs problèmes de couple, et d’autre part qu’elle réussisse là où lui avait échoué. Bien que la saison 2 ne débute pas dans la continuité de cette séquence, la série ne manquera pas de nous dévoiler ce qui s’en suivit grâce à une autre prestation de Miriam sur des planches parisiennes. Une scène qui est à l’image de la série, capable de passer des rires aux larmes en un claquement de doigts. C’est toute la justesse de l’écriture qui est ici mise en avant. Car on prend d’autant plus conscience de la frontière si mince entre le tragique-comique et le tragique-triste.
Une écriture intelligente, qui va de pair avec l’excellence des comédien.ne.s, qui disposent de toujours plus de liberté de jeu, semblable au théâtre. À plusieurs reprises, on notera les longues séquences sans coupure. La caméra suivant les mouvements des personnages, les laissant presque dicter le rythme. Cela donne ainsi parfois lieu à des propositions de mise en scène virtuoses, qui viennent contraster avec les longs dialogues monotones d’autres séquences. Comme lors du concours de danse de l’épisode 5, réalisé par Daniel Palladino (Gilmore Girls). Un plan-séquence de plusieurs minutes qui montre le talent de Rachel Brosnahan, capable de passer d’un bras à un autre en gardant toute sa justesse de jeu.
Mrs Maisel se lâche à tous les niveaux
Dans cette saison 2 de La Fabuleuse Mme Maisel, la relation entre Miriam et son ex-mari a donc encore une fois une place importante. Tous deux s’aiment toujours, mais ne peuvent, pour autant, être à nouveau ensemble. On voit alors se créer une relation touchante, où l’amour pourrait laisser place à une amitié forte. Mais si Joel gagne en empathie et en profondeur, c’est également le cas des parents de Miriam, eux aussi soumis à des bouleversements – surtout pour la mère, qui souhaitera se sentir plus reconnue.
Il est intéressant de voir comment leur couple questionne, sans en avoir l’air, la domination des hommes. L’intelligence de la série étant de faire prendre conscience, aux hommes comme aux femmes, les problèmes d’une société qui ne laisse de la place qu’à un sexe, et en faisant évoluer chacun à son rythme. Une scène parmi d’autres voit par exemple Abe (le père) se rendre compte que son université, qui accueille pourtant bon nombre d’étudiantes en art, n’emploie aucune femme pour l’enseigner.
Le sexisme subit par la gente féminine est donc encore mis en avant par l’ensemble des protagonistes, et d’autant plus révélateur par le monde bourgeois de cette famille juive qui n’a pas toujours le sens des réalités. Pour Miriam, c’est tantôt par rapport à son divorce mal vu, tantôt en se faisant doucement une place sur les planches de stand up qu’elle se confronte aux mâles dominants du métier. Mais pas de quoi impressionner celle que tout le monde voudrait voir s’effondrer et qui trouve son inspiration justement au contact des machos.
Ces passages sont probablement les moments les plus drôles de la série, et ceux attendus avec impatience durant chaque épisode. Par cette légèreté de ton, la créatrice Amy Sherman-Palladino parvient ainsi à faire passer ses messages par le divertissement. La Fabuleuse Mme Maisel, portée par un personnage aux allures d’Audrey Hepburn, confirme avec cette saison 2 qu’elle est l’une des séries les plus délicieuses du moment, à la fois moderne et au bon souvenir des comédies de Billy Wilder, William Wyler ou encore Howard Hawks.
La Fabuleuse Mme Maisel créée par Amy Sherman-Palladino, la saison 2 à partir du 5 décembre 2018 sur Amazon Prime Video. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.