CRITIQUE SÉRIE - En ce moment sur Netflix tout le monde parle de cette petite pépite de l'animation française. On s'attaque à "Lastman". Un boxeur. Des démons. Et un joyeux foutoir visuellement sublime. Une seule saison est pour le moment disponible sur le Netflix français, de 26 épisodes de 11 minutes.
Richard Aldana, un jeune boxeur, se retrouve avec la fille de son meilleur ami sur les bras. Mais la petite Siri est traquée par une secte de fanatiques qui croient à l’existence de la Vallée des Rois, un monde de légendes dont elle serait la clef. Adaptée de la bande dessinée de Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville, disponible chez Casterman depuis 2013, la série animée de Lastman est réalisée par Jérémie Périn. Sortie en 2016 sur France 4, petit retour sur cette série qui commence à se faire connaître et à être appréciée à sa juste valeur depuis sa présence sur la plateforme Netflix.
Un début intense et ultra rythmé
La recette fonctionne dès les premiers instants. Surtout grâce au protagoniste : un boxeur bourru au grand cœur, un survivant qui ne doute de rien, un mec au mauvais endroit au mauvais moment. Comme souvent, le destin va lui tomber dessus et il va devoir se surpasser pour s'en sortir vivant. Aldana est une figure attachante dans sa dualité entre violence et douceur, entre égoïsme et altruisme. C'est la grande force de Lastman : cet anti-héros qui se référence bien évidemment à Rocky, l'homme qui encaisse. C'est également un loser magnifique, le genre d'homme sous-estimé qui doit dépasser ses propres limites.
Quoi qu'il en soit, il tape fort et est un boxeur expérimenté. Bref, un personnage ultra charismatique en toutes circonstances. Avec une approche "street" et pop, Lastman frappe par son animation. Visuellement superbes, les dessins prennent vie avec un rythme parfaitement dosé. Très inspiré de l'animation japonaise, notamment dans son traitement des combats, la série rappelle les folies des animés japonais. Mais une légère subtilité diffère des productions orientales, une french touch qui rappelle parfois Mutafukaz ou les productions d'Ankama studios. Lastman est très fluide, offre des combats renversants et une surenchère visuelle constante.
Mais ce qui fonctionne le plus dans ce show, c'est son apparente simplicité. Le scénario, abordé plus bas, reste relativement complexe et prend surtout une tournure fantastique inattendue aux premiers abords. Ce qui séduit dans Lastman, c'est sa simplicité de traitement qui fait écho au protagoniste à l'aise dans sa peau. Sûr de lui, Aldana sait ce qu'il veut, et les scénaristes aussi. Lastman est donc très fluide et les épisodes s'imbriquent parfaitement dans une logique irréprochable. Mais Aldana crée tout l'intérêt du show. Les scénaristes opposent la complexité de leur histoire à la simplicité de leur personnage, qui règle tout à coup de poing façon One Punch Man. C'est finalement lorsqu’il choisit le prisme de la simplicité, que Lastman est le plus passionnant. C'est dans ses combats de boxe qu'il est le plus percutant. Et c'est grâce aux répliques scéniques d'Aldana qu'il est le plus vivifiant.
Une histoire de démons...
Mais la tournure que prend la série n'est pas détestable. Loin des combats de rings, Laurent Sarfati et Jérémie Périn (que nous avions rencontrés) tournent leur histoire vers une dimension fantastique. On apprend qu'un autre univers existe : La Vallée des Rois, dominée par des roitelets, des êtres aux puissances démesurées. Aldana va devoir protéger la petite Siri de ces démons assoiffés de sang, qui semblent en vouloir à celle-ci. Fille de son ami, il se jure protection envers cette petite. Cette seconde intrigue crée un total décalage avec la simplicité de l'univers d'Aldana. Cette opposition donne tout l'intérêt à l’atmosphère qui se dégage de Lastman. Les créateurs inventent tout un univers hiérarchisé dans lequel de nombreux personnages sont encore à découvrir. Un univers fantasmagorique d'où sont issus des démons plus ou moins originaux et intéressants. Chaque démon à sa caractéristique, son style propre et donc son intérêt et importance à l'écran.
Lastman n'a pas peur non plus de faire le ménage au sein de ses protagonistes et n'hésite pas à tuer certains membres auxquels le spectateur a eu le temps de s'attacher. Bref, les monstres sont séduisants et dangereux. Les scénaristes créent une histoire à échelons, où les réponses viennent peu à peu faire écho aux nombreuses questions soulevées pendant la série. Le dénouement ne déçoit pas, aidé par de nombreux flash-backs passionnants, et est à la hauteur des enjeux et mystères disséminés à travers les épisodes. Certains préféreront le côté cartésien de Lastman. Sa simplicité efficace et violente représentée par le puissant Aldana. D'autres préféreront ce côté fantastique et cette ouverture sur un monde démoniaque. Quoi qu'il en soit, Lastman vaut absolument le détour et mérite une deuxième saison. On vous suggère de rester jusqu'à la fin pour une petite scène post-générique.
Lastman de Laurent Sarfati et Jérémie Périn, disponible depuis le 1er juillet 2018 sur Netflix. Ci-dessus la bande-annonce.