CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Les tueurs en série ont le vent en poupe sur Netflix. On ne compte plus le nombre de documentaires que la firme propose sur le sujet ! Au niveau des séries, on s'était régalés fin 2017 avec "Mindhunter". Nous étions donc ravis de retrouver les agents Holden Ford et Bill Tench pour une seconde saison.
Une ambiance poisseuse, des cadres travaillés au millimètre près, une photographie jaune reconnaissable entre mille : pas de toute, on est dans l'univers de David Fincher. Co-créateur et producteur de Mindhunter avec Joe Penhall, le réalisateur de Seven et Zodiac peut continuer de donner le ton visuel de la série en réalisant les trois premiers épisodes de cette saison 2 (après s'être chargé de quatre épisodes de la saison précédente). Surtout, cela lui permet de creuser des thèmes qui lui sont chers, prolongeant ainsi les films cités précédemment.
Pas d'arrestations chocs ou de happy end, les enquêteurs du FBI sont confrontés à un monde explorant les facettes les plus sombres de l'être humain, ce qui se répercute sur leur moral comme sur leur vie de famille. Les héros fincherien sont frustrés, et le spectateur accepte de l'être aussi.
"Je crois que nous avons affaire à un serial killer"
D'autres réalisateurs, Andrew Dominik et Carl Franklin interviennent aussi sur les autres épisodes, et saluons leur talent avant de s’intéresser au fond même de la série. Globalement, cette saison 2 est scindée en deux : tout d'abord, se poursuivent les entretiens des agents Holden et Tench avec ceux qui commencent à être nommés "tueurs en série". Le tour de force est que ces entretiens arrivent à être toujours diversifiés.
L'affaire Manson est ainsi évoquée, mais le gourou n'est qu'une pierre dans l'édifice que tentent de construire les protagonistes. On aurait pu craindre que Charles Manson ne soit qu'un argument marketing pour vendre la série, il n'en est rien. Au contraire, sa courte apparition capture bien l'aura que celui-ci a pu avoir, et la fascination qu'il continue toujours d'exercer. C'est d'ailleurs le même acteur, Damon Herriman, qui l'incarne dans la série de Netflix et dans Once upon a time ... in Hollywood de Quentin Tarantino !
Mindhunter trouve ainsi un certain rythme de croisière, entre plusieurs intrigues qui se mettent en place (et parfois ne sont que teasés, tel le tueur BTK) et les personnages qui se développent. La psychologue Wendy Carr (Anna Torv) a ainsi plus de temps à l'écran, mais surtout cette saison est focalisée sur Bill Tench et sa famille.
Georgia on my mind
Le personnage (inspiré, comme son acolyte, d'un réel inspecteur du FBI) s'avère tout aussi intéressant que son collègue, et devient beaucoup plus attachant que lors de la saison précédente. Il faut dire que Tench et Holden sont incarnés à merveille par Holt McCallany et Jonathan Groff. Grâce à l'interprétation de ce dernier, un des deux héros de la série est d'ailleurs parfois plus étrange, dans son côté sociopathe, que les criminels sur qui il enquête.
La seconde partie de la série est centrée elle sur une enquête : l'affaire de meurtres d'enfants dans la ville d'Atlanta. On sort ainsi du côté théorique des entretiens pour se focaliser sur un cas "pratique". Cette seconde moitié est en fin de compte la plus haletante. L'enquête donne un fil conducteur solide à la série, en plus de grands moments de tension. Là où sur le papier Mindhunter semble être une série très cérébrale, quitte à connaître quelques longueurs (comme dans la première saison), à l'écran le résultat est tout simplement passionnant.
Mindhunter créée par Joe Penhall et David Fincher, saison 2 disponible depuis le 16 août 2019 sur Netflix. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.