CRITIQUE SÉRIE - Dans cette nouvelle création française, produite par la chaîne OCS, les spectateurs seront plongés dans une France futuriste où l'année 2026 a fait don d'un changement radical: celui de mettre toute la France nue.
Son titre suffit pour intriguer les spectateurs. Nu, nouvelle série française produite par OCS débarquera le 7 juin prochain sur la chaîne payante OCS Max et elle compte bien bousculer les esprits les plus rétrogrades avec son concept original. Complètement loufoque, légère et intrigante, la série offre un nouveau regard remarquable et remarqué dans le champ télévisuel français. Mais "originale" rime t-il avec "réussite" ?
En 2026, dans une France apaisée et pacifiée, les habitants vivent dans une nudité totale afin d'être le plus transparents possible. Un climat où il fait bon vivre jusqu'au jour où un jeune homme est retrouvé assassiné et totalement habillé. L'enquête est alors confiée à Lucie (incarnée par Malya Roman) et son ancien partenaire Franck (joué par Satya Dusaugey), tombé dans le coma quelques années auparavant où l'on vivait encore habillé. Il va alors devoir, en plus d'élucider l’enquête, s'habituer à ces nouvelles manières de vivre.
Un concept original, drôle et étonnant
Les premières images ne laisseront personne indifférent. Si il y a bien quelque chose dont la série peut largement se venter c'est son concept. La nudité totale pour les acteurs et donc pour les personnages n'est pas chose commune au sein de la télévision, surtout française qui a beaucoup de mal, comme sa société, à être décomplexée et à valoriser la liberté du corps. La nudité n'étant pas grandement acceptée (sauf si ce sont des jolis mannequins dans des pubs pour parfum), Nu, a le mérite de vouloir bousculer les codes. Hommes comme femmes se retrouvent dénués de vêtements et il sera sans doute difficile, pour les plus pudiques, de garder le regard vif sur le premier épisode.
Pourtant le concept ne demande pas de grands efforts, cela n'implique ni un énorme budget, ni de grandes recherches sur le sujet. C'est finalement ça, la simplicité, qui fait sa force. C'est simple, osé et assumé. Il n'y a ni hésitation, ni de gêne à l'idée de montrer des corps dénudés puisque cela se trouve être la normalité dans ce monde futuriste. Une normalité fictive qui se moque des normes actuelles totalement contradictoires qui se positionnent souvent sur les libertés corporelles et en même temps reste totalement pudiques et réservées.
Mais, aussi contradictoire que cela puisse paraître, c'est également dans ce concept que la série peine à trouver de véritables enjeux. Une fois que le décor est posé, que le quotidien dénudé des personnages est montré, que reste t-il à la série pour exister? Une histoire de meurtre dans ce qu'il y a de plus banal et c'est fortement dommage pour une oeuvre qui veut briser les codes.
Un concept trop fort pour une histoire trop légère
Créée par Olivier Fox, scénariste sur des séries telles que Engrenages, Doc Martin ou R.I.S Police Scientifique, Nu, en dépit de son concept inédit n'a rien d'original dans sa structure narrative et bénéficie, hélas, des mêmes facilités d'écriture que ses consœurs. Surfant sur le modèle des séries policières made in France où les mélo-drames sans subtilité s'enchaîne à un rythme effréné, Nu, qui intriguait par son potentiel retranscrit sur papier, déçoit. Car si elle surprend dans son premier épisode, de par ce qu'elle met en scène, mais également par le ton à la fois comique et dramatique qu'elle soudent, elle s'enfonce dans une dynamique inexistante et un rythme inégal.
Les dialogues, notamment l'humour, restent en surface et restent très faible par rapport au fort potentiel des idées de départ. La scène d'ouverture, qui reprend quelques influences des séries post-apocalyptiques américaines, la plus évidente étant The Walking Dead, reste sympathique dans l'ensemble. Elle pose, en quelques plans, le décor et dresse le portrait des personnages principaux qui, malheureusement, seront sous exploités toute la saison. Une épine dans le pieds pour la série, et pour les séries en général, dont la principale qualité pourrait être tirée de l'écriture des personnages.
Pourtant Nu aborde des thèmes intéressants et dans l'air du temps. Présenté, en premier lieu, comme une utopie, le récit va vite révéler ses failles et basculer, assez rapidement, dans une dystopie montrant qu'à l'intérieure de ce pays apaisé, tous les habitants ne sont pas satisfaits de ces nouvelles lois. On y découvre des groupes différents qui illustrent une diversité d'opinions révélant que certains voient ce nouveau mode de vie plutôt comme une dictature alors que le gouvernement se veut démocratique.
Avec ces divergences, la série veut questionner les spectateurs. Malheureusement ces sujets restant en surface, tous les questionnements restent minimes alors qu'ils méritaient largement d'être approfondis comparé aux différentes intrigues policières et personnelles qui ne sont pas forcément utiles.
Une première saison décevante mais une suite intrigante
Globalement, la première saison reste très décevante. Si la série a le mérite d'apporter une nouveauté assez remarquable, de jouer avec les codes sociétaux, s'affranchissant des mœurs pudiques, elle n'en reste pas moins beaucoup trop faible dans son scénario et n'apporte pas grandes nouveautés dans sa réalisation. Un beau gâchis compte tenu de l'attente qu'elle suscitait lorsque le projet a été couché sur le papier.
Ce qu'on retiendra surtout c'est le mérite que la chaîne OCS a : celui de vouloir apporter de nouvelles choses à la télévision française. Fait assez rare pour être remarqué et apprécié. Si cette première saison est loin d'être satisfaisante, on peut quand même, grâce aux derniers épisodes plus soignés, avoir la curiosité d'en voir plus dans une prochaine saison.
Pour le moment aucune saison 2 n'a été annoncée, pourtant, sans spoiler, cette première saison se termine sur un cliffhanger qui, une fois de plus, n'est pas sans rappeler les pratiques de The Walking Dead (bien connue pour faire bougonner les spectateurs en multipliant les cliffhangers à chacune de ses pauses). Une pratique qui, cette fois, donnerait bien envie d'avoir un aperçu de la suite alors même que la première partie n'est pas très excitante.
Nu créée par Olivier Fox, à partir du 7 juin 2018 sur OCS. Ci-dessus la bande-annonce.