Penny Dreadful City of Angels : les démons reviennent sur nos écrans

Penny Dreadful City of Angels : les démons reviennent sur nos écrans

CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Quatre ans après la fin de la série "Penny Dreadful", un spin-off baptisé "Penny Dreadful : City of Angels", toujours piloté par John Logan, arrive enfin sur les écrans français ce lundi sur Canal+ Séries. Nous avons pu découvrir les trois premiers épisodes (sur dix), de quoi vous donner notre ressenti sur ce début de saison de cette série que nous attendions avec impatience.

Si elle reste encore largement confidentielle, Penny Dreadful créée par John Logan, fait partie des meilleurs programmes télévisuels de ces dix dernières années. De sa mise en scène, à sa direction artistique, à ses dialogues, en passant par ses interprétations habitées (on pense surtout à celle d’Eva Green), les trois saisons de la série diffusée de 2014 à 2016 nous entraînaient dans les rues sombres d’un Londres victorien en compagnie des légendes de la littérature fantastique du 19e siècle.

Conte romantico-gothique, Penny Dreadful abordait le combat d’une poignée d’Hommes contre les forces du mal. Ce duel était mis en exergue par le personnage de Vanessa Ives (Eva Green), une jeune femme torturée par son attirance pour les ténèbres, qui aspirait pourtant, désespérément à la lumière. Son âme était convoitée par le Diable lui-même, et elle tentait, autant qu’elle le pouvait, de lutter contre cette force qui semblait l’attirer inévitablement, jusqu’à causer sa perte.

Quatre ans après avoir clôturé l’histoire de Vanessa Ives, John Logan est de retour dans l’univers de Penny Dreadful pour le spin-off City of Angels, dont le premier épisode est diffusé lundi 27 avril à 23h55 sur Canal+Séries (et déjà dispo sur MyCanal).

Bien loin de l’ambiance victorienne de la série originale, ce spin-off nous entraîne à la fin des années 1930 dans un Los Angeles pris dans la tourmente après un meurtre macabre mettant en scène un rite satanique influencé par le folklore mexicain. Ce changement de décor traduit aussi une volonté de la part de John Logan de s’intéresser aux tensions sociales et politiques de l’époque, entre racisme et montée du nazisme.

Le démon qui murmurait à l’oreille des Hommes

Le premier épisode s’ouvre sur une séquence sublime, dans laquelle l’incendie d’un champ prend au piège des ouvriers mexicains. Ce tragique événement qui fait de nombreuses victimes, est l’oeuvre d’une entité maléfique en robe noire, Magda, interprétée par Natalie Dormer, qui promet à une autre créature surnaturelle, la Santa Muerte (Lorenza Izzo), divinité célèbre dans la religion mexicaine, de montrer le vrai visage des Hommes qui la vénèrent. Comment ? En "réalisant leurs rêves".

Après une ellipse de plusieurs années, nous découvrons que le personnage principal de City of Angels, Tiago (Daniel Zovatto), devenu détective de la LAPD, est l’enfant d’une des victimes de l’incendie. Et les démons le poursuivent, puisqu’il est chargé d’enquêter sur le meurtre macabre dont nous vous parlions plus haut en compagnie de son mentor (Nathan Lane).

Contrairement à la série originale qui s’évertuait à laisser une chance aux Hommes d’aspirer à la bonté et à la compassion en mettant sur leur route diverses créatures démoniaques qu’ils finissaient par éventuellement terrasser en allant piocher au plus profond de leurs âmes ce qu’il leur restait de lumière, ce spin-off n’offre guère d’optimisme : l’Homme est mauvais par nature, et n’a besoin que d’un chuchotement pour commettre les pires atrocités.

Ces mots, que John Logan ne nous fait jamais entendre, sont prononcés par Magda, qui possède plusieurs identités et apparences pour manipuler stratégiquement plusieurs personnalités de la société. Ensemble, ces dernières feront sombrer la ville dans le chaos.

Si les trois premiers épisodes de Penny Dreadful : City of Angels sont très différents dans la forme de la série originale (pas de poésie ou de romantisme et une mise en scène beaucoup plus colorée) et peuvent être déceptifs pour les fans de cette dernière, les thèmes abordés par John Logan sont toujours aussi passionnants. Ils questionnent de nouveau toute la complexité de l’âme humaine à travers un prisme différent, puisqu’elle cède cette fois-ci aux sirènes démoniaques. Son salut, il ne l’évoque qu’à travers de petites touches de lumière, comme celle d’un amour naissant, qui semble hermétique aux attaques du monde extérieur.

Dans City of Angels, les pires atrocités ne sont pas commises par des créatures surnaturelles mais bien par les Hommes, qui n'attendaient qu'un mot de Magda pour céder à leurs pulsions démoniaques. Dès lors, qui pourrait les arrêter dans leur cavalcade morbide ? Logan n'est pas plus optimiste de ce côté là puisque les institutions censées protéger la population (la police, la mairie, les médecins) ne sont pas non plus épargnées par le mal et la corruption, ce qui entraîne inéluctablement des violences nouvelles comme le racisme, l'anti-sémitisme et l'homophobie. Ces thèmes totalement absents de la série originale sont ici au centre du récit, ce qui rend City of Angels beaucoup plus ancrée dans le réel que la précédente.

Natalie Dormer impressionne

L’actrice connue pour avoir interprété Margeary Tyrell dans Game of Thrones est clairement LE point fort de Penny Dreadful : City of Angels. Logan n’avait pas le choix : pour porter cette nouvelle série, il fallait un personnage féminin fort, capable de rivaliser avec celui de Vanessa Ives, et surtout une actrice capable de se hisser au niveau de l’interprétation habitée d’Eva Green.

Si, à nos yeux, le personnage de Magda n’est pas aussi bien écrit que celui de Vanessa, l’interprétation de Natalie Dormer est à saluer puisqu’elle campe en tout quatre facettes de cette entité démoniaque, et donc quatre rôles différents, passant d’un accent et d’un physique à un autre en très peu de temps.

On peut cependant regretter que les personnages qui l’entourent ne soient pas tous aussi passionnants, ce qui explique une certaine forme d’ennui quand elle n’apparaît pas à l’écran. Cependant, Magda n’a pas autant de reliefs et d’intériorité que Vanessa, puisqu’elle n’est pas humaine et que toutes ses actions sont calculées dans le seul but d’instaurer le chaos. Ces dernières sont néanmoins diaboliquement bien écrites, et démontrent à quel point il est aisé de pousser les Hommes à accomplir les pires actions en les persuadant de faire le bien.

C’est peut-être ça finalement qui nous a le plus manqué dans ces premiers épisodes de City of Angels, un personnage aussi torturé que celui de Miss Ives, capable à lui seul d’interroger la nature humaine dans ce qu’elle a de plus complexe, et auquel on ne peut pas s’empêcher de s’attacher. On n’exclut pas cependant que dans les sept épisodes restants, le personnage de Tiago évolue et symbolise ce combat entre les forces démoniaques qui l’entourent et la lumière à laquelle il aspire.

 

Le premier épisode de Penny Dreadful : City of Angels est diffusé lundi 27 avril à 23h55 sur Canal+Séries. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.

Conclusion

Note de la rédaction

S'il laisse de côté la dimension gothique et poétique de "Penny Dreadful", John Logan continue d'explorer de manière passionnante les tréfonds de l'âme humaine dans City of Angels dans laquelle Natalie Dormer impressionne en démon multi-faces.

Note spectateur : 2.4 (5 notes)