CRITIQUE SÉRIE - Joel et Sheila Hammond sont de retour sur Netflix pour la seconde saison de "Santa Clarita Diet", la comédie horrifique créée par Victor Fresco.
Après une saison initiale mitigée mais pas dénuée d’intérêt, la famille Hammond est de retour sur Netflix depuis le 23 mars. Pour les nouveaux venus, la série raconte comme un couple d’agents immobiliers voit sa vie basculer le jour où Sheila (Drew Barrymore) devient une morte-vivante. Désormais, ils doivent adapter leurs habitudes et leurs envies en fonction du comportement de cette dernière. Et ça ne sera pas de tout repos !
Si la première saison était handicapée par un sacré nombre de défauts, comme une intrigue guère passionnante et des gros trous d’air dans le rythme général, elle arrivait à proposer une réelle réflexion sur la vieillesse au sein d’un couple. Comment la personne que j’aime va me percevoir si mon corps se dégrade ? Tout le sel de la série se trouvait dans cette question. Sauf qu’ici, ce ne sont pas des rides que doit subir Sheila mais la perte d’un œil ou d’un doigt. Le motif du zombie est, comme souvent, une manière pour Victor Fresco d’aborder des problématiques profondément humaines – le fantastique n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il fait cela.
Une intrigue mieux construite
La promesse de cette seconde saison est de lever le voile sur comment Sheila a bien pu mourir et revenir d’entre les morts. Autant vous le dire, la réponse risque bien de vous surprendre ! Avec ce fil conducteur en évidence, Santa Clarita Diet entretient une once de suspense et arrive à maintenir notre attention. La série n’hésite pas à multiplier les trouvailles afin d’enrichir son univers, ce qui la fait gagner immédiatement en singularité et en fun. On s’amuse volontiers des éléments qui enrichissent le background, comme ces araignées étranges, cette tête découpée qui parle et la présence d’autres personnes dans le même cas que Sheila. Le plus bel exemple est le personnage de Ramona, cette intrigante vendeuse joliment approfondie le temps de quelques scènes.
La trame principale passant alors en roue-libre totale, et cette saison se savoure comme un divertissement gentiment régressif. On ne boude pas son plaisir. Au moins Victor Fresco ne cherche pas à faire passer sa série pour plus intelligente qu'elle ne l'est. Toute réflexion est reléguée à la cave pour laisser la place à une logique de surenchère permanente. Une bonne idée tant tout le sous-texte semblait avoir été épuisé durant les 10 épisodes de la saison 1. Dans ces nouvelles aventures, un arc narratif n'est jamais totalement terminé tant la série nous habitue à rebondir sans cesse. Et au diable la rationalité ou les articulations scénaristiques raffinées, vous n'aurez rien de tout cela.
Sans oublier que, lorsqu'il faut faire mouche, Santa Clarita Diet déballe avec efficacité ses pirouettes gores. La série se montre ouvertement généreuse en hémoglobine mais on reste également avec cette impression qu'elle pourrait encore pousser le bouchon un poil plus loin pour franchir pleinement un pallier. Comme si elle n'osait pas totalement embrasser son envie d'irrévérence et se réfugiait parfois dans une zone de confort, malgré la multitude de possibilités.
Le couple Drew Barrymore/Timothy Oliphant comme attraction principale
L’atout majeur de Santa Clarita Diet est sans contestation possible le couple formé par Drew Barrymore et Timothy Oliphant. L’alchimie entre les deux fonctionne à plein régime et on sent qu’ils prennent du plaisir à en faire des caisses devant la caméra. Leur jeu outrancier peut rebuter mais pour peu que l’on se laisse prendre au jeu, on comprend très vite que tout cela fait le charme de Santa Clarita Diet. Les faiblesses du scénario sont ainsi compensées par leur énergie communicative. Le show a la bonne idée de se reposer sur ce duo, au point d’enchaîner les situations invraisemblables juste pour qu’ils puissent déployer leur potentiel comique. Jamais considérée (à raison) comme une grande actrice, on redécouvre quasiment Drew Barrymore dans ce rôle de quarantenaire cool et survoltée. En face, Timothy Oliphant est son parfait complément.
En attendant une probable suite (l'épisode final ouvre de nouvelles perspectives jouissives), on reste globalement emballé par cette seconde saison. Bien aidée par son format concis (10 épisodes d'une vingtaine de minutes), cette série se savoure comme un bon gros fast-food bien gras. On prend un plaisir non-dissimulé sur le coup puis on passe rapidement à autre chose.
Santa Clarita Diet créée par Victor Fresco, sur Netflix à partir du 23 mars 2018. Ci-dessus la bande-annonce.