Dans la nouvelle série Arte "Sous influence" Emily Watson fait face à un déchaînement de passions, de secrets et de violences.
Arte propose jeudi 8 mars une série de la BBC racontant un adultère qui tourne au drame. Dès 20H55 la chaîne diffusera Sous influence en 4 volets. Adaptée des romans de Louise Doughty, cette mini-série vous plonge dans une idylle qui joue avec le feu.
Une ténébreuse histoire « Sous influence »
Dès le premier épisode, nous entrons dans le vif du sujet. En voix off, la scientifique Yvonne Carmichael, interprétée par Emily Watson, annonce : « avant de te connaître, j’étais une femme civilisée. » Le ton et l’ambiance sont donnés, et ce sera sombre. Pourtant, tout commence banalement par une rencontre entre un homme et une femme. Une brillante scientifique, Yvonne Carmichael, de 52 ans, et un homme énigmatique, M.X. Sans attendre, un jeu de séduction se met en place et le désir est consommé après une brève discussion. Tout ceci nous ferait presque penser à 50 nuances de gris. Surtout si on ajoute à cela le fait que M.X alias Mark (Ben Chaplin) a un penchant pour les relations intenses dans les lieux publics.
Yvonne Carmichael se sent rayonner dans cette nouvelle idylle inattendue et soudaine. Elle retrouve goût au désir alors qu’il s’était éteint dans une vie bien routinière. Mariée et mère de deux enfants, Yvonne avait tendance à s’oublier. M.X lui redonne une place de premier plan qui peu à peu lui fait perdre la tête. Mais jusqu’à quel point ?
Le moment où tout bascule
Alors que le premier épisode, il faut le reconnaître, traîne un peu en longueur, l’intrigue prend une toute autre dimension, au fil des épisodes, tombant dans le drame complet. Yvonne, lors d’une soirée de travail, est prise au piège dans le bureau d’un collègue. Celui-ci la bat et la viole. La vie d’Yvonne bascule. La tension monte d’un cran. La musique et la lenteur de l’histoire, comme le calme avant la tempête, laisse présupposer que le pire est encore à venir.
Yvonne se terre chez elle, et efface toutes les preuves de son viol. La honte, la peur, l’angoisse, tout s’emmêle dans son esprit. Son seul confident sera Mark qui l’encourage à se défendre. Mais Yvonne se sent emprisonnée dans un dilemme. Elle a peur que son adultère soit mis à jour en même temps que son viol. Pourtant l’agresseur d’Yvonne continue de la harceler. Il faut donc agir. La série bascule alors entre thriller, enquête et procès…
Un thriller psychologique qui manque de profondeur
Les thèmes de la passion dangereuse et du secret ne sont pas suffisants pour faire de Sous influence un excellent thriller. Certes, la tension croissante, la montée de l’angoisse et la musique récurrente sont de bons moyens pour mettre en alerte le spectateur, mais l’intrigue à tendance à traîner en longueur. Des histoires annexes viennent se greffer au nœud principal, éparpillant l'attention du spectateur, sans réellement apporter au scénario.
Certes, les récits concernant le mari, la fille et le fils cherchent à éclairer la personnalité d’Yvonne et à montrer comment elle s’est perdue dans cette famille. Une exploration psychologique, traité autrement, dans des séquences plus courtes, ou plus subtiles, aurait sans doute été intéressante. Mais ces incursions disruptives dans le récit ralentissent trop le rythme. Ainsi, il est difficile de s’attacher aux personnages, qui sont comme présents et absents à la fois. Seul le mari se démarque parfois, lorsqu'il bénéficie d'un traitement plus intime.
Le mélange entre thriller et enquête judiciaire est aussi la raison qui déroute un peu et empêche de s’accrocher aux péripéties qui se déroulent. Certains évènements se font d’ailleurs ressentir avant que le spectateur ne puisse être surpris ou emporté. Le scénario jongle donc avec des ficelles qui marchent plus ou moins bien...
Mention spéciale pour Emily Watson
La qualité de Sous influence réside essentiellement autour de la présence charismatique d’Emily Watson. Tout au long des 4 épisodes, on suit son histoire, mais aussi ses pensées. En voix off, du début à la fin, on a accès à la personnalité d’Yvonne. Son personnage est d’ailleurs mieux approfondi que celui de son amant, qui reste une énigme tout au long de la série. Le rôle d’Yvonne permet d’aborder de nombreux sujets, des plus légers au plus dramatiques. De l’élan amoureux, au désir sexuel, en passant par le questionnement de l’émancipation de la femme, et enfin par la violence subit par celle-ci (thématiques très actuelles...). Son personnage montre aussi comment, sous influence, on peut se perdre et perdre tous ses repères. Et cela peut arriver à quiconque, même à une scientifique très rationnelle.
Emily Watson est très convaincante dans son rôle de femme battante. On se rappelle de son interprétation déjà très forte dans Breaking the Waves de Lars von trier.
Sous influence créée par Amanda Coe, à partir du 8 mars 2018 sur Arte. Ci-dessus, la bande-annonce.