CRTIQUE / AVIS SÉRIE - Mike Flanagan va-t-il continuer son sans-faute sur Netflix avec sa nouvelle série, "Sermons de minuit" ? Le réalisateur et scénariste nous sort de son chapeau une création surprenante sur la religion.
Sermons de minuit : la nouvelle série Netflix de Mike Flanagan
La confirmation de l'immense talent de Mike Flanagan s'est en grande partie passée sur Netflix. Avec le film Jessie puis surtout avec les deux saisons de son anthologie The Haunting. Après des histoires de fantômes qui ont marqué les abonnés de la plateforme, il revient avec une nouvelle création intrigante : Sermons de minuit (Midnight Mass, en VO). Elle prend place sur la petite île de Crockett Island et raconte le retour de Riley Flinn, un homme qui a purgé une peine de prison. Au même moment, un mystérieux prêtre fait également son apparition au sein de la petite communauté. Sa présence va être à l'origine d'événements miraculeux mais, aussi, de faits plus inquiétants.
Sermons de minuit débute sur un accident de la route. Riley Flinn, alcoolisé, vient de tuer une jeune femme. Reconnu coupable des faits qui lui sont reprochés, il termine derrière les barreaux. Très vite, il va être assailli par le fantôme de la victime. Un motif horrifique présenté rapidement, qui est en réalité un leurre. Mike Flanagan ne nous sert pas une nouvelle histoire de fantômes à la The Haunting. Au contraire, Sermons de minuit se révèle être une proposition différente. Il n'a, en revanche, pas perdu les intentions qui font la beauté de son travail. Même si la série se range naturellement dans la section horreur/fantastique, elle cherche moins à faire peur qu'à nous faire adhérer à une galerie de personnages et à des sujets passionnants.
Une écriture et un rythme qui peuvent déstabiliser
Il y a de quoi rester sur sa faim, dans un premier temps, avec des épisodes verbeux, qui s'appliquent à définir quelles sont les figures qui animent la petite communauté de Crockett Island. Le scénario développe des enjeux émotionnels, des sous-intrigues et présentent des connexions entre les différents protagonistes. Ce qui permet de se rendre compte que Mike Flanagan est toujours autant un merveilleux scénariste sachant inventer des personnages denses. L'excellence dont il fait preuve n'est pas étonnante, mais il convient de continuer à la mettre en exergue tant l'intéressé est d'une régularité admirable dans ce domaine.
Sermons de minuit pourra dérouter, malgré tout, avec ses plages dialoguées à rallonge. D'autant plus que les premiers épisodes mettent le frein sur les éléments fantastiques, nous laissant dans une grande incertitude quant à la direction empruntée par la série. Ceci dit, les choses prennent une ampleur vraiment satisfaisante quand tout se met en place et que l'horreur explicite son intérêt. Il faut évidemment en savoir le moins possible sur les éléments principaux parce que les surprises sont nombreuses et souvent très étonnantes.
La religion au centre de la série
À l'image de ce qu'il s'est passé avec The Haunting of Hill House et Bly Manor, le genre n'est pas l'argument premier. Il se met au service de thèmes forts et de l'émotion. Même si la série se permet quelques jump scares faciles, l'horreur s'installe de manière insidieuse, lentement, par l'enchevêtrement de petits signaux qui nous interpellent. Comme si l'on assistait à un embrigadement religieux. Car Sermons de minuit parle grandement de ça, en substance. Des dérives sectaires et de la religion lorsqu'elle est usée à mauvais escient.
Sermons de minuit sait aussi dégainer des imparables scènes de tension et des effusions de sang généreuses. Elle ne le fait juste pas pour rien, et c'est ce qui constitue l'une de ses forces. Le schéma est diablement bien pensé puisque tout le travail fait autour des personnages pendant la première partie entre en osmose avec le versant horrifique, et la magie opère durant la seconde.
Sermons de minuit est touchée par la grâce à plusieurs reprises - la fin de l'épisode 5 est peut-être ce que l'on a vu de plus bouleversant sur petit écran cette année. Le casting joue un rôle majeur là-dedans. Zach Gilford, Kate Siegel et Rahul Kohli sont tous excellents à leur manière, mais c'est la délicieusement insupportable Samantha Sloyan et l'habité Hamish Linklater qui méritent concert de louanges. Le deuxième, en particulier, décoche une performance XXL en prêtre qui répand la parole de Dieu.
La Foi est le pivot central de la série. Il est autant question de celle des personnages que de celle des téléspectateurs. On pense parfois à The Leftovers, dans la manière dont Sermons de minuit teste nos limites et nous demande d'y croire, même quand les choses nous semblent alambiquées. Au bout du tunnel, heureusement, la finalité est d'une beauté harassante.
Sermons de minuit créée par Mike Flanagan, sur Netflix à partir du 24 septembre 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.