CRITIQUE / AVIS SÉRIE - À la manière de « Love, Death and Robots », la série d'animation "Star Wars Visions" sur Disney+ offre un nouveau regard sur l’univers Star Wars.
Star Wars Visions : enfin du changement dans la licence
Les fans de Star Wars ont rapidement été aux anges lorsqu’ils ont découvert la bande-annonce de Star Wars Visions. Une série d’anthologie animée proposant un regard inédit et novateur sur l’univers créé par George Lucas il y a maintenant plus de quarante ans. Le concept est simple, et reprend ainsi un peu le fonctionnement du récent Love, Death and Robots. Star Wars Visions permet à plusieurs studios d’animation japonais de revisiter la saga à travers des courts-métrages inédits et totalement uniques. En tout, ce sont 9 épisodes qui composent cette première saison. 9 chapitres mis en scène par les studios Kamikaze Douga (Batman Ninja), Geno Studio (Golden Kamui), Studio Colorido (Burn the Witch), Trigger (Kill la Kill), Kinema Citrus (Made in Abyss), Science Saru (Devilman Crybaby) et Production I.G. (Ghost in the Shell).
Parmi les dix séries Star Wars annoncées par Disney l’année dernière, Star Wars Visions fait un peu figure d’exception. Série d’anthologie totalement extérieure à la continuité classique de l’univers, cette petite friandise sans conséquence n’est pas canon. Elle permet simplement d’explorer plus profondément, et surtout avec un autre regard, l’univers de cette galaxie lointaine, très lointaine. Neufs courts-métrages, forcément inégaux, mais qui ont tous le mérite de proposer une approche personnelle et singulière qui s’éloigne à des années-lumières du formatage de la saga principale.
Des épisodes inégaux
Certaines propositions frisent le génie, quand d’autre choisissent un traitement plus classique. En tout cas plus ancré dans les carcans habituels de la franchise. C’est le problème inhérent à toute série d’anthologie. Heureusement, globalement, Star Wars Visions offre un spectacle de tous les instants. Le format court (13 minutes en moyenne) permet de se débarrasser de toute contrainte narrative et chronologique, et ainsi de ne mettre aucune limite au développement créatif.
Star Wars Visions est une compilation réjouissante qui connaît son sujet sur le bout des doigts, et sait comment détourner un univers intouchable, sans lui manquer de respect. Bien au contraire, Star Wars Visions prouve qu’il n’y a pas qu’une seule manière d’aborder l’univers Star Wars, et rappelle que l’animation est un support majestueux et incroyablement efficace pour ce genre de produit.
Quand Star Wars rencontre Kurosawa
Neufs épisodes qui rendent également un hommage appuyé à la culture asiatique, et plus particulièrement aux films de samouraïs. Star Wars Visions décide d’exploiter le penchant japonais de Star Wars. Un rapport évident tant la mythologie de George Lucas s’y réfère constamment. Ici, la série animée décide d’assumer cette inspiration de tous les instants. Les sabres lasers ressemblent davantage à des katanas qu’aux épées des films, les habits rappellent les vêtements traditionnels des samouraïs, les décors, l’univers et même les situations rendent constamment hommage à cet univers lui aussi passionnant.
George Lucas ne s’est jamais caché de s’être notamment inspiré du cinéma d'Akira Kurosawa, qui l’a grandement aidé à concevoir sa saga galactique (notamment via La Forteresse cachée). Ainsi, Star Wars Visions assume et exploite cette appétence pour ce genre cinématographique. Et c’est une idée magnifique tant les deux univers se marient bien. L’exemple le plus concret de cette collision des genres survient dès le premier épisode : Le Duel. Un magnifique exercice visuel qui propose une animation en noir et blanc superbe, et qui offre une explosion passionnante entre deux univers qui étaient voués à se rencontrer. Le Duel est tout simplement le chef-d’œuvre de cette série d’anthologie et un épisode à recommander sans hésiter.
Mention spéciale également aux épisodes Les Jumeaux (épisode 3), Le Neuvième Jedi (épisode 5) et L’Ancien (épisode 7). On regrettera cependant la faiblesse de certains épisodes, comme T0-B1 (épisode 6), qui se contente de réutiliser les poncifs de la franchise sans réellement se les approprier. Il faut également souligner la volonté de cette série de se détacher de la licence, en choisissant de mettre en scène pratiquement aucun personnage connu. Seul l’épisode 2 fait une entorse à cette règle en ramenant Boba Fett. Par ce procédé, Star Wars Visions s’inscrit réellement comme une proposition profondément novatrice, ce qui permet de voir autre chose. Et l’univers Star Wars en avait cruellement besoin.
Star Wars Visions , à partir du 22 septembre 2021 sur Disney+. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.