CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Le retour d'une des séries les plus aimées sur Netflix fait du bien en ce début d'été. Nous avons pu voir une majeure partie des épisodes de la saison 3 de "Stranger Things" et on a passé un bon moment en compagnie de nos jeunes héros.
Netflix a laissé passer le raz-de-marée HBO qui a tout emporté sur son passage depuis avril dernier. Entre la saison finale de Game of Thrones et l'excellente surprise Chernobyl, nos yeux étaient sans cesse tournés vers le network américain le plus intéressant qu'il soit. Néanmoins, qui dit été, dit arrivée des gros titres sur Netflix. Juste avant le lancement de la nouvelle partie de La Casa de Papel, c'est Stranger Things qui ouvre ce mois de juillet, en une occasion très symbolique, le 4 juillet. Il fallait un jour spécial pour livrer des épisodes autant attendus par une armée de fans - la seconde saison remonte à 2017.
On sera très succinct sur le contenu du scénario afin de ne pas vous gâcher les surprises qu'il contient. Pour résumer, le premier épisode débute en 1985. La petite bourgade d'Hawkins vit au rythme estival. Les vacances font que le monde se focalise sur le nouveau centre commercial Starcourt, petite merveille qui rassemble autant des magasins que des activités sympathiques. Et tant pis si le cœur historique de la ville se retrouve complètement délaissé. On y retrouve notre groupe adolescents, toujours amis. Dustin revient de sa colonie de vacances, pendant que les autres sont restés chez eux. Eleven et Mike profitent de leur temps libre pour roucouler, au grand dam d'Hopper, puis Lucas et Max continuent de se fréquenter. Nous ne dirons rien de plus, c'est promis. Hormis que, non loin d'Hawkins, le Mal semble prêt à revenir. Comment ? Pourquoi ? Vous le découvrirez le moment venu.
Une saison 3 sur la nostalgie de l'enfance
Nos héros grandissent et c'est justement cela qui rend cette troisième saison très intéressante. Si nous ne pouvons en dire trop sur les différents rebondissements et sur les phases d'action, on peut en revanche s'étendre sur le développement des personnages. Leur amitié est testée parce que leurs objectifs ou leurs centres d'intérêt sont modifiés - cela paraît bête à dire tant l'évolution est inévitable. C'est en dehors du pur spectacle que cette troisième saison fait naître ses plus beaux moments. Quand on y parle de l'amour, un sentiment si fragile en temps normal, encore plus dur à appréhender lorsqu'on sort à peine du monde de l'enfance. La relation entre Eleven et Mike est très belle parce qu'elle est perturbée par de répétitifs gestes maladroits.
Les amourettes et le temps qui passent font que rien n'est plus comme avant. Will, célibataire, s'en rendra compte. On pense à cette très belle scène où il insiste pour que ses deux copains jouent à un jeu de plateau avec lui au lieu de penser à leurs copines. Stranger Things arrive à trouver un bel équilibre pour rester un pied dans l'enfance, tout en mettant l'autre pied chez les grands. On ressent toujours cet art de la débrouille, de la ruse. Pour se voir en cachette, pour dissimuler des secrets aux parents, pour construire des appareils ou simplement pour s'amuser. La part de candeur qui émane en permanence de ces personnages, alors qu'on voit qu'ils grandissent, nous les fait aimer encore plus. Comme nos enfants, qu'on verrait s'émanciper avec un courage admirable.
Par-delà le style pop/rétro (que certains trouvent forcés), la nostalgie provient davantage du rapport à notre propre enfance, étape connue de tous dans une vie. Sous l'emballage pétaradant se niche du vrai, des sentiments universels. Leur traitement, ainsi que la portée qu'ils ont sur nous, permet en général de différencier un bon teen movie d'un mauvais. Avec tout ce qu'on a dit précédemment, on vous laisse deviner où on place cette troisième saison. En ce sens, ces nouveaux épisodes sont moins forts lorsqu'ils parlent des adultes principaux (Jim et Joyce), confinés dans la case restrictive d'enquêteurs du dimanche.
Le showrunner Shawn Levy promettait que cette saison serait plus sombre. La promesse est tenue avec des passages qui mettent la pression. Cette intensification arrive conjointement avec une vraie élévation dans le cachet visuel des scènes d'action - on reste dans la lignée du final de la saison 2. La violence fait plus mal qu'avant et on sent que toute l'équipe n'a pas eu peur de se frotter à l'horreur graphique. Sans citer de scènes en particulier, on a été cueilli plus d'une fois par l'agressivité dans les affrontements avec les antagonistes. Ces derniers sont réussis, à l'acception d'un, en rapport avec Hopper, qui s'imbrique dans une branche narrative kitsch à base de scientifiques fous rappelant quelques mauvaises heures du cinéma de genre des années 70 et 80. Des scories qui n'empêchent pas cette troisième saison d'être la plus réussie depuis le lancement de Stranger Things. Une bulle de nostalgie touchante qui n'en oublie pas de divertir.
Stranger Things créée par Ross Duffer et Matt Duffer, saison 3 sur Netflix à partir du 4 juillet 2019. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.