CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Netflix vise le jeune public avec "Sweet Tooth", une série adaptée des comics éponymes. Un garçon mi-humain mi-cerf arpente un monde post-apocalyptique pour retrouver sa mère. Si elle est mignonne, cette création Netflix n'est pas exempt de défauts.
Sweet Tooth : une production de Robert Downey Jr.
Netflix s'est allié avec Robert Downey Jr. et sa femme, Susan Downey, et Warner pour cette adaptation de Sweet Tooth. Les comics de Jeff Lemire sont sortis sous la bannière Vertigo (filiale de DC) et sont entourés d'une jolie réputation dans le milieu. Il y a de quoi croire nourrir de bons espoirs pour ce passage sur le petit écran.
L'intrigue se situe une dizaine d'années après une catastrophe nommée le Grand Effondrement. Le monde a sombré dans une ère post-apocalyptique quand un effroyable virus a ravagé la population. C'est aussi à ce moment que des êtres hybrides ont mystérieusement fait leur apparition. Des bébés mi-humains mi-animaux sont nés. Sont-ils liés à ce virus ? Certaines personnes le pensent et veulent leur mettre la main dessus. On fait alors la connaissance de Gus, un enfant croisé avec un cerf. Sa vie bascule le jour où son père meurt. Le petit bonhomme décide de se lancer dans un voyage à travers les États-Unis pour espérer retrouver sa mère dans le Colorado. ll va pouvoir compter sur l'aide d'un mystérieux homme, Tommy (Nonso Anozie), durant son périple.
Un récit post-apocalyptique qui résonne avec notre époque
Dès sa séquence d'introduction, Sweet Tooth se met en phase avec notre époque en évoquant une pandémie dévastatrice. Les images de panique et des débordements revêtissent un goût particulier après l'apparition de la Covid-19. Si la série contient d'autres rappels à la crise sanitaire, ce n'est pas dans ses échos à la réalité qu'elle est la plus intéressante. Elle exprime tout son potentiel quand elle déballe son univers futuriste dans lequel la nature reprend ses droits. Netflix n'a pas lésiné sur les moyens et nous propose un show qui se tient sur la forme. Les décors sauvages et les effets spéciaux travaillent de concert pour bâtir un ensemble convaincant auquel on croit. Sweet Tooth ne révolutionne pas l'imagerie post-apocalyptique mais dispose d'un univers solide, qui se tient, sans faute de goût.
Deux héros attachants
On apprécie aussi beaucoup la relation entre Gus et Tommy. Leur complémentarité se ressent jusqu'à l'image. L'un est grand et costaud, quand l'autre est petit et innocent. Une immense tendresse se dégage de Sweet Tooth grâce à eux. La série est d'ailleurs plus une fable pleine de bonnes intentions plutôt qu'un road movie impitoyable. Malgré la présence d'un peu de violence, le programme est adapté à une audience familiale et va même davantage parler aux plus jeunes qu'à l'habituel public adolescent visé par Netflix. Le jeune Gus sera, à n'en pas douter, un héros que les enfants que son âge vont adorer suivre. Il faut, en ce sens, saluer la performance du jeune Christian Convery, brillant du haut de ses 11 ans. On peut aussi en faire de même pour l'imposant Nonso Anozie, qui donne une profondeur humaine à Tommy. Les deux sont impeccables mais la série les laisse souvent sur le côté à partir du second épisode. Après le pilote, les promesses commencent à s'évaporer quand le récit introduit trop de personnages et de sous-intrigues.
Une narration trop éparpillée
On regrette de ne pas avoir, à la place, une aventure plus simple avec uniquement deux protagonistes qui partagent un bout de leur existence ensemble afin de rallier un point A à un point B. Quand on s'éloigne d'eux, tout ce qui se passe se suit avec un ennui poli. Les autres personnages ne provoquent pas en nous autant de choses que Gus et Tommy. Puis, surtout, on a l'impression que la série lance trop de pistes et les traite de manière séparée plutôt que d'avoir un ensemble harmonieux. On se doute qu'une potentielle seconde saison peut tout arranger en faisant tout se croiser. Pour l'heure, notre avis ne se base que sur ce qui existe et on ne peut pas être trop sévère avec Sweet Tooth. Ses intentions sont louables et pas trop mal exécutées. Elle parle de racisme et de préservation de la nature avec une sensibilité loin d'être désagréable. Puis, on vous met au défi de ne pas tomber sous le charme de l'attachant Gus !
Sweet Tooth créée par Jim Mickle et Beth Schwartz, disponible sur Netflix à partir du 4 juin 2021. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.