The Americans saison 6 : la fin d'une série d'espionnage à part

The Americans saison 6 : la fin d'une série d'espionnage à part

CRITIQUE SERIE - En six saisons FX aura proposé avec « The Americans » un show de grande qualité, rappelant les grandes heures de la télévision américaine.

Bien que diffusée sur la chaîne américaine FX, The Americans n’est pas un show si populaire (et d’autant plus en France). Pourtant, il s’agit certainement d’une des meilleures séries dramatiques de ces dernières années. Durant cinq saisons, son créateur Joseph Weisberg a proposé une série d’espionnage passionnante, autant pour son regard porté sur la période de la Guerre froide, que sur la relation familiale au centre. The Americans vient alors se conclure avec une sixième et dernière saison, aussi intelligente que les précédentes.

Pour rappel, The Americans s’inspire d’une histoire vraie. Celle d’une famille d’Américains dont les parents étaient en réalité des espions soviétiques, infiltrés sur le sol US depuis des années. Dans la série, il s’agit d’Elizabeth et Philip Jennings, parents de Paige et Henry le jour, et agents du KGB le soir. Après plusieurs saisons, Paige apprenait la vérité sur ses parents, et décidait de se joindre à eux. Henry, lui, reste encore le seul ignorant.

Diffusée depuis le 28 mars sur FX (et dans la foulée sur Canal+ Séries), cette saison 6 composée de 10 épisodes (dont nous avons pu voir les trois premiers grâce à Canal+ et la Fox) est plus que jamais focalisée sur les problèmes de couple d’Elizabeth et Philip.

Une dernière saison aux airs de tragédie

Après avoir décidé de ne pas retourner en Russie pour rester avec Elizabeth, Philip choisissait d’arrêter ce « métier » d’espion. On les avait donc laissé à la fin de la saison 5 face à de sérieux questionnements quant à leur avenir. La saison 6 se déroule trois ans après, et Elizabeth, toujours aussi dévouée à la cause, continue d’œuvrer en secret pour les services secret soviétiques. Tandis que Philip a repris un train de vie normal, s’adaptant parfaitement à cet American style of life avec ses matchs de hockey et ses soirées country, c’est finalement sa fille, Paige, qui le remplace. La jeune fille étant désormais une véritable espionne, en cours d’apprentissage avec sa mère, la série lui donne enfin un réel impact. Ceci se ressentant d’ailleurs sur l’interprétation de Holly Taylor, très juste.

Le ton de cette dernière saison est vite donné. La séparation dans leur travail des deux héros ayant un impact direct sur leur vie personnelle qui se désagrège au fur et à mesure. Il faut dire que la série a toujours su faire preuve d’une élégance et d’une justesse pour entrer dans l’intimité de ces deux agents, même lors de leurs missions. Certes, le fait de placer l’histoire (de cette dernière saison) en 1987, quelques années avant la fin de la Guerre Froide, a une réelle importance. The Americans fait depuis le début se répercuter sur ses protagonistes les changements politiques.

Il est ainsi évoqué Mikhail Gorbatchev, alors secrétaire général du Parti communiste qui réalisa plusieurs réformes permettant plus d’ouverture à l’URSS avant son effondrement. Des décisions pas forcément du goût de tout le monde. C’est pourquoi les missions effectuées par Elizabeth seront remises en cause. Et évidemment, c’est à Philip qu’il sera demandé d’espionner sa femme. Une situation inédite mais qui n’est pas sans rappeler les troubles du couple durant la première saison.

Une série sans fausse note

On retrouvait en effet dès le début de la série chez Elizabeth une représentation de l’ancienne génération, particulièrement impliquée et croyant réellement en l’importance de ses actions - à savoir maintenir un équilibre pour éviter que le conflit américano-soviétique n’éclate, et aider au mieux son pays d’origine. Philip étant bien plus sensible n’aura eu de cesse de se remettre en question. Cette saison 6 agit ainsi comme un miroir de la première, où cette fois Elizabeth se voit être surveillée, comme un symbole de la fin à venir du régime. Une saison, en cela, bien plus tragique, en premier lieu pour le couple au bord de la rupture et désormais incapable de communiquer. Un situation exprimée davantage par des détails - comme une peinture représentant les craquelures d'Elizabeth -, et qui place The Americans comme une série à part. Simple en apparence, mais en réalité relativement exigeantes. Choses rares à la télévision désormais.

Si en termes d’écriture The Americans aura jusqu’au bout su prendre son temps, donnant le sentiment d’une réelle confiance de la part de FX envers Joseph Weisberg, il reste bon de rappeler l’élégance de la réalisation, à laquelle s’imbrique toujours à la perfection des musiques additionnelles bien choisis (ici notamment Fleetwood Mac et Leonard Cohen). Sans oublier, enfin, la qualité des interprètes. Keri Russel plus glaçante et effrayante que jamais – à l’image de ce visage couvert de sang dans l’épisode 2. C’est alors dans sa retenue qu’elle dévoile la part émotionnelle de son personnage, là où Matthew Rhys dégage un attachement naturel.

Sortant clairement du lot par son approche intimiste du genre du drama d’espionnage, The Americans aura jusqu’au bout été passionnante. Observant avec justesse (sans prise de partie) l'Amérique et en développant en profondeur ses personnages pour questionner en premier lieu le fonctionnement des liens familiaux. Ceci étant conjugué à une gestion du rythme bien particulière, The Americans aura rappelé certaines séries de l'âge d'or de la télévision, telles que les Soprano par exemple.

Si avec les trois épisodes présentés on pouvait sentir l'étaux se resserrer, particulièrement sur Elizabeth au bord du gouffre psychologique, l'avenir de ces americans reste incertain. Il sera à découvrir le 31 mai, date de diffusion de l'épisode final, qui devrait refermer comme il se doit un show accompli.

 

The Americans créée par Joseph Weisberg, saison 6 à partir du 28 mars 2018 sur Canal+ Séries. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

La saison 6 de "The Americans" n'est clairement pas la saison de trop, au contraire, elle vient refermer comme il se doit un show d'espionnage élégant et exigeant, qui trouvait tout son intérêt dans la représentation des liens familiaux et de la construction du couple.

Premier de la classe

Note spectateur : 3.65 (5 notes)