CRITIQUE / AVIS SÉRIE - Quasiment deux ans jour pour jour après la mise en ligne de "The Haunting of Hill House", Netflix lance la seconde saison de cette anthologie. Bienvenue à Bly Manor, pour une nouvelle histoire de fantômes de très grande qualité.
Une seconde saison très attendue pour The Haunting of
Mike Flanagan est devenu l'une des figures à suivre absolument si l'on aime le cinéma de genre. La série The Haunting of Hill House est celle qui l'a fait passer à un autre niveau aux yeux du public. Avant de s'occuper de Doctor Sleep (la suite de Shining qui était un projet peu évident compte tenu de la réputation du film de Stanley Kubrick), il était derrière ce programme original Netflix que l'on a adoré. L'horreur n'était jamais gratuite et servait une histoire de famille émouvante aux profondes ramifications. Un tel choc télévisuel n'est pas passé inaperçu, faisant ainsi grimper les attentes de manière fulgurante quand une seconde saison a été annoncée. Pas question de donner suite à la précédente histoire, Mike Flanagan part sur une anthologie avec d'autres enjeux. Il puise son inspiration dans les écrits d'Henry James, en reprenant le canevas du Tour d'écrou. Pour apporter de l'originalité, il touche à d'autres histoires de l'auteur pour un melting-pot dont la figure du fantôme est encore l'attraction centrale.
The Haunting of Bly Manor se déroule en Angleterre dans les années 80, quand Dani (Victoria Pedretti), une Américaine, est engagée par Henry Wingrave (Henry Thomas) pour s'occuper de son neveu et sa nièce dans son immense manoir. Les enfants, orphelins, sont sous la responsabilité de quelques employés. La nouvelle arrivante va découvrir une demeure splendide, qui va peu à peu devenir le théâtre d'événements très étranges. Dani va en venir à soupçonner les enfants d'être liés à des esprits qui hanteraient les lieux. L'endroit renferme de nombreux secrets, dont certains très douloureux.
Une maison et des fantômes. Une famille qui cache des secrets. De la peur et de l'émotion. Mike Flanagan ne renie pas les éléments qui ont forgé la réussite de The Haunting of Hill House. Dans une des toutes premières scènes, la filiation entre les deux histoires saute aux yeux, quand Victoria Pedretti dit à Henry Thomas qu'elle "connaît la mort". Comme pour faire référence à la précédente saison où les deux acteurs étaient les membres d'une famille touchée par la mort. Les échos à Hill House seront nombreux dans Bly Manor, et Mike Flanagan ne s'en cache pas en rappelant une partie du casting original. Il tient à ce qu'on se plonge dans cette nouvelle histoire en connaissant la précédente mais elle risque de désarçonner plus d'un téléspectateur qui espérait assister à quelque chose d'identique.
The Haunting of Bly Manor mise sur l'émotion
Revoyez vos attentes, car Bly Manor décroît son impact purement horrifique pour une émotion plus appuyée. Là où Hill House réservait de gros moments de frousse, ici, les scènes qui font intervenir le surnaturel se nappent au bout d'un moment d'un spectre mélancolique qui diffuse une profonde tristesse entre les murs du manoir. Mike Flanagan fait briller ses personnages avant de se mettre en avant, parce qu'il sait qu'ils sont essentiels dans notre adhérence à la série. Victoria Pedretti en tête est autant éblouissante que dans la précédente saison. Ces nouveaux épisodes pourront décevoir les fans qui pensaient retrouver le même équilibre miraculeux entre l'horreur et le drame, le curseur ayant été poussé presque à son maximum vers le second côté au détriment du premier. Cette différence n'empêche pas de retomber sous le charme d'une série qui déborde d'intelligence formelle. Flanagan n'opère pas seul à la direction des épisodes mais c'est tout du long d'une incroyable justesse filmique, où les plans et leur place dans le montage sont tous portés par une logique qui se comprend soit dans l'immédiat, soit plus tard.
Bly Manor est un puzzle qui se déguste comme du bon vin, pour en définir toutes les nuances et subtilités. Le scénario pose ses indices, ses éléments préparatoires, pour tout justifier dans ses derniers épisodes. Une construction maline, encore une fois assez élaborée, au service d'un traitement sensible de la figure du fantôme. Il leur ajoute une dimension poétique, les teinte d'une profondeur qui change par rapport à ce qu'on voit d'habitude. Mike Flanagan assume plus que jamais de se servir du fantastique pour mieux nous propulser dans l'émotion. Il n'y aucune facilité de mauvais goût dans son approche et on lui reconnaît le courage de chercher à se renouveler plutôt qu'à répéter par cœur une équation qui a fait ses preuves. Et le résultat s'avère juste magnifique.
The Haunting of Bly Manor créée par Mike Flanagan, sur Netflix à partir du 9 octobre 2020. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.