CRITIQUE / AVIS SÉRIE - La saison 1 de "The Last of Us" adapte de manière extrêmement fidèle le jeu vidéo éponyme et en tire le meilleur sans pour autant prendre de véritable risque.
The Last of Us, un grand jeu pour commencer
HBO est depuis longtemps une référence en matière de séries. On ne compte plus les œuvres de grande qualité qui sont devenues des références. Aucun genre ne semble résister à la chaîne américaine, habituée à créer de nouvelles tendances. On ne pouvait donc qu'être enthousiasmé lorsqu'une série tirée du jeu vidéo The Last of Us a été annoncée, tant les adaptations de ce médium ont pu décevoir par le passé.
Le jeu a été développé par Naughty Dog et est sorti dans un premier temps sur Playstation 3 (2013). Par la suite, une version remastérisée a été proposée sur Playstation 4 (2014) avant qu'un remake sur Playstation 5 (2022) ne permettre de (re)découvrir l'œuvre avec une qualité visuelle optimale. Mais la force de The Last of Us, et ce qui en a fait son succès, c'est avant tout son histoire et sa manière de développer ses personnages principaux pour créer une forte empathie chez le joueur.
La série The Last of Us reprend le récit initial et met en scène un monde post-apocalyptique ravagé par une pandémie provoquée par un champignon parasite. Vingt ans après son apparition, l'humanité a été décimée et les survivants se sont réfugiés dans des zones contrôlées par un gouvernement militaire.
C'est ainsi à Boston que se trouve Joel (Pedro Pascal), un homme marqué par un passé tragique. Son destin va être lié à Ellie (Bella Ramsey), une adolescente qui doit être remise aux mains des Lucioles, un groupe de rebelles. Cette dernière est immunisée contre le virus et pourrait alors permettre la création d'un vaccin.
Une adaptation trop fidèle ?
Grâce au format sériel, et aux moyens mis par HBO, Craig Mazin (Chernobyl) et Neil Druckmann (à l'origine du jeu) ont pu adapter The Last of Us de la manière la plus fidèle possible. Un peu trop même, et c'est ce qui peut créer un sentiment paradoxal devant cette saison 1.
Le jeu, parfaitement réalisé par Neil Druckmann, est extrêmement cinématographique et est peut-être plus passionnant à regarder qu'à jouer. La série reproduit avec exactitude, jusque dans les dialogues, des séquences entières, empêchant alors la moindre surprise pour les joueurs et les gardant en terrain connu.
Bien sûr, les scénaristes ont apporté quelques variantes - comme en remplaçant les spores des infectés par des vrilles. Et des éléments supplémentaires, en offrant durant l'épisode 3 une longue parenthèse à deux personnages secondaires du jeu, ou en approfondissant judicieusement le passé d'Ellie (épisodes 7 et 9).
Reste que, dans l'ensemble, la série a avant tout pris l'essentiel du jeu vidéo, de ses cinématiques. Si cela reste pertinent pour un nouveau public, il faut admettre qu'il y a là un certain manque d'originalité pour ceux ayant déjà eu le jeu en main.
Pourtant, HBO a par le passé proposé des adaptations qui s'éloignaient grandement de leur œuvre d'origine, comme avec The Leftovers, Westworld ou encore Watchmen. Côté jeu vidéo, le remake de Final Fantasy VII s'est par exemple montré très surprenant en étant bien plus qu'une simple "reproduction".
Dans le cas de The Last of Us, la part cinématographique du jeu et le choix de le traiter entièrement sur une seule saison (les suivantes adapteront The Last of Us Part II) semblent avoir empêché des variations majeurs - qui en même temps auraient pu décevoir les gamers. Même si cela n'enlève rien à toutes les qualités de la série, cette absence de prise de risque peut alors questionner sur la réelle valeur ajoutée du show.
L'émotion omniprésente
Pour autant, on ne peut nier la réussite de la série à tirer le meilleur du jeu : l'émotion. C'est là-dessus que Craig Mazin et Neil Druckmann ont misé, quitte à rendre la première partie de la saison 1 de The Last of Us un peu redondante.
On retrouve en effet sur les premiers épisodes le même schéma d'écriture. Avec la mise en avant de personnages secondaires, qui croisent ou non la route de Joel et Ellie, avant de disparaître de manière plus ou moins tragique. La mécanique n'est pas la plus passionnante en termes d'écriture sérielle. Mais malgré cela, l'empathie se construit parfaitement autour de Joel et Ellie (à l'image du jeu donc).
Joel et Ellie, ce magnifique duo
On en vient alors à être bouleversé par l'épisode 7 qui se concentre sur le passé d'Ellie. Un épisode où Bella Ramsey est plus touchante que jamais, avant que l'éclatement de sa rage et sa violence dans l'épisode 8 ne lui permettent de convaincre définitivement dans ce rôle. Et même si Pedro Pascal s'impose lui immédiatement, la construction de sa relation avec l'adolescente impressionne.
Ensemble, ils développent deux personnages complexes et sujets à débat, jusque dans ce final mémorable et déchirant, conclu par un dernier plan qui laisse avec la gorge nouée.
Au final, la maîtrise de Craig Mazin et Neil Druckmann (et des différents réalisateurs et réalisatrices qui suivent le cahier des charges à la perfection) permet à The Last of Us de profiter des qualités du jeu vidéo, tout en y ajoutant quelques détails appréciables. Le résultat reste amplement convaincant et, face à une absence de concurrence, on ne peut que se satisfaire de cette approche. Le show se place dès lors sans difficulté comme une référence en matière d'adaptation vidéoludique.
The Last of Us de Craig Mazin et Neil Druckmann, sur Prime Video à partir du 16 janvier 2023. Ci-dessus la bande-annonce. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.