Westworld : la saison 2 s’est achevée et c’est une réussite !

Westworld : la saison 2 s’est achevée et c’est une réussite !

CRITIQUE SÉRIE – Entamée le 23 avril dernier, la saison 2 de "Westworld" a livré son épisode final, de plus d’une heure, riche en rebondissements, révélations et en action.

Qu’il y en a des choses à dire sur ce dixième épisode et, globalement, sur l’ensemble d’une saison menée d’une main de maître. La première saison marchait parce qu’elle mettait en place les enjeux, le contexte, les personnages. Mais elle pouvait surtout refroidir une partie de son audience à cause d’une construction pas toujours agréable, où les répétitions pleuvaient. Les discours philosophico-technologiques pouvaient aussi rebuter les spectateurs non-initiés à quelques principes du monde de la science-fiction.

Au lancement de la saison 2, nous nous étions rendu compte que Jonathan Nolan et Lisa Joy, les showrunners, avaient fait évoluer la série de manière positive, en introduisant un second parc et surtout en faisant gagner en ampleur tous les arcs scénaristiques. Qu’en est-il maintenant que nous avons tout vu ?

Troubles temporels

Cet épisode final devait répondre aux nombreuses questions posées tout au long de la saison 2. Et, effectivement, nous en avons eu pour notre argent. Le téléspectateur est invité à reconsidérer tout ce qu'il avait vu durant neuf épisodes pour reconstituer le vrai fil temporel de cette intrigue. Ce que nous avons vu n'est absolument pas le présent mais, au contraire, le passé ! L'ouverture de la saison était bien dans le présent puis, en passant de personnage en personnages, nous avons été perdus, baladés. Voilà pourquoi il était parfois complexe de comprendre tous les enjeux et comment une scène s’emboîtait dans l'ensemble. On pense par exemple aux scènes avec Bernard (Jeffrey Wright), l'impliquant à divers degrés, dans le monde réel et le monde artificiel. Ce dixième épisode se charge de remettre en place les pièces d'un puzzle complexe savamment pensé. 

Bernard et Dolores (Evan Rachel Wood) ont réussi à atteindre la fameuse Forge, une partie secrète du Parc permettant d'ouvrir un portail pour accéder à un territoire caché aux allures de Paradis : la Vallée. En franchissant ce portail, les hôtes se défaussent de leur corps et pénètrent dans un lieu saint où ils peuvent construire leur vie comme ils l'entendent, sans subir l'influence de leurs créateurs ou des visiteurs. Les corps inertes que l'on voyait dans le premier épisode sont effectivement ceux des hôtes qui ont osé franchir le portail. Tout s'explique. Y compris l'inaugurale scène de la saison, où l'on pensait que Bernard dialoguait avec Dolores en ayant le contrôle. Ce qui s'avère être totalement le contraire !

Troubles émotionnels

Alors que Dolores cherche à pénétrer dans le monde réel, certains n'en demandent pas autant et veulent juste vivre en soulageant les douleurs engendrées par les scénarios qu'ils devaient suivre dans le Parc. C'est le cas pour Maeve (Thandie Newton) qui court après sa fille et qui trouve la paix dans le rush final. Elle trouve la mort, comme une grosse partie des personnages, mais permet grâce à son pouvoir (communication par la pensée) de sauver sa progéniture en lui offrant un avenir paisible loin des hommes.

Ce qu'a admirablement réussi Westworld durant cette seconde saison est de développer l'aspect émotionnel. Chose difficilement possible durant une première saison qui devait mettre en scène des personnages synthétiques, aux sentiments programmés. Leur émancipation permet au show d'étendre sa portée dramatique et de mettre les hôtes au cœur de lignes narratives profondément touchantes. L'épisode 8 en est l'éclatant symbole. En quittant la trame principale pour s'intéresser à Akecheta (Zahn McClarnon), un Indien, la série a livré l'épisode le plus bouleversant depuis son lancement. Cet homme, que l'on croyait méchant, est lui aussi en plein éveil existentiel. En retrouvant leur libre-arbitre, les hôtes deviennent des figures passionnantes à suivre. Plus que les humains, décrits comme des êtres "d'une simplicité étonnante", au comportement "très prévisible".

Troubles à prévoir

La saison s'achève sur un gros morceau : l'esprit de Dolores quitte le Parc grâce au corps de Charlotte. Après l'avoir tué, Bernard se rend compte de son erreur et fabrique une deuxième Charlotte pour la ramener à la vie. Cette copie tue la vraie Charlotte et prend sa place. Grâce à ce subterfuge, l'ambitieuse Dolores va pouvoir avoir ce qu'elle désire depuis le début. Elle ne part pas les mains vides, emportant dans son sac quelques esprits d'hôtes, dont on ne connaît pas l'identité. Il faut s'attendre à voir des personnages principaux comptés comme morts, revenir dans la saison 3. Comme Bernard, ressuscité par Dolores dans le présent. Les deux sont désormais libres au sein du monde réel. Pour la troisième saison, Jonathan Nolan et Lisa Joy auront comme défis de mettre en place la révolution synthétique dans le monde des humains. L'inversion des rôles se confirme et Dolores devient à son tour créatrice. Elle le dit, "on vit aussi longtemps que le dernier qui se souvient de nous". Par cette idée, tout retour est envisageable ! Au point de construire une armée ?

Mais qu'adviendra-t-il des parcs ? Là est toute la question. Nolan et Joy promettaient que des nouveaux environnements sont au programme mais comment les insérer dans ce contexte si l'intrigue se déplace en dehors des mondes artificiels ? D'autres personnages vont-ils être développés avec le même désir d'émancipation que Dolores ? Seuls les deux créateurs ont la réponse. Le Japon Médieval a démontré que des dialogues étaient possibles entre deux univers. Pour les besoins de la saison 2, cela s'est fait dans le but d'enrichir l'arc narratif de Maeve. On peut penser que l'idée sera reprise, en mieux ? Les deux scénaristes ont prouvé qu'ils ne laissent rien au hasard et ne jouent pas la carte de l'esbroufe gratuite.

L'autre immense question en suspens concerne le sort de William/L'Homme en noir (Ed Harris). Lors d'une scène post-générique, on découvre qu'il existe une copie, que l'on suspecte avoir été conçue par sa fille ou quelqu'un d'autre (Ford ? Dolores ?) pour se venger de son mauvais comportement. Nolan et Joy sèment volontairement le doute dans notre esprit, préparant le terrain pour la saison 3. La série nous laisse avec des nouvelles interrogations mais, surtout, un sentiment de satisfaction. Et c'est le plus important.

La saison 3 sera diffusée courant 2020.

 

Westworld créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy, saison 2 diffusée depuis 23 avril 2018 sur HBO et OCS. Ci-dessus la bande-annonce.

Conclusion

Note de la rédaction

Toutes les bonnes impressions du début de la saison 2 se confirment sur la durée. "Westworld" gagne en richesse thématique, narrative et, surtout, émotionnelle.

Bilan Très Positif

Note spectateur : 3.55 (1 notes)