CRITIQUE/AVIS - SÉRIE : "Westworld" revient pour une saison 3. Dès les premiers trailers, la série supervisée par Lisa Joy et Jonathan Nolan s'annonçait plutôt ambitieuse : on sortait du parc "western", décor principal des deux premières saisons, pour explorer un côté urbain jusque là seulement entraperçu. Mais les quatre premiers épisodes nous ont plutôt déçus : explications (sans spoilers).
Quelle ne fut pas notre émotion lorsqu'est sortie la première saison de Westworld, en 2016. Chaque semaine, HBO proposait un nouvel épisode d'une série à l'ambition folle, qui paraissait bien loin du film Mondwest, sympathique mais rapidement oublié film de SF. Une série supervisée notamment par Jonathan Nolan, qui a co-écrit la quasi totalité des films de son frère Christopher - pas des moindres ! Si Westworld séduisait, c'était grâce à son ambiance de western grandiloquent, à ses acteurs charismatiques (Anthony Hopkins et Ed Harris en tête), et à sa narration complexe mais toujours compréhensible.
La saison 2, cependant, était bien moins réjouissante. Passés les premiers épisodes qui nous promettait de nouveaux décors et de nouveaux enjeux, le récit se perdait à force de vouloir être trop complexe. Au final, on perdait notre empathie pourtant acquise au fil de la saison 1, face à ces êtres artificiels qui, en acquérant une mémoire, gagnaient une âme. En voulant se renouveler, la série perdait peu à peu le spectateur ... Et malheureusement, c'est ce qui arrive aussi à cette saison 3.
Intelligence (un peu) artificielle
Un point qui perdure : le générique de Westworld est toujours sublime. Désormais rouge sang, il marque d'emblée une volonté de changer d'ambiance - et c'est le cas, on change drastiquement d'ambiance. Dolorès (interprétée par Evan Rachel Wood) est au centre du récit, et a changé d'apparence : en arborant un "look" humain pour mieux détruire ses ennemis, elle n'en devient paradoxalement que plus robotique. Autour d'elle, et des personnages récurrent de la séries, de nouvelles têtes viennent étoffer le casting, notamment Aaron Paul, ouvrier le jour et sorte d'hacktiviste la nuit. On retrouve aussi, avec un plaisir non dissimulé, Vincent Cassel, qui vient nous servir son plus bel accent français.
Seulement, on a du mal à s'intéresser à tout ce beau monde : les storylines se mélangent, se croisent, mais on perd totalement pied. En cela, Westworld saison 3 (en tout cas, les premiers épisodes que l'on a pu voir) tombe dans le même écueil que la saison 2 : en voulant être complexe, elle devient illisible. Surtout, elle semble tourner à vide. Les questions philosophiques auparavant soulevées semblent avoir disparu, et le caractère humain de ces "robots" semble de plus en plus lointain ... Ce qui semble rentrer en contradiction avec le propos-même de la série.
Aïe, Robots
Comme évoqué plus haut, la rupture est aussi esthétique : on est désormais en pleine ville futuriste, et de ce côté on peut dire que la série fait bien son boulot. Tout ces décors urbains sont intéressants à observer ... mais malheureusement manquent cruellement de vie. C'est le comble pour Westworld qui a débuté en reprenant les codes du western : on a perdu toute notion d'espace. Sans spoiler, un des personnages se rend sur les lieux de la premières saison depuis la terre ferme, et y arrive en quelques secondes, traversant ce qui était présenté comme un espace s'étendant à perte de vue, en quelques plans. Tout comme pour les dernières saisons d'une autre série de HBO (Game of thrones, évidemment), les personnages semblent se téléporter pour les besoins de l'histoire.
Les scénaristes finissent ainsi par sacrifier un rythme lent mais efficace sur l'autel d'un trop-plein d'action, et noient artificiellement les spectateurs sous une montagne d'informations. En quatre épisodes, on ne compte plus les fusillades qui n'ont plus l'impact ni la violence sourde qu'elles avaient dans un décor de vrai-faux far-west. Le charme de Westworld se délite ainsi au fil des épisodes, la musique elle-même devenant oubliable.
Pourtant, ce début de saison de Westworld arrive encore à amorcer des séquences intéressantes. Le personnage de Vincent Cassel par exemple, ou le destin d'un des protagonistes des saisons précédentes, semblent lancer des pistes intéressantes ... Mais pas sûr que tout cela nous passionne en continuant sur les mêmes procédés qui peinent à faire mouche. A la fin de ces quatre épisodes, nous sommes donc déçus. Mais reste le bon souvenir de cette série, et on espère de tout cœur qu'elle réussira à nous surprendre de nouveau ...
Westworld saison 3, à partir du 15 mars 2020 sur HBO, et en US+24 sur OCS. La bande-annonce ci-dessus. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.