Au cas où vous ne seriez pas au courant, les films et TV spéciaux de la célèbre adaptation animée "City Hunter" ("Nicky Larson" en VF) sont désormais disponibles sur Netflix. Mais avant de les consulter, ne serait-il pas mieux de vous (re)plonger dans la célèbre série des années 80 ?
S'il y'a bien un anime qui est le symbole même de la puissance du Club Dorothée dans les années 90, c'est City Hunter. Toutefois, comme cela était de coutume à l'époque, une francisation a été de mise, à commencer par son titre et le nom des protagonistes. Ainsi, City Hunter se nommera Nicky Larson. Ryo, Kaori, Saeko et Umibozu seront Nicky, Laura, Hélène et Mammouth. Une autre époque.
Tout dans cet anime respire la nostalgie : tout d'abord, ses génériques français, l'un chanté par Jean-Paul Cesari en imperméable, l'autre interprété par notre Bernard Minet national. Ensuite, qui ne se souvient pas de ses honteux doublages français totalement édulcorés et illustrés par la voix du regretté Maurice Sarfati qui voyait des méchants chercher à "faire bobo" ou "bibiche" à notre protagoniste ? Enfin, les allusions ouvertement sexuelles vont disparaître de l'écran pour ne pas choquer les enfants. Tout au plus, Ryo passe pour un petit pervers toujours puni par le marteau de Kaori.
Un duo culte
Bien que certains personnages valent le détour (notamment Saeko et Ubimozu), l'anime tourne principalement autour du duo Ryo/Kaori. En effet, d'un côté, nous avons une demoiselle un peu garçon manqué qui dissimule un charme fou. De l'autre, on a une sorte de James Bond japonais, qui devient difficilement contrôlable dès qu'il voit une mini-jupe. Entre les deux, c'est une relation passive-agressive, Kaori tentant de stopper les ardeurs de son partenaire en le cognant sans cesse.
Toutefois, ce jeu du chat et de la souris montre vite que les deux personnages sont très attachés l'un à l'autre. Kaori est folle amoureuse de Ryo, ce qui explique sa jalousie et sa volonté de donner des coups de marteau à Ryo lorsqu'il aborde d'autres femmes. Quant à Ryo, son comportement séducteur trahit le souhait que sa partenaire ne s'éprenne pas de lui car cela en ferait une cible pour ses nombreux adversaires. Néanmoins, personne n'est dupe sur leurs sentiments amoureux respectifs.
Un ton hybride
Oeuvre la plus aboutie du mangaka Tsukasa Hōjō, City Hunter est bien plus sombre et détaillé dans sa version papier que dans sa version animée. Toutefois, ce qui reste très bien conservé, c'est ce mélange efficace entre humour et drame, entre légèreté et violence.
Si Ryo est un obsédé sexuel gaffeur, il n'en reste pas moins un détective efficace, presque impitoyable. En effet, son passé sombre laisse place à un homme profond et mystérieux. Là est finalement cette éternelle dualité dans City Hunter. En effet, bien que l'on parle de l'histoire d'un ancien mercenaire évoluant dans un milieu brutal et sanglant, la romance qu'il établit avec Kaori et les nombreuses scènes humoristiques sont là pour détendre l'atmosphère et ne pas rendre l'anime plus dramatique qu'il ne l'est déjà.
Au final, City Hunter utilise très bien les codes du film noir. On retrouve tous les ingrédients propres à ce genre : héros cynique et fort, femmes fatales, cadres et couleurs sombres... Toutefois, il est mélangé à d'autres éléments bien plus clownesques, dans un format anti-feuilletonant (la plupart des épisodes sont indépendants, bien qu'au fur et à mesure, les personnages et leurs relations évoluent).
Par ailleurs, l'environnement de la série est particulièrement intéressant. Influencé par le cinéma policier US (on le voit dans le titre anglophone ainsi que dans les titres des OST), l'anime reste particulièrement détaillé sur les affaires en cours, qui traitent souvent de prostitution, de trafics de drogues, voire même de trafics d'êtres humains. Les affrontements sont alors rythmés, et souvent réglés au pistolet. C'est dans ce registre que Ryo se montre particulièrement charismatique. C'est là qu'il fait parler ses qualités hors normes et son sens de la précision.
Un graphisme old school
Graphiquement, le style old school de City Hunter a très bien vieilli. Les détails apportés aux décors sont impressionnants notamment au niveau des voitures, de certains buildings et même au niveau des armes, tel que le Colt Python 357 Magnum, fidèle compagnon de Ryo.
Les dessins sont particulièrement soignés (notamment dans le chara-design) et les différentes expressions faciales de Ryo sont un vrai régal en terme de maîtrise. Il suffit d'ailleurs de voir la beauté "cachée" de Kaori (et ses jambes interminables quand elle laisse totalement éclater sa féminité) pour se rendre compte qu'en terme d'image, City Hunter est sans doute l'un des plus beaux animes de tous les temps dans ce domaine.
Pour finir, il faudra noter la magie des génériques de la série, tous plus beaux et marquants les uns que les autres. Là encore, les références à James Bond, aux films noirs et même à Cat's Eyes (autre oeuvre célèbre d'Hojo) fourmillent et font de l'anime une véritable pépite. Alors oui, City Hunter n'est sans doute pas une série à confier à nos petits enfants. Mais tant pis pour eux, ils n'auront pas le luxe comme nous de l'avoir visionné enfant et revisionné une fois adultes.
Les films City Hunter / Nicky Larson sont disponible sur Netflix et les épisodes de la série sur ADN.