De Christopher Nolan à Zack Snyder, retour sur les différents volets et reboots de la franchise de l'un des plus grands super-héros, Batman.
Cet article contient des spoilers dispersés, attention !
En 1997, Joel Schumacher finissait de violer Batman.
Soyons francs. Et pour ceux qui n’ont pas vu les deux opus qu’il a réalisés, prévenons-les : c’est moche ! Après cet affront envers le personnage, il faudra huit ans aux studios Warner pour pouvoir resonger à l’exploiter. Mais ils vont le faire avec brio. Ils vont choisir un jeune réalisateur qui a fait ses preuves sur des films construits, maitrisés. Aujourd’hui, ce type est un titan du cinéma. Merci à la Warner pour Christopher Nolan.
Batman Begins (2005)
En 2005 donc, Christopher Nolan délivre le premier volet de son reboot de la franchise Batman. Sobrement, clairement, il s’intitule Batman Begins. Histoire de bien nous faire comprendre qu’on va poser les bases. Bruce Wayne est incarné par un Christian Bale fidèle à sa réputation. Intense, il insuffle quelque chose de puissant au personnage, en plus de représenter à merveille le playboy qu’il est censé feindre d’être en plein jour. A ses côtés, Michael Caine « devient », littéralement, le « Alfred » que chaque gamin a imaginé un jour. Récemment, l’acteur se plaignait publiquement que les seules personnes qui le reconnaissent et l’interpellent sont les mômes qui le considèrent exclusivement comme la nourrice du milliardaire. La rançon du succès…
Côté amis, Katie Holmes entre dans les chaussures de Rachel Dawes, l’amour d’enfance du héros. Elle va, sans le vouloir, guider Bruce Wayne sur le chemin du Batman. Morgan Freeman quant à lui, incarne Lucius Fox, le futur directeur de la société Wayne. Mais il est surtout l’atout technique et scientifique de Batman. Enfin, Gary Oldman joue l’inspecteur Gordon, l’allié de toujours de Batman. Sauf qu’il ne connait pas sa véritable identité.
Côté méchants, on trouve Liam Neeson dans le rôle de Ra’s al Ghul, mentor de Bruce Wayne au départ, puis son ennemi, accompagné de la Ligue des Ombres. A son service, dans la ville de Gotham, Cillian Murphy joue le rôle de l’Epouvantail, un psychiatre dément qui drogue ses patients et crée un composé chimique littéralement terrifiant. Batman en fera d’ailleurs les frais.
Ce qui va marquer la différence avec les précédentes incarnations de Batman, c’est le réalisme. Tout se veut vrai. Batman est un ninja entraîné, à la base. Il devient suréquipé par la suite. Sa Batmobile est en fait un Tank tout terrain militaire. Ses ennemis ne sont que des hommes.
Batman Begins marque donc par son réalisme et par une petite, légère, impression de perfection dans la représentation. Christian Bale devient Batman. Vous ne pourrez plus jamais oublier sa voix grave lorsqu’il devient la chauve-souris.
The Dark Knight (2008)
A la fin de Batman Begins, le manoir Wayne brûle et le Joker rôde déjà. Batman l’a créé sans le vouloir. C’est le temps des hommes masqués. Aux yeux de votre serviteur, ce film est probablement le meilleur qui ait jamais été fait sur les super-héros. Tout simplement parce qu’en fait il parle de super-méchants. Merci à Jonathan Nolan et David S Goyer pour le scénario.
Déjà, la scène d’introduction de The Dark Knight nous propose l’une des meilleures scènes de braquage du cinéma moderne. Puis, le Joker se révèle. Théâtral et épique. Grandiose. Heath Ledger va mourir presque avant la fin du tournage. Forcément, ça rajoute à la légende… Mais les louanges ne sont pas usurpées. Ledger aura même l’Oscar à titre posthume. Son interprétation est grandiose, tout comme l’histoire du personnage (ou son absence d’histoire…). Tout est au service d’un film magnifiquement réussi où Aaron Eckhart passe d’un procureur zélé à un Double-Face fou furieux, où le Joker pousse Batman dans ses retranchements. Un film d’où aucun protagoniste ne sortira indemne. Et Bale devient toujours un peu plus Batman. Désormais sa voix est complètement grave et rocailleuse lorsqu’il est en noir. Il vole, roule en Batmoto ; fait faire des front-flips ratés à des camions ; traverse les pays pour lutter contre le crime. Rien ne l’arrête, sauf ses contradictions.
Maggie Gyllenhaal reprend le rôle de Rachel Dawes mais son personnage décède brutalement. Bruce Wayne, déjà abîmé par la vie, perd encore un être cher. Au cours de la scène de fin, il tombe d’un immeuble et semble mal en point, même s’il parvient à échapper aux policiers qui le traquent. Le chevalier noir est plus qu’un héros. C’est un justicier devenu hors-la-loi.
The Dark Knight Rises (2012)
La mort de Heath Ledger a laissé un trou dans le scénario de Nolan. Même s’il ne l’a que très peu abordé publiquement, il est avéré que le troisième volet de cette trilogie devait avoir le Joker comme méchant. La grande rumeur c’est que l’on aurait eu droit au procès du clown. Mais il a bien fallu faire autrement. Rangez les mouchoirs on passe à autre chose.
Du coup, le réalisateur propose une autre aventure, avec cette fois-ci Tom Hardy comme grand méchant. Tout en muscles et portant un masque à oxygène qui n'enlève rien au charisme, Bane est un adversaire de taille pour Batman. Il projette, comme Ra’s al Ghul dans Batman Begins, de détruire la ville de Gotham. Mais il agit en fait sur les ordres de Miranda Tate, ou plutôt Talia ‘al Ghul, incarnée par Marion Cotillard.
The Dark Knight Rises marque une rupture pour Batman. Huit ans se sont écoulés depuis sa dernière bataille. Il vit reclus, il boîte. C’est un Batman vieillissant mais moins calme. Il rencontre Catwoman (jamais nommée comme telle), jouée par Anne Hathaway. Il flirte, fait nouveau. Et puis, quelques personnes savent désormais qui il est vraiment. Bane, mais aussi un jeune inspecteur joué par Joseph Gordon Levitt. Un acolyte au nom qui fait réfléchir : Robin…
Dans ce dernier opus, Batman se verra « brisé » par Bane, dans les deux sens du terme. Envoyé dans une prison d’un autre temps, dans une autre contrée, il devra renouer avec la force qui l’animait lors de ses meilleurs combats. La polémique autour de la scène de la mort du personnage de Marion Cotillard, réputée mal jouée, n’enlève rien à la puissance de la clôture. Le symbole qu’incarne Batman se sacrifie pour la ville. Il embrasse Catwoman avant de sauver tout le monde. On le suppose mort. Une scène de fin avec Alfred nous tire les larmes et nous fait comprendre que non.
« Why so Serious ? » Parce que c’est classe !
Batman Begins a été réalisé en 2005. Soit trois ans avant le premier Iron Man, censé être le point de départ du Marvel Cinematic Universe. C’est donc bien DC et non Marvel qui a redéfinit le genre des super-héros au cinéma. Bien que stoppé dans son projet par la mort de Ledger, Nolan propose une trilogie complète et entière, logique et cohérente. Les acteurs y sont bons ou même carrément grandioses. L’histoire nous aspire, aidée par une réalisation éclairée. Et jamais le Joker, Némésis absolue et obligatoire de Batman, n’avait été aussi clairement défini et brillamment incarné. En d’autres termes, difficile de faire mieux… Pour l’anecdote, Zack Snyder, lorsqu’on lui propose de rebooter une nouvelle fois Batman, en 2016, ira tout de même demander à Nolan si ça ne le dérange pas… La classe !
Batman vs Superman : Dawn of Justice (2016)
Réalisé par Zack Snyder, le film fait suite à Man of Steel qui introduisait Superman. La franchise a été rebootée une fois de plus, cette fois-ci dans le but de créer un univers partagé entre plusieurs super-héros. Dans Batman v Superman : Dawn of Justice, c’est désormais Ben Affleck qui incarne la chauve-souris, face à un Henry Cavill kryptonien. Et le personnage n’est pas exactement le même.
Tout d’abord, le Batman de Affleck est censé être plus vieux que celui de Bale. Les tempes grisonnantes, il a déjà une longue expérience de justicier. L’une des scènes du film nous fait même comprendre que le Joker pourrait déjà avoir tué Robin. Mais surtout, Batman y est plus en colère. Il a soif de vengeance et va jeter son dévolu sur Superman, un alien trop dangereux à ses yeux pour être laissé en vie. En effet, le film commence notamment avec une réinterprétation de la scène de destruction finale du film Man of Steel. Cette fois-ci, elle est vécue du point de vue de Bruce Wayne, simple humain tentant de faire son possible pour protéger des civils, au milieu des demi-dieux qui se battent en détruisant des immeubles.
C’est là que se noue la nouvelle franchise DC. Le monde a changé. En somme, ce pourrait être une suite aux Batman de Nolan. Sauf que désormais les méchants viennent d’ailleurs. C’est le temps des méta-humains. Et Batman les craint. Même s’il n’a peur de rien !
A ses côtés, c’est désormais Jeremy Irons qui officie comme Alfred. Apparemment plus désabusé, c’est un Alfred qui participe davantage aux missions. Très vite, Bruce Wayne va également rencontrer Wonder Woman, sous les traits de l’actrice Gal Gadot. Mais son véritable problème reste Superman.
Ainsi, le chevalier noir va tout d’abord essayer de détruire l’homme en collants, s’accordant ainsi, sans le vouloir, aux plans machiavéliques de Lex Luthor joué par Jesse Eisenberg. Mais ils vont ensuite collaborer, avec Wonder Woman, afin de lutter contre une menace bien plus grande. Quelque chose d’un autre monde. Et ce n’est que le début, la fin et Lex Luthor nous le promette.
Prochainement, Batman devrait donc combattre des êtres venus d’ailleurs. Les forces obscures de l’univers sont en marche. Désormais au fait de l’existence d’êtres supérieurs sur terre (on aperçoit certains futurs héros…), il souhaite les réunir pour former une équipe qui protégerait notre planète. L’aube de la Justice League se lève. Alors que Superman semble être mort…
Suicide Squad (2016)
Si le film de David Ayer ne traite que des méchants de Gotham (qui ne sont pas si méchants que ça d’ailleurs…), il laisse pourtant Batman faire quelques apparitions. Situé chronologiquement après Batman vs Superman : Dawn of Justice, le film présente donc un univers où Superman est censé être mort. C’est donc Batman qui se charge du sale boulot. On le voit mettre les menottes au tueur à gages Deadshot, interprété par Will Smith. Idem pour la psychotique Harley Quinn, jouée par Margot Robbie. Et surtout, le Joker, incarné par Jared Leto, multiplie les apparitions.
Egalement, on apprend que les anti-héros du film, recrutés pour exécuter les missions dont personne ne veut, ont tous un dispositif explosif figé dans leurs nuques. Ces dispositifs ont été créés par Wayne Enterprise, preuve que Batman n’est jamais loin.
Pour finir, le film se termine par une scène post-générique où Bruce Wayne dîne avec Amanda Waller, terrifiante patronne et instigatrice de la Suicide Squad. S’il semble tout d’abord qu’elle lui remet simplement des dossiers sur des méta-humains, elle en profite pour lui faire comprendre qu’elle connait sa double-vie. Bruce Wayne va lui répondre que si elle ne démantèle pas la Suicide Squad, lui « et ses amis », s’en chargeront.
La suite pour Batman
Batman devrait revenir en novembre 2017 dans le film Justice League, toujours réalisé par Zack Snyder. Il aura la lourde tâche de recruter une équipe de super-héros afin de protéger la terre, maintenant que Superman est mort. Au menu, Wonder Woman (Gal Gadot) , Aquaman (Jason Momoa), Flash (Ezra Miller) et Cyborg (Ray Fisher).
Le fait qu’il crée la Justice League dénote un changement chez Batman. Il croit de nouveau en les hommes, il est prêt à se battre pour eux. Il n’est plus en colère. Il devient le chef de cette équipe héroïque, seul humain au milieu de tous ces êtres exceptionnels. Il en impose quand même le Bruce Wayne !
Une véritable aventure solo du justicier est prévue pour 2019. Pour l’instant intitulée The Batman, elle devait être réalisée par Ben Affleck. Mais l’acteur, accusant un emploi du temps surchargé et une pression trop grande de la part des fans, a préféré laisser la place à quelqu’un d’autre. C’est donc le réalisateur Matt Reeves qui devrait reprendre le projet. Pour l’heure il n’y a que très peu d’information sur l’histoire, mis à part que le grand méchant devrait être Deathstroke et devrait être joué par Joe Manganiello.