Retour sur la franchise Jurassic Park et sur les différents opus de cette saga mythique.
Attention, cet article contient des spoilers dispersés !
Amis paléontologues, préparez-vous, on rentre dans le meilleur parc d’attraction jamais imaginé. Oubliez Mickey et tous ses potes. Parce que rien ne serait aussi bon que de les voir se faire bouffer par des lézards géants. "Welcome to Jurassic Park".
Jurassic Park (1993)
En 1993, Steven Spielberg propose Jurassic Park au public. L’histoire, pour ceux qui vivent dans une ère glaciaire, est celle d’un parc d’attraction composé de dinosaures créés par manipulations génétiques. Le premier film raconte comment un groupe d’experts, sensés évaluer le parc avant son ouverture au public, va vivre l’enfer au milieu des dinosaures qui se sont échappés. Car ils sont, bien évidemment, incontrôlables…
Le scénario est tiré d’un roman de l’écrivain Michael Crichton , publié en 1990. Toutefois, le romancier a particulièrement participé à l’élaboration de la version audiovisuelle. Ce qui explique peut-être la qualité et le succès du film.
C’est le début de la fiction consacrée aux dinosaures. Et Spielberg, afin d’aider le public à se familiariser avec ces bêtes, avait déjà produit le dessin-animé Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles en 1988. Histoire de préparer le terrain…
En 1993 donc, le monde est prêt pour accueillir le parc. Et le résultat dépasse les espérances. Le film deviendra le treizième plus gros succès du box-office de tous les temps. A l’époque, c’est même le film le mieux reçu de l’histoire du cinéma ! Un merchandising étudié permet même à des générations entières de gamins de jouer avec les dinosaures et les équipements du parc sous forme de jouets. C’est un raz de marée sans précédents et Spielberg, qui était déjà le réalisateur préféré des enfants, devient le maître absolu de cette discipline : faire rêver.
Cette réussite doit tout d’abord être attribuée, au-delà du scénario, aux images, truquées ou non. Tourné dans des décors de rêve, la jungle apporte un certain dépaysement. Mais c’est surtout les effets spéciaux qui vont marquer tout le monde. A tel point que certaines scènes, certains effets, valent encore ce qui se fait aujourd’hui. L’utilisation d’animatronics dans les plans serrés rajoute au réalisme. Il y a une texture à l’écran. On sent les écailles. On veut y toucher ! Visuellement, c’est un réussite totale.
L’autre point positif, c’est le casting. Car si les dinosaures volent clairement la vedette, les personnages ne sont pas en reste. Par exemple, à cette époque, votre serviteur voulait devenir paléontologue… Merci au professeur Alan Grant, joué par un Sam Neill qu’aucun môme ne pourra oublier. A ses côtés, l’actrice Laura Dern joue sa compagne et associée. Ils auront la lourde charge d’escorter, tout au long du film, deux enfants joués par Joseph Mazzello et Ariana Richards, qui ne sont autres que les petits-enfants du propriétaire du parc, le fameux John Hamond, incarné par Le défunt Richard Attenborough. N’oublions pas la présence d’un jeune Samuel L. Jackson. Enfin, l’équipe se compose également de l’inoubliable Jeff Goldblum, qui interprète le professeur Ian Malcolm, théoricien du chaos. Un rôle sur mesure pour l’acteur. Peut-être même son meilleur.
Le casting ne saurait être complet sans la présence des vélociraptors, du tyrannosaure rex, des brachiosaures ou encore d’un tricératops malade. Car, après tout, ce sont eux les véritables stars ! Le film se termine sur un échec du parc. L’île est abandonnée, livrée à elle-même. Mais comme dit Ian Malcolm, « la vie trouve toujours un chemin ».
Le Monde Perdu (1997)
Le deuxième film de cet univers est, une fois de plus, tiré d’un roman de Michael Crichton. Bien que différent, il reprend certains des thèmes. Encore réalisé par Steven Spielberg, il est une suite aux aventures du premier volet. En effet, si la première aventure se passait sur Isla Nublar, désormais abandonnées par les hommes, le second opus se concentre sur Isla Sorna, soit une île mitoyenne sur laquelle les bébés dinosaures étaient censés être élevés. Une équipe est formée par le neveu de John Hamond, dans le but de réintégrer cette île. Accompagné de chasseurs émérites et de mercenaires, ce groupe fait face à un autre, plus petit, qui est lui diligenté directement par Hamond. Car deux conceptions s’affrontent ici. Si John Hamond, après les évènements du premier film, a compris que l’on ne pouvait ni devait contrôler ces animaux, ce n’est pas le point de vue de son neveu, qui y voit une mine d’or.
Le film se centre bien évidemment surtout sur l’équipe des gentils. Le seul personnage qui soit revenu est celui de Ian Malcolm, qui vient en fait secourir (c’est comme ça qu’il le présente) sa copine, jouée par Julianne Moore. Cette dernière est accompagnée d’un photographe aux talents multiples, incarné par un Vince Vaughn encore frais et sans embonpoint.
Le film peut se présenter comme une sorte de copie du premier, avec des suppléments. Il y a plus de dinosaures, plus de raptors, deux T-rex et leur bébé… Clairement, c’est une bonne suite mais elle n’apporte rien en dehors du divertissement qu’elle propose. Le choc du premier film peut difficilement être égalé. Seule nouveauté, la fameuse scène où l’un des T-rex est capturé puis ramené sur le continent. Bien évidemment incontrôlable, il sème la panique en pleine ville à San Diego et offre quelques scènes cultes. En dehors de cela, cette suite reste une copie, à peine étoffée, du premier. Le film se conclue sur un message télévisé de John Hamond qui demande à ce que le monde laisse ces animaux vivre en paix là où ils sont.
Jurassic Park 3 (2001)
En 2001, Joe Johnston réalise le troisième opus de la franchise : Jurassic Park 3. C’est le premier film de cet univers qui n’est pas tiré d’un roman de Michael Crichton. C’est également le premier film à n’être pas réalisé par Steven Spielberg bien que ce dernier reste présent par le biais de sa société de production, Amblin Entertainment.
L’histoire est celle d’un couple, incarné par William H. Macy et Téa Leoni. A la recherche de leur jeune fils, disparu sur Isla Sorna, ils vont mentir au professeur Alan Grant (Sam Neill) dans le but de ramener ce dernier sur l’île et afin qu’il les aide à retrouver leur progéniture.
Si le film permet au professeur Grant de revenir, il n’en demeure pas moins une rupture vis-à-vis des précédents. Sans la patte du maître Spielberg, l’expérience déçoit, même si elle reste divertissante. Le scénario, se centrant sur une mission de sauvetage au sein de la jungle, est presque identique aux autres et sent le réchauffé. Probablement dans le but de redynamiser le tout, de nouveaux dinosaures sont introduits, notamment le Spinosaure, gigantesque bestiole carnivore censée évincer le souvenir du T-rex… Mais rien n’y fait. Le film reste un échec, tant du témoignage des acteurs que de la réaction du public. Les îles vont être laissées tranquilles pour un moment.
Jurassic World (2015)
L'histoire du film Jurassic World prend place vingt-deux ans après les événements du premier, sur la même île : Isla Nublar. Malgré les incidents survenus au cours des trois films précédents, le parc a bel et bien ouvert mais, après quelques années, il a du mal à retenir un public désormais blasé. Doit-on y voir une sorte de problématique « méta » ? Peut-être bien.
En effet, la thématique au centre de cet opus (outre le fait que l’on ne peut contrôler… Gna gna gna) est celle de l’attrait du public. Comment donner envie de voir quelque chose qui est déjà censé être exceptionnel en soit, alors que les gens sont déjà en train de s’en lasser ? Le film traite clairement de notre insatiabilité de contenu et de nouveauté, de la course marketing au produit phare. Et du prix qu’il en coûte parfois…
Car la star de ce volet est un nouveau dinosaure. « Nouveau », parce qu’il n’a jamais existé. Le Indominus Rex a été créé de toutes pièces par les scientifiques, dans le but d’offrir plus de sensations au public. Nous, spectateurs, comme eux, public fictif. Car nous nous sommes lassés du tyrannosaure et des raptors. Il nous en faut plus. Il nous faut « plus de dents ».
Réalisé par Colin Trevorrow, avec Steven Spielberg qui n’est jamais bien loin en termes de production, le film se compose d’un nouveau casting cinq étoiles. Ainsi, le héros humain de cette aventure est sans conteste Chris Pratt, qui incarne un dresseur de raptors, aidé par Omar Sy. La directrice du parc est jouée par Bryce Dallas Howard. Et le méchant qui veut utiliser les raptors à des fins militaires est interprété par Vincent D’Onofrio.
Le film se veut être une sorte de reboot du premier. Le parc existe, il est ouvert. Et c’est là que les choses vont mal tourner. Après l’émerveillement, procuré par exemple par la vision d’un gigantesque mosasaure croquant un grand requin blanc, on rentre dans le par cet on découvre un panel assez large de dinos. Viennent ensuite les problèmes, lorsque le Indominus s’échappe et que le public se fait attaquer par différents reptiles.
Si le but était probablement de réaliser un film similaire au premier opus, et d’en tirer ainsi les mêmes résultats, cela ne fonctionne pas vraiment. Le succès auprès du public est mitigé et certaines scènes marquent par leur stupidité : Bryce Dallas Howard en talons dans la jungle ou pour distancer un T-Rex ; les raptors qui sauvent les humains et qui semblent faire preuve d’affection pour le personnage de Chris Pratt… De même, l’affrontement final entre le Indominus et un T-rex a des airs de match de boxe arrangé. On n’y croit pas vraiment, même si les images sont belles. Il n’y a plus de surprise.
Attendu de longue date par les fans purs et durs, le film a probablement réussi son objectif premier : toucher un nouveau public, ramener les dinosaures dans l’esprit des jeunes spectateurs du troisième millénaire. Mais pour ceux qui avaient vécu la claque de 1993, l’expérience laisse un goût amer. Certes vous allait y goûter. Et certes vous finirez le plat. Mais il n’a pas l’exotisme de ce qu’était l’entrée de 1993, le sulfureux de son aventure. Le rêve n’est plus là. Et on se demande quel goût aura le dessert.
La suite, Jurassic World 2, réalisée par Juan Antonio Bayona, vient de sortir ce 6 juin 2018. Retrouvez notre critique et, ci-dessous, la bande-annonce :