John Wick est une petite claque. De film en film, la franchise est parvenue à trouver un public de fidèles. Grâce à des scènes d'action relativement inédites, John Wick s'est créé une véritable identité, une âme qui lui permet de se différencier des innombrables films du genre. Gros plan sur cette saga lucrative et qualitativement réussie.
John Wick : le début timide d'une trilogie violente
David Leitch et Chad Stahelski se sont rencontrés en tant que cascadeurs. Un métier émérite qui permet de côtoyer les stars et les cinéastes. Chad Stahelski a même doublé Keanu Reeves à plusieurs reprises dans Point Break, Matrix Reloaded ou encore Constantine. Le duo, qui s'est justement rendu célèbre grâce à John Wick a décidé d'aborder l'action différemment. En tant qu'anciens cascadeurs, les deux hommes ont une vision intense du traitement de l'action.
L'histoire de John Wick, est celle d'un ancien tueur à gage qui se remet doucement du deuil de sa femme. Lorsqu'il refuse de vendre sa Ford Mustang à un petit malfrat, ce dernier revient tuer son chien et voler son véhicule. Il n'en faut pas plus pour mettre en rogne John, qui va poursuivre la trace de son agresseur jusqu'à New York et rencontrer de vieilles connaissances du milieu. Sa tête est alors très vite mise à prix et il se retrouve avec tous les tueurs de New York aux trousses.
Keanu Reeves de retour en action man
C'est en ça que réside la réussite de John Wick, sa capacité a reposer son propos sur une histoire extrêmement simple. Le duo de cinéastes ne s’embarrasse pas d'un scénario inutilement complexe. L'intérêt du long métrage, c'est le traitement de l'action. Avec des scènes de combats parfaitement maîtrisées, et des gun fights extrêmement vifs. Le pistolet de John Wick devient l'extension de sa main et permet des chorégraphies inédites en la matière. Ces derniers ont d'ailleurs fait la réputation de la saga.
Enfin, autre intérêt non négligeable, la présence de Keanu Reeves. Acteur alors relativement sur le déclin, c'est logique de la part du duo de l'avoir choisi comme héros principal. Parce qu'à l'image du personnage, c'est une ancienne star qui revient sur le devant de la scène et retrouve le succès grâce à John Wick justement. Pour incarner le personnage, le producteur Basil Iwanyk explique pourquoi ne pas avoir pris un acteur plus âgé :
On s'est dit que ce serait une meilleure idée non pas de prendre quelqu’un de plus âgé au sens strict du terme, mais un acteur qui, s’il a eu un parcours cinématographique marquant, n’était plus présent sur les écrans ces dernières années. Keanu Reeves est quelqu’un avec qui j’ai toujours désiré travailler.
John Wick 2 : exit David Leitch
En 2017 John Wick 2 débarque sur les écrans. Cette fois, il n'y a plus que Chad Stahelski à la réalisation. Son compère David Leitch est parti vers d'autres horizons en allant réaliser Deadpool 2 et l'excellent Atomic Blonde. Après avoir réglé son problème dans le premier film, John Wick est retourné à sa retraite. Mais, malheureusement pour lui, il va encore en sortir puisqu'il va devoir affronter de dangereux tueurs à gage.
Ian McShane reprend son rôle de Winston, le directeur de l'hôtel Continental qui joue un rôle de plus en plus prépondérant. Tandis que le reste du casting recrute quelques autres stars comme Laurence Fishburne et le rappeur Common.
Ici, Chad Stahelski veut pousser la violence un peu plus loin. Les scènes d'action sont encore plus abouties, plus léchées, notamment la fameuse séquence dans la boîte de nuit devenue culte. Le premier opus comptabilisait 84 personnes tuées, le deuxième monte le score à 141. Keanu Reeves a passé quatre mois en immersion auprès des frères Machado qui lui ont enseigné leur propre forme de jiu-jitsu brésilien :
Le style de combat de John Wick, c'est en gros de se défendre ou d'attaquer par tous les moyens. Il combine le judo au jiu-jitsu, et va même jusqu'à se servir d'une voiture comme arme.
John Wick 2 surpasse en tout point son prédécesseur : des scènes d'action d’anthologie, des gun fights renversants grâce à un véritable entraînement avec des professionnels des armes à feu, et des ressorts dramatiques plus aboutis. Dans le but d'être crédible, Keanu Reeves s'est entraîné avec un véritable tireur d'élite champion dans trois catégories d'armes à feu.
John Wick Parabellum : la quintessence d'un art
Chad Stahelski revient en 2019 avec le troisième opus, John Wick : Parabellum, peut-être le plus abouti en terme d'action. Tandis que Laurence Fishburne, Ian McShane et Keanu Reeves reviennent dans leurs rôles, c'est aussi Halle Berry qui rejoint l'aventure. Cette fois, John Wick est vraiment plongé dans les ennuis jusqu'au cou. Puisqu'il a transgressé une règle fondamentale en tuant à l'intérieur du Continental, il est excommunié et se retrouve avec tous les tueurs du monde aux trousses.
Avec John Wick : Parabellum, Chad Stahelski a brisé toutes ses précédentes performances en montant d'un énorme cran la beauté visuelle des confrontations. Le cinéaste lâche un peu les séquences de gun fight pour se concentrer d'avantage sur le corps à corps. 98% des cascades du long-métrage sont réalisées par Keanu Reeves lui même :
Parfois, je me disais que j'avais du mal à m'entraîner à cause de mon âge, mais je me suis rendu compte que j'aurais eu du mal même si je n'avais pas 54 ans parce qu'il y a énormément d'action dans Parabellum.
Ce qui étonne dans John Wick 3, c'est la facilité apparente avec laquelle sont rythmées les scènes d'action. Chad Stahelski a énormément d'inventivité pour mettre en scène ses combats. Il change beaucoup de décors, interagit avec les objets qui entourent ses personnages et signe des séquences renversantes. Comment ne pas être en extase quand John Wick se sert d'un livre, de nombreux couteaux, voire même d'un cheval pour calmer ses adversaires. Parabellum est le plus créatif de la saga pour offrir des scènes d'action, un pur bonheur pour les amateurs du genre.
Un troisième opus plus réaliste
Si la plupart des combats des deux premiers volets opposaient deux adversaires, John Wick Parabellum s'attache à des affrontements de groupe qui mettent en valeur la chorégraphie de l'ensemble. Étant donné l'importance de la prime sur sa tête, Wick doit affronter de bien plus nombreux ennemis, enchaînant les styles d'arts martiaux, du Kung-fu au Wushu et au Penchat Silat indonésien, celui-ci représenté d'ailleurs par Yayan Ruhian et Cecep Arif Rahman, les deux méchants de The Raid.
Pour John Wick Parabellum, Chad Stahelski a voulu privilégier le réalisme. Les acrobaties sont réelles et les combats tournés sans raccord de montage. De même, plutôt que de zoomer, le réalisateur a opté pour des plans larges montrant mieux au spectateur chaque détail de la séquence. La caméra se pose et laisse le combat s'exprimer. Enfin, il vient même à utiliser des chiens comme arme tactique de combat.
John Wick Parabellum permet ainsi de mettre en scène des séquences inédites avec des canidés. Le rendu à l'écran est impressionnant tant les chiens créent un rythme unique. Ils entrent dans le champ à une vitesse incroyable et donnent quelque chose de réellement innovant.
John Wick 4, l'évolution du héros
Avec John Wick : Chapitre 4, Chad Stahelski reprend (encore) les mêmes formules, en toujours plus grand et plus fort. Avec 2h40 au compteur, l'ambition de ce 4e volet est claire : emmener la licence vers une quintessence chorégraphique. Le cinéaste regorge d'idées visuelles pour mettre en scène des combats millimétrés. Ici, pas de CGI, pas d'effets ostentatoires, mais simplement l'expression des corps dans sa forme la plus épurée. Avec des plans majoritairement larges et un montage sans cut malvenus, la direction artistique veut créer une proposition fluide et lisse.
Mais John Wick 4, c'est aussi la représentation d'une licence en bout de course. Chad Stahelski le sait, Keanu Reeves aussi, et ça se ressent dans l'écriture du personnage : désabusé, fatigué par sa recherche récurrente de paix, qui se matérialise inévitablement par la violence. Une divergence thématique passionnante qui met en scène un anti-heros obligé de faire la guerre pour obtenir la paix.
John Wick en a assez de tuer, mais il est enfermé dans une spirale, un cycle sans fin. Un miroir de la licence elle-même, qui se questionne sur sa propre portée, sur sa condition de saga d'action qui repose sur des éléments scénaristiques simplistes pointés du doigt par ses détracteurs.
Dans ce sens, Chad Stahelski ajoute également une dimension comique inattendue. Un humour fin, toujours bien placé, qui ne détonne pas avec le reste, et est là pour appuyer cette notion de vacuité dans la quête de son héros. Un esprit malicieux qui rappelle la bêtise d'une violence qui a pris le pas sur l'objectif de base : venger la mort de son chien. En ça, John Wick 4 (et plus largement la franchise dans son ensemble), est beaucoup plus malin qu'il n'y paraît.