Après sept ans de bon et loyaux services, la série "The 100" s'est conclue. En sept saisons, le show aura marqué les esprits des fans. Retour sur une série importante débutée en 2014 et qui a su se forger une vraie fan base chez un public jeune, mais pas que.
The 100 c'est quoi ?
En 2014, la CW lançait un nouveau programme de science-fiction : The 100. Pour le porter, comme souvent, la chaîne américaine a parié sur des visages alors peu connus comme Eliza Taylor, Bob Morley, Marie Avgeropoulos, ou Lindsey Morgan. Mais en misant sur un pitch suffisamment intrigant la série a rapidement trouvé son public. Le voici :
Dans un univers post-apocalyptique, la Terre a été ravagée par un holocauste nucléaire. Les survivants se sont réfugiés dans l'Arche, une station spatiale. 97 ans plus tard, les derniers Terriens espèrent pouvoir revenir. Mais la planète est-elle habitable ou les radiations sont-elles encore trop importantes ? Pour s'en assurer, le "gouvernement" en place décide d'envoyer 100 prisonniers mineurs. L'idée étant de prévenir d'éventuels dangers, mais également de réduire les dépenses d'énergie, d'air et de nourriture de la station...
The 100 redonne le pouvoir à la jeunesse
Sur le papier, il y a déjà une proposition intéressante de la part du créateur Jason Rothenberg. Dans une sorte de variation autour de Mad Max 2 et Battle Royale, The 100 oppose la jeune génération (les 100 adolescents envoyés sur Terre) aux adultes qui les dominent, qui prennent les décisions et font les lois. La jeunesse est montrée alors comme la première victime. Et surtout, les parents qui devraient au moins assurer un soutien, font irrémédiablement défaut. Ne se révoltant pas (pour la plupart) face à ces lois drastiques. À savoir autoriser seulement un enfant par couple, tandis que le moindre crime est puni de la peine de mort pour les adultes, et d'un enfermement pour les mineurs.
C'est donc dans un contexte dur qu'on découvre les personnages principaux de la série : Clarke, la fille de la responsable du service médical de l'Arche, Wells (présent une seule saison), le fils du Chancelier, ou encore Octavia, dont le seul crime est d'avoir été le second enfant de ses parents (après Bellamy, son grand frère), qui ont pourtant longtemps essayé de la cacher. Mais une fois sur Terre, les choses ne sont pas beaucoup plus joyeuses pour eux. Puisque même si l'endroit s'avère habitable, les dangers sont nombreux, aussi bien venant de la nature que des Natifs qui avaient survécu aux radiations de la Terre.
Il s'agit donc pour nos héros d'apprendre rapidement à grandir et à devenir autonome. Et c'est justement en s'adaptant à eux que le style de la série peut évoluer. Car si les premiers épisodes donnent l'impression d'une banale série pour adolescents, avec tous les clichés qu'on peut y trouver, The 100 gagne en maturité dès le milieu de la première saison, jusqu'à un final pour le moins inattendu marqué par la mort d'un personnage central des mains de Clarke, héroïne principale du show.
Des figures héroïques complexes
Si chaque fan a sa préférence parmi les personnages principaux récurrents, Clarke n'en demeure pas l'une des plus importantes (avec Octavia). Présentée d'abord comme "la gentille" qui souhaite respecter les règles, elle va malgré elle se retrouver à la tête d'un groupe, puis de l'ensemble du clan (appelé Skaikru, le Peuple du ciel, par les Natifs). Durant les sept saisons, il lui faut alors prendre les décisions les plus compliquées et encaisser la colère des mécontents.
Son geste de tuer l'un des siens pour sauver l'ensemble de son peuple étant le premier moment fort pour elle, et ce qui crédibilise sa construction tout du long. Dès lors, si certains fans ont pu la prendre en grippe après certaines de ses décisions contestables (Mont Weather en saison 2) ou son attitude, elle est d'abord une victime, car catapultée du jour au lendemain en leadeuse responsable de l'avenir de l'humanité. Heureusement, la saison 5, qui la montre seule sur Terre pendant six ans, améliore son capital sympathie.
Face à elle, on retrouve une autre héroïne majeure, Octavia. Celle-ci apparaît presque comme une inversion de Clarke - probablement ce qui l'a rendue si populaire. D'abord présentée comme une jeune fille immature et décomplexée, elle va elle aussi devoir encaisser ce monde réel. Mais ce qui revient le plus dans son évolution reste son désir de liberté. Elle souhaite suivre ses propres décisions et s'écarter du peuple qui l'a enfermée. Une personnalité logique étant donné son passé sur l'Arche.
Cependant, elle aussi se retrouve dans un rôle de cheffe et doit faire des choix terribles. C'est le cas avec la révélation du bunker en saison 5. Un événement parmi d'autres qui pointe l'influence finalement assez néfaste des adultes (Abby, Marcus, ou encore le Chancelier Jaha). On pourrait également évoquer l'évolution de Bellamy, Murphy ou Raven, tous victimes de leurs aînés.
The 100 se renouvelle comme elle peut
Cette évolution des personnages est probablement ce qui a permis au public de rester au fil des saisons. Car au niveau de l'histoire générale, The 100 n'est pas toujours d'une grande originalité. En effet, dès la première saison le Peuple du ciel cherche avant tout à survivre. Il se renferme alors sur lui-même face à un clan adverse, pourtant tout aussi humain. La série se veut finalement assez pessimiste dans son regard sur l'humanité, puisque même sur une planète habitable par tous, les guerres éclatent rapidement et chacun considère en premier lieu son peuple.
Le schéma est globalement le même au cours des sept saisons. Jamais les peuples ne parviennent vraiment à s'entendre ni à faire front ensemble pour la survie de l'humanité (si ce n'est à la fin du show). Et ce, même lorsque la série redéfinit un peu l'univers ; la saison 5, qui se déroule six ans après une vague mortelle obligeant la population à se réfugier sous terre ou dans l'espace, et la saison 6, sur une autre planète et 125 ans plus tard après un sommeil cryogénique.
De plus, pour combler à ce manque d'évolution globale, les scénaristes enchaînent les retournements de situations, les morts de personnages majeurs (RIP Lexa), ou s'enfoncent encore plus dans la science-fiction ou le fantastique - avec l'intelligence artificielle appelée A.L.I.E (saison 3) ou l'Anomalie (saison 6).
Une variété de personnages façon CW
Reste que Jason Rothenberg est un malin. Il a su trouver la recette pour poursuivre sa série avant de lasser définitivement son audience. Il a surtout su proposer une variété suffisante de personnages pour que chacun puisse s'y retrouver. Que ce soit en Octavia ou Clarke, mais également en Lexa ou Jasper. Des caractères variés, imparfaits, mais profondément humains et donc empathiques. À cela s'ajoute une représentation intelligente des minorités. Des femmes sont au premier plan, des interprètes noirs ou asiatiques (pas en majorité, mais tout de même), et des personnages homosexuels, lesbiens ou bisexuels. Une sexualité qui est visible sans jamais être questionnée, ce qui est une qualité notable dans les productions de CW.
Pour toutes ces raisons The 100 s'adresse parfaitement à un public relativement jeune (l'audience de CW est les 18-34 ans). C'est un divertissement, mais ni naïf, ni une série enfantine. Sans être une grande série façon HBO, elle reste assez importante et représentative de notre époque. Et malgré des hauts et des bas, après sept saisons, la fin paraît logique. Par contre, pas sûr que la poursuite de l'univers avec un spin-off, qui devrait se dérouler juste après l'apocalypse nucléaire, trouve un véritable intérêt...
The 100 est diffusée en France sur SyFy et disponible sur Netflix.