A l'occasion de sa ressortie en salles, retour sur "Diamants sur canapé", le classique de Blake Edwards qui confirma le statut d'icône d'Audrey Hepburn.
Le mercredi 17 janvier est ressorti en salle un véritable chef d’œuvre de la comédie romantique. Réalisé par Blake Edwards, Diamants sur canapé est une adaptation bien différente du roman d’origine écrit par Truman Capote. Si l’auteur n’a jamais aimé le film, ce dernier n’en demeure pas moins réussi pour de nombreuses raisons.
Dans le long-métrage, le spectateur fait la connaissance d’Holly Golightly, une jeune femme qui rêve de vivre un riche mariage. Lorsqu’un nouveau résident s’installe dans son immeuble new-yorkais, l’entente est immédiate entre Holly et lui. Ce dernier, un écrivain en manque d’inspiration du nom de Paul Varjak, tombe peu à peu sous le charme de sa voisine. Néanmoins, Varjak vit au crochet de sa riche maîtresse. Son histoire d’amour avec Holly semble donc impossible.
Blake Edwards au sommet de son art
Diamants sur canapé devait à l’origine être mis en scène par John Frankenheimer. Ne connaissant pas le cinéaste, Audrey Hepburn demanda à ce qu’il soit remplacé en se joignant au projet. Blake Edwards se vit donc confier le rôle de réalisateur.
N’ayant à son actif qu’un seul film à gros budget à l’époque, (Opérations jupons), Blake Edwards acquit une véritable reconnaissance critique avec Diamants sur canapé. Le cinéaste y fait preuve d’un incroyable sens du rythme. Certaines séquences préfigurent d’ailleurs la malice de la série la Panthère Rose. Une scène de fête annonce également l’engrenage fatal dans lequel se retrouvera Peter Sellers dans The Party.
Que ce soit de la séquence d’ouverture, durant laquelle l’héroïne observe avec émerveillement la boutique Tiffany’s, au final sous la pluie, en passant par l’escapade amoureuse dans New York, tout s’enchaîne parfaitement grâce à un savoureux dosage. Le long-métrage ne manque en effet pas d’amertume, qui efface à plusieurs reprises la drôlerie ambiante. Lorsque le spectateur en découvre davantage sur Holly, l’attachement envers elle se renforce. Par la suite, l’envie de voir le couple réuni se crée naturellement. Les problèmes d’entente sur le tournage, notamment entre le réalisateur et l’acteur George Peppard, ne sont d'ailleurs jamais perceptibles dans le film.
La Paramount n’a pas hésité à changer l’intrigue d’origine et y a ajouté une tonalité nettement plus romantique. Blake Edwards n’a cependant pas oublié de confier à la plupart des personnages une profonde humanité. En cela, Diamants sur canapé est à ranger aux côtés de classiques comme New York – Miami ou Rendez-vous. Le réalisateur regretta néanmoins certains éléments de son long-métrage. Il aurait par exemple préféré ne pas intégrer le personnage de Yunioshi, largement critiqué pour être une caricature raciste. Mickey Rooney avoua également qu’il avait honte d’avoir interprété ce protagoniste. Malgré ses défauts évidents, le film se découvre toujours avec un véritable plaisir.
Une bande-originale reprise par les plus grands
L’un des autres aspects inoubliables de Diamants sur canapé est sa bande-originale. Composée par Henry Mancini, elle participe grandement à l’ambiance romantique teintée de mélancolie du long-métrage. Le film sera d’ailleurs récompensé par l’Oscar de la Meilleure chanson originale, composée par Mancini, ainsi que par celui de la Meilleure bande originale.
La chanson Moon River préfigure d’ailleurs la fin du film, épilogue profondément touchant rarement égalé depuis dans le genre. Mancini composa le thème après avoir appris qu’Audrey Hepburn avait rejoint le projet. Après la sortie, le titre fut repris par de nombreux artistes. Ella Fitzgerald, Louis Armstrong, Barbra Streisand et Frank Sinatra l’ont notamment chantée.
Truman Capote déçu par l’adaptation de Blake Edwards
L’écrivain avait une conception bien différente de son personnage de celle que l’on découvre dans le long-métrage. Dans le roman, Holly Golightly se rapproche en effet davantage de Lolita, le personnage de l’ouvrage de Vladimir Nabokov.
L’écrivain fut complètement déçu par cette adaptation cinématographique. Il n’aima pas le ton qui lui avait été donné ainsi que le choix de la comédienne principale. L’auteur aurait en effet aimé que l’héroïne soit interprétée par son amie Marilyn Monroe. Il affirma plus tard que Jodie Foster aurait été parfaite pour jouer Holly Golightly de la façon dont il l’avait écrite.
L’interprétation d’Audrey Hepburn demeure néanmoins l’une de ses plus réussies. S’il n’est pas conforme à la vision de Capote, son personnage est également aux antipodes de ceux de Vacances romaines, Sabrina ou Ariane. Hepburn sait aussi bien retranscrire la joie démesurée d’Holly que ses souffrances. Lorsque son passé resurgit, l’héroïne prend une nouvelle trajectoire. L’actrice passe alors d’un registre à l’autre avec aisance. Malgré une proposition jusque-là inédite dans sa carrière, Audrey Hepburn repartit bredouille des Oscars. Par la suite, la comédienne se verra confier d’autres rôles aussi singuliers. Ce sera en effet le cas pour La Rumeur ou Seule dans la nuit.
Diamants sur canapé confirma le statut d’icône de la star, en partie grâce à un Blake Edwards particulièrement inspiré. Malgré des aspects datés, le long-métrage parvient à nous captiver dès la première minute pour ne plus nous lâcher jusqu’à la conclusion évidente et grandiose.