Toute notoriété a son revers, La guerre des étoiles ne fait pas exception. Mel Brooks, l’un des maîtres (Jedi) de la parodie tourne en ridicule l’œuvre de George Lucas dans un film où les gags atténuent une vraie critique, moins inoffensive qu’il n’y paraît.
Le nom de Mel Brooks est souvent associé à la parodie. Il offre dans son film La folle histoire de l’espace, un florilège de son sens de la farce et de la caricature. Dans cette parodie de La guerre des étoiles, tout le monde en prend pour son grade.
Tous les ingrédients de la farce sont réunis
Une farce se caractérise par son comique satirique, par ses caricatures et par des gags grossiers. Mel Books en maîtrise les ressorts. Ainsi, dés le commencement du film, il reprend le fameux générique qui fuit dans l’espace pour expliquer le contexte. À travers celui-là l’auteur parodie aussi bien le fond que la forme. La dernière ligne du texte fait allusion à un test de la vue, le décor est planté d’entrées.
L’enjeu principal de l’histoire est l'oxygène. Les dirigeants de la planète Spaceball ont bêtement gaspillé le leur. L’armée des spaceballs, à bord du Spaceball One commandé par le terrible et non moins ridicule Casque Noir, décide d’aller voler tout l’air respirable de la planète pacifique Druidia. Mais celle-ci est protégée par un bouclier qui l’entoure. Casque Noir met sur pied un plan pour capturer la princesse Vespa, la fille du roi des Druidia. Ainsi il pourra faire pression pour obtenir le code d’entrée du bouclier. Ne sachant pas quoi faire, le roi fait appel à deux aventuriers pas très malins, Yop Solo et son chien-homme Beurk.
Des personnages caricaturés
Une caricature est un portrait qui amplifie certains traits caractéristiques du sujet. Cette définition s’applique totalement aux personnages de ce film. Dark Vador est détourné en Casque Noir. Il est interprété par Rick Moranis (Chérie j’ai rétréci les gosses) qui le tourne follement en ridicule. Ce seigneur du mal de petite taille avec un casque démesurément grand passe son temps à gesticuler quand il ne s’étouffe pas dans son masque.
Pas de Chewbacca, mais un chien-homme nommé Beurk. Celui-ci n’est pas très malin et il ouvre généralement la bouche en deux occasions, soit pour s'empiffrer, soit pour dire des conneries. La princesse Leia devient la princesse Vespa. Elle apparait comme pourrie, gâté, habitué au luxe et pique des caprices sur tout ce qui touche à ses cheveux. C-3PO est carrément transformé en gouvernante sainte-nitouche. Yoda évolue en maître de l’astuce. Et Han Solo se fond en Yop Solo, petit brigand du fin fond de l’univers, joué par Bill Pullman (Casper, Independance Day). Même le vaisseau Faucon Millenium est caricaturé et métamorphosé en camionnette de l’espace.
Diégétique et extradiégétique
Les termes diégétiques et extradiégétiques sont généralement liés au son et à la musique. Diégétique renvoie à un son ou une musique dont l’origine est présente physiquement dans le film. Extradiégétique signifie l’inverse, ce qui en est extérieur. Mel Brooks utilise cet aspect-là pour créer des gags totalement burlesques. Toujours en amplifiant, c’est avec l’action elle-même qu’il joue. En effet, dans certains gags, les protagonistes peuvent sortir du champ du film. Ainsi, dans une scène, ils se servent de la cassette vidéo de l’œuvre en cours pour retrouver la princesse. Dans une autre séquence, les soldats spaceballs attrapent les cascadeurs plutôt que les héros. Pire encore lors d’un combat de sabre laser entre Yop Solo et Casque Noir, ce dernier touche accidentellement un technicien. Les ressorts sont très gros, mais les situations qui en découlent sont totalement loufoques.
Une critique satirique d’Hollywood
Dans La folle histoire de l’espace pas de seigneur sith, mais un directeur esbroufe, interpréter par Mel Brooks lui-même. De cette manière, il caricature sans détour l’image du producteur hollywoodien. Sa première réplique est d’ailleurs «nous ne manquons pas d’air ». Ce personnage est parfois dans son bureau où il dirige les opérations et à d’autres moments dans un lit avec deux bimbos. Son but est de pomper l’air de ceux qui en ont. Il dirige son sbire Casque Noir, qu’il soupçonne de faire des grimaces derrière son masque. Mel Brooks n’hésite pas à faire appel au ridicule pour dépeindre ses rôles.
Idem, lorsque nos héros, perdus dans le désert, sont secourus par des nains déguisés en Jawas. Ironie ou prédiction, à son réveil Yop Solo demande s’il est à Walt Disney. Ces petits êtres les mènent à Yod... Yaourt, interprété une nouvelle fois par Mel Brooks. Ici, le maître ne contrôle pas la force, mais l’astuce. Illustration lorsqu’il leur montre son secret, le marchandising, il présente à nos héros les produits dérivés du film qui selon ses propres termes « rapporte le plus d’argent ».
Ainsi, derrière un genre comique grossier, la critique d’Hollywood et notamment de Star-wars s’avère bien réelle et sans concession.
Il y a souvent une part de vérité dans la caricature et dans la Folle Histoire de l’espace, Mel Brooks tape dans le mille. La suite de la saga de George Lucas ne lui a pas donné bien tort. Nul doute qu’à l’heure actuelle et au vu de la nouvelle matière, Monsieur Mel Brooks s’en donnerait à cœur joie.