Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous font partager l'un de leurs pires films préférés. Aujourd'hui, notre film de la honte se nomme "Beowulf", un film d'action fantastique épouvante horreur techno-féodale-futuriste (tout ça en même temps oui) sorti en 1999, qui fut souvent qualifié de nanar hilarant !
Nous la voyons d'ici, l'étincelle de malice qui brille dans vos yeux ! Et le rire contenu en repensant au visionnage de Bewolf. Actions surjouées, décors et costumes qui laissent à désirer, effets spéciaux... On n'a pas le mot ! Plaisir plus ou moins coupable à l'heure de se plonger dans le nanar dont un tel ou une telle vous avait au préalable vanté les démérites. Nous avons tous ri aux éclats en voyant Christophe Lambert faire des saltos à n'en plus finir !
Retour sur un nanar qui a au moins le privilège de nous rendre nostalgiques de nos fous rires d'enfants...
Un conte médiéval
Basée sur une légende épique saxonne, l'histoire se déroule comme ceci : La Terre a traversé de nombreuses crises et cataclysmes. Les ténèbres voilent désormais la lumière du soleil. Si bien que les hommes vivent dans la peur et dans l'obscurité. Dans cet univers hostile, un homme maudit et solitaire erre, fruit de l'amour interdit d'une mortelle avec le diable : Beowulf. Pour vaincre le monstre qui est en lui, Beowulf doit combattre le mal. Son plus redoutable adversaire est une créature tapie dans les combles d'une forteresse. Invincible, d'une sauvagerie sans nom, elle décime les habitants chaque nuit puis disparaît dès l'aube.
L'armée a établi une zone de quarantaine autour de la place, afin d'empêcher le Mal de se répandre. Une femme affolée qui réussit à s'échapper est capturée par les soldats, lesquels s'apprêtent à l'exécuter quand Beowulf arrive et les en empêche. Lorsqu'il décide d'entrer dans le château, celle-ci préfère néanmoins revenir vers les soldats pour mourir rapidement. Beowulf est reçu par le châtelain et offre son aide pour tuer la bête. Beowulf entretient lui-même le mystère sur ses origines : il se soigne mystérieusement plus vite que les autres humains et semble venu pour accomplir une mission...
Vitesse et précipitation
C'est un mélange de Mad Max, Blade, Mortal Kombat qui rencontre Highlander en l'an 3000, un film techno-féodal-futuriste qui intègre un monde de rythmes techno Filmé d'une manière très rapide, efficace, ça bouge dans tous les sens.
Clamait avec passion Lambert lors de la promotion du film. Autrement dit, un grand n'importe quoi qui ne ressemble à rien ! Non, là, c'est un peu durs, mais tout de même... L'acteur avait certes le rythme mais pas la chanson. Côté vitesse et réception de ses prouesses acrobatiques, merci le montage ! Encore que vitesse, ses pirouettes et coups de pied circulaires semblaient parfois bien mous... Et souvenez-vous : un Beowulf au paroxysme du sérieux et de la concentration face à un monstre violet en images de synthèse. Pas très convaincant en somme.
La star du nanar
Comme vous le savez, un nanar est un film tellement mal réalisé et ridicule qu'il en devient involontairement drôle. Rien à voir avec le navet donc, puisqu'il nous permet au moins de nous divertir et d'en rire ! Beowulf n'est ainsi en aucun cas un film ennuyeux, mais plutôt un film dont les défauts amusent.
Ceci étant, il faut bien avouer que le scénario laisse à désirer tandis que les dialogues sonnent souvent faux. Les décors sont en cartons (château en fausse pierre couronnée d'une flamme inutile) et les costumes... En papier mâché, ou presque ! On y va un peu fort peut-être, mais c'est aussi tout cela qui fait le succès du nanar, n'est-il pas ? Nous nous rappelons également cette musique techno qui, en plus d'être horripilante, était rarement en accord avec les images à l'écran. Pour conclure le tout, un cadrage approximatif et des erreurs de raccords. Et ce n'est pas tout. Nombreux furent ceux qui s'amusèrent du ventilateur présent en arrière-plan ! Les pirouettes, ça donne chaud...
Des personnages trop... Ou pas assez !
Que dire de Grendel, la vilaine créature qui dévorait quotidiennement des pauvres gens ? Un acteur de deux mètres coincé dans un costume que Predator et Alien auraient enfanté, couverts de pointes acérées avec une gueule cassée genre tronc d'arbre pourri. Et sa mère alors, qui semble bien être sa sœur voir même sa petite sœur tant elle est jeune et belle ? Peroxydée et bronzée à souhait, avec une manucure parfaite en ces temps reculés, maman sait pourtant se transformer en scorpion géant et/ou araignée mutante, on ne sait pas trop. Pour le reste de l'équipe du dark side, des casques qui rivalisent de laideur avec celui de Robocop.
Côté gentils, et quitte à parler de peroxydé, notre Beowulf n'est pas mal non plus dans ce style ! Cheveux courts et blancs sur un visage quasiment inexpressif. Sauf à la toute fin où Monsieur se permet un éclat de rire, so « lamberien ». Notre homme égraine par ailleurs des armes plus fantaisistes et futuristes les unes que les autres... Les nominées sont (entre autres) les deux bouts de bois avec double lames intégrées, le couteau avec ses pics planqués dans le manche, ou encore le poignard quatre lames style Gillette. L'arbalète aurait suffi en terme de crédibilité, même les deux puisque l'héroïsme voulait qu'il en soit ainsi. Mais que voulez-vous, Beowulf représentait « la perfection au masculin ».
Tout comme la belle Kyra (Rhona Mitra) en figure féminine, avec ses porte-jarretelles rouges à l'heure de se faire couper en deux par le gros couteau qui fait faux. Avec ses seins gonflés de générosité et ses lèvres inversement aussi pulpeuses que le regard de Lambert pouvait être vide ! Ah Kyra, toujours sexy et bien peignée dans ce monde de brutes écervelées.
Mais au fond, qu'importent les personnages. Qu'importent le suspense et les effets visuels. Nous étions bien loin de tout cela, trop concentrés à compter avec notre voisin les drôleries de-ci de-là ! Dont la réplique devenue culte, « je ne suis pas qui que ce soit »...
Mea maxima culpa
C'est triste à dire car au fond, on reste attaché à Beowulf version 90's... Pourtant, il fait partie des plus mauvais films. Ne nous dites pas que vous êtes surpris ! Plus sérieusement, et nul doute que ceci explique certainement cela, Christophe Lambert s'était à l'époque confié à Écran Large, au sujet de l'échec artistique du film :
Beowulf, c'est une histoire très triste, parce que le poème du XIIème siècle retranscrit dans un cinéma d'action de grande qualité, c'était une idée de génie. Mais il y a eu mensonge de la part des producteurs qui devaient faire un film à 25 millions de dollars en Roumanie, et qui ont terminé le film pour 3 millions et demi. Donc qu'est-ce qu'on fait une fois qu'on a commencé et qu'on a été payé ? On n'a pas le choix, on continue. Passer de 25 millions à 3,5, on a déjà eu du bol d'avoir ce résultat là ! Bien évidemment, j'étais furieux, mais ne pouvant rien faire, j'ai terminé le film.
Nous devrions au contraire remercier Lambert d'avoir poursuivi le carnage ! Un carnage devenu nanar pour beaucoup d'entre nous, simple navet pour d'autres. Un petit bijou de franches rigolades qui, au fond, avait tout de même du bon. Des acteurs investis et unis par le désir d'aller au bout des choses. Une histoire qui tient debout même si on en rigole. Une musique trendy et expérimentale sur un film multi-genres. Et surtout, surtout : un Lambert passé maître dans l'art acrobatique !
À la semaine prochaine pour un nouveau « film de la honte » !