Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous partagent un de leurs pires films préférés. Envie d’un buddy movie régressif porté par un duo dans la lignée de ceux de "L’arme fatale" et "The Nice Guys" ? Alors "Au revoir à jamais" est fait pour vous, et ce malgré la présence de Renny Harlin à la réalisation.
On ne peut pas dire que Renny Harlin ait réalisé pléthore de chefs d’œuvre au cours de sa carrière. Pourtant, le réalisateur de 58 minutes pour vivre a plus d’un titre honorable dans sa filmographie. Avant La légende d’Hercule, L’Exorciste : Au commencement et Driven, le cinéaste a en effet enchaîné Cliffhanger, L’île aux pirates et Au revoir à jamais.
S’il n’a pas l’étoffe de L’Arme Fatale ou du Dernier Samaritain, ce dernier demeure un plaisir régressif extrêmement réjouissant. Il bénéficie notamment de l’alchimie de ses deux acteurs principaux, qui s’échangent des punchlines bien senties pendant près de deux heures.
Un buddy movie scénarisé par le maître du genre
Dans Au revoir à jamais, Geena Davis interprète Samantha Caine, une institutrice amnésique depuis huit ans. Alors qu’elle a bâti une vie de famille bien rangée, son passé trouble refait un jour surface. Aidée par Mitch Hennessy, détective privé à la ramasse, Samantha découvre peu à peu qu’elle était autrefois un redoutable agent à la solde du gouvernement américain, qui répondait au nom de Charly Baltimore.
Si Au revoir à jamais vaut largement le coup d’œil, c’est avant tout grâce à son duo de comédiens et son script signé Shane Black. Juste avant un passage à vide de plusieurs années à Hollywood, le scénariste de L’Arme Fatale et Le Dernier Samaritain reprend la recette de ces deux précédents films. L’héroïne est torturée par son passé et fait équipe avec un sidekick qui ne cessera de prouver qu’il est loin d’être aussi largué qu’il n’y paraît.
Shane Black ajoute à ces éléments connus l’amnésie de Samantha, qui permet au long-métrage de basculer dans la deuxième partie. Lorsque Charly reprend le dessus sur Samantha, elle se révèle être une espionne redoutable qui ferait passer Jason Bourne pour un petit novice. Mais au-delà des scènes d’action, c’est surtout sa relation avec Hennessy qui évolue. Leurs rapports décomplexés résultent en effet sur de sympathiques moments de complicité. Totalement impliqués, Geena Davis et Samuel L. Jackson donnent le sentiment d’incarner leurs personnages avec une joie non dissimulée. Par la suite, la comédienne ne retrouvera malheureusement pas de rôle majeur au cinéma, hormis dans Stuart Little. Rien que pour cette injustice, Au revoir à jamais mérite que l’on s’attarde dessus.
N'est pas Donner qui veut
On ne peut en revanche pas dire que le film soit un bijou de réalisation. Si 58 minutes pour vivre est tout à fait honorable, il prouve à quel point il est difficile de passer derrière John McTiernan. Cela vaut également pour Richard Donner, qui a largement contribué au buddy-movie. Malgré son duo attachant, Au revoir à jamais peine à se montrer réellement captivant.
Le complot gouvernemental dans lequel Charly est impliquée n’offre en effet rien d’original. Renny Harlin ne semble d’ailleurs pas vouloir s’y intéresser plus que ça. Plusieurs personnages secondaires lâchent des révélations totalement anecdotiques dans la première partie avant leur sortie expéditive du film.
Finalement, le passé de Charly importe peu. La seule chose essentielle à retenir, c’est qu’elle est capable de tirer au sniper tout en faisant du patin à glace sur un lac gelé. Ces éléments sur sa personnalité serviront à crédibiliser son long baroud d’honneur final, durant lequel Renny Harlin nous offre plusieurs beaux moments. On pense notamment au réveil d’un Samuel L. Jackson ensanglanté sur Hoochie Coochie Man, paré pour une ultime confrontation. On retient également la présence de méchants particulièrement ringards, dont le jeu détonne de façon savoureuse de celui de Geena Davis et son compère.
Par ailleurs, le second degré permanent et le ton régressif, de plus en plus assumés au fil du film, contribuent largement à sa réussite. Samuel L. Jackson retrouve par exemple des répliques qu’il aurait très bien pu balancer dans Very Bad Cops, la comédie géniale d’Adam McKay dans laquelle Will Ferrell et Mark Wahlberg reprennent, à leur manière, le flambeau de ce grand nom du buddy movie.
Malheureusement, le flop d’Au revoir à jamais mit un frein à la carrière de Geena Davis et celle de son scénariste. En 1998, Shane Black se voyait refuser l’entrée parmi les scénaristes de l’Académie des Oscars, qui considérèrent que sa candidature n’était pas assez sérieuse. Cinq ans plus tard, Joel Silver, vieux briscard de l’industrie que Black connaît très bien, l’aidera à se remettre sur les rails en produisant Kiss Kiss Bang Bang. Il le suivra également sur The Nice Guys et l’attendu The Predator, au cinéma le 17 octobre prochain. Quant à Renny Harlin, il ne fera qu’enchaîner sur des nanars bien moins reluisants.
À la semaine prochaine pour un nouveau « film de la honte » !