#LesFilmsDeLaHonte : caressons Marmaduke dans le sens du poil

#LesFilmsDeLaHonte : caressons Marmaduke dans le sens du poil

Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous font partager l’un de leurs pires films préférés. Aujourd’hui, c’est au tour de Marmaduke de Tom Dey d’être épucé. Une comédie familiale bien lourdingue avec en tête d’affiche un danois qui parle et toute sa clique d’amis poilus.

Après l’analyse de Raymond de Brian Robbins (n’hésitez pas à relire notre article à ce sujet), c’est au tour d’un autre toutou d’être analysé. Adaptée du comic trip du même nom créé par Brad Anderson en 1954, Marmaduke signée Tom Dey (Shanghai Kid, Playboy à saisir) sortait en 2010. Pour info, au-delà d’être le nom donné à l’attachant danois, Marmaduke est aussi le nom d’une ville située dans l’Arkansas mais également un prénom ou un nom d’être humain, c’est au choix du client. Dans la catégorie des « films chiens qui parlent », nous tenons quoi qu’il en soit une pépite de comédie romantique made in dogland. Mais après tout, les meilleurs amis de l’homme ont eux aussi droit à l’amour, à une bande d'amis renifleurs et à une "guerre des gangs" avec aboiements agressifs et défis à la clé. Attention, cet article contient des spoilers.

Une intrigue alléchante

Pour la famille Winslow, quitter le Kansas pour la Californie marque un grand changement dans leur vie. Mais pour leur chien Marmaduke, cela induit de nouvelles bêtises à faire... En effet, ce nouveau départ sonne pour le danois telle la promesse de grands changements, à commencer par une nouvelle maison à explorer et de nouvelles odeurs à identifier. Une vraie vie de chien en résumé, avec tout ce qu’il faut comme divertissements pour s’amuser.

Lee Pace campait le père de famille et maître incontesté de Marmaduke Phil Winslow, Judy Greer son épouse Debbie, Finley Jacobsen leur fils Brian et Caroline Sunshine leur fille Barbara. William H. Macy incarnait quant à lui le nouveau patron de Phil Don Twombly, que Marmaduke fait d’ailleurs lamentablement voltiger. Owen Wilson a dans la version originale prêté sa voix à Marmaduke tandis qu’Omar Sy s’est prêté au jeu dans la version française.

On n’est pas des bêtes !

Ou peut-être que si dans le fond ? Après tout, Marmaduke s’échappe du bain alors qu’il est encore plein de mousse, vole les casse-croûtes de ses maîtres, détruit tout sur son passage et parvient même à rester coincé dans la chatière à l’heure de crier « libertéééé », en mode Mel Gibson dans Braveheart. Notre chien de compétition a un demi-frère félin prénommé Carlos (voix de George Lopez en VO et Gérard Surugue en VF) qu’il s’amuse, entre autres, à faire voler d’un siège éjectable. Tous deux s’entendent comme chien et chat mais s’apprécient beaucoup dans le fond, un jeu de « je t’aime moi non plus » digne de n’importe quelle fratrie.

Et c’est aussi pour cela qu’on adore. Car au-delà de l’intrigue excitante via le déménagement, les personnages à quatre pattes sont captivants. À leur hauteur et dans leur monde de chiens, ce qui à nos yeux d’humain ressemble à un caprice ou à une mauvaise éducation n’est en fait qu’un besoin primaire pour eux. On rit de leurs considérations, de leurs jeux et de leurs valeurs car oui, nos compagnons à quatre pattes ont chacun une personnalité bien marquée et un os à défendre, non d’un chien !

Des stéréotypes au poil

Grand luxe, il existe tout près du nouveau domicile de Marmaduke un parc canin. L’endroit idéal pour faire des tas de rencontres en tant que petit nouveau dans le quartier. On y retrouve les champions du frisbee, les pom pom dogs alanguies et bien entendu les mauvais garçons, autrement dit les dobermann bien entendu. Kiefer Sutherland a d’ailleurs prêté sa voix au plus vilain d’entre eux, Bosco. Fergie a quant à elle doublé sa belle Jezabel, une colley que l’on ne tient pas en laisse si aisément.

Et bien entendu nous avons les amis et alliés, entre le petit chien chinois à crête Giuseppe, le teckel Raisin ou encore le berger australien Mazie, doublé par Emma Stone. De maladresses en peur panique, Marmaduke fera les quatre cents coups. De défis lancés à lui-même en nécessité de courtiser sa belle, il se défendra crocs et griffes et marquera son territoire avant de réaliser qui est son véritable moitié. La comédie pour toutous aventureux nous en a fait voir de toutes les races et couleurs !

Touché coulé

Bien que Marmaduke soit objectivement dédié à un jeune public, les adultes ont eux aussi pu se laisser aller au début du film. Le chien est attachant de stupidité, le chat rigolo avec son accent mexicano, et la famille bien sous tous rapports respectueuse des animaux. Une clique sympathique qui part vivre en Californie ne peut que donner le sourire, même aux plus grands. Mais ça s’était avant… Avant que Tom Dey décide de nous faire un remake de Point Break avec Marmaduke dans la peau de Johnny Utah (Keanu Reeves) face à la légende des sept mers Aquaman. Enfin non Bodhi (Patrick Swayze), réincarné en vilain Bosco. Prévisible à souhait, Jezabel quittera Bosco pour le gagnant du challenge Marmaduke, inévitablement.

Il fallait avoir bu un verre de trop pour écrire une telle séquence scénaristique. Des chiens surfeurs admirés par une foule, finalement plutôt à l’aise sur la houle. Des chiens cool en résumé, dans le vent, sous une déferlante d’applaudissements et de sifflements. Pas pour les rappeler à l’ordre cette fois, mais pour les acclamer. Les maîtres sont fiers de leurs toutous qui ont le sens de la compétition et la soif de vaincre. On connaissait le poisson-chat mais pas le poisson-chien, il faut bien un début à tout.

Un film trop conformiste

Au-delà des personnages caricaturaux cités ci-dessus, l’intrigue en elle-même reste très traditionnelle. Si l’on retire la phase néanmoins risible des chiens surfeurs, le film est prévisible à souhait et les scènes déjà vues. Alors certes on a un attachement au rêve californien et aux peaux satinées par le soleil, mais Marmaduke ne nous fait pas rêver plus que cela.

C’est donc honteux que nous classons cette comédie dans la catégorie « films du cœur ». La recette ? Un scénario léger qui cède sa place aux séquences censées faire rire. Les gags tombent parfois à l’eau et notre héros s’emmêle les papattes. Sans parler des remises en questions réchauffées, nous avons nommé le patriarche qui fait passer son boulot avant sa femme et ses enfants. Mais les clichés ne sont-ils justement pas là pour nous rassurer ? Nous conforter dans un univers reconnaissable et identifiable, avec des doutes auxquels nous sommes tous confronter et des morales que l’on nous a déjà servies et que nous avons recrachées ? À méditer.

Affamés, salivez, dévorez !

Pour autant les effets spéciaux des animaux parlants sont plutôt convaincants, même si à certains moments, on se dit qu’il aurait mieux valu que Marmaduke aboie au lieu de parler. Ce choix scénaristique nous aurait éviter bien des dialogues balourds de la part du toutou. Mais après tout on savait à quoi s’attendre en nous posant confortablement devant la comédie canine… On nous avait prévenus ! Les animaux parlent et communiquent bien mieux entre eux que les humains dans ce film qui sent bon le royal canin.

Détendez-vous donc et riez des gags proposés, laissez-vous aller à l’émotion semée de-ci de-là. Marmaduke ne vous veut aucun mal alors souvenez-vous, cinéphiles plus ou moins dépendants d’un 7éme art de qualité : si vous avez les crocs d’un bon moment de détente, vous ne pourrez pas être déçus. Surtout avec la chorégraphie finale sur l’entrainante musique « That’s what I like about you » signée The Romantics. Comment ne pas sourire face aux compagnons poilus dansant en cœur autour du nouveau couple formé par Marmaduke et Mazie ?

Nostalgiques du plat de spaghettis entre la belle et son clochard, préparez-vous à une expérience qui secoue les puces.