Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous font partager l'un de leurs pires films préférés. Aujourd'hui, nous jetons notre dévolu sur "La Caverne de la Rose d'or".
Mini-série italienne adaptée d’un conte pour enfants, La caverne de la rose d'or (Fantaghirò pour l’original) est un pur jus d’eau de rose coupé au champomy. Amour toujours qui rime avec bravoure, délires romanesques qui montent à la tête, le tout sur fond de manichéisme édulcoré. C'est entre autres pour ça qu'on s’en souvient encore mais surtout qu’on adore !
Réalisée par Lamberto Bava, la série se compose de cinq téléfilms en deux parties. Souvenez-vous, la nostalgie de l’enfance, l’ambiance des fêtes de fin d’année… C’était à Noël que nous avions le plaisir de découvrir la suite des aventures (de 1992 à 1997) : La Princesse rebelle, La Sorcière noire, La Reine des ténèbres, L'Empereur du mal et Le Retour de Fantagaro. So romantic fantasy quoi !
Tout conte fée…
« Le Petit chaperon rouge », « Les trois petits cochons », « Alouette gentille alouette », etc. Il faut bien avouer qu’à la base, toutes ces histoires sont tout sauf faites pour les enfants ! Tout d’abord, le loup qui dévore la grand-mère avant de prendre son apparence pour croquer la petite-fille. Ensuite, le grand méchant loup qui détruit les fragiles maisons faites de paille et de bois des deux premiers petits cochons avant de les avaler tout cru (il fallait opter pour de la brique !). Pour finir sur l'oiseau auquel on plume carrément la tête ! Et le bec, et le nez, et le cou, et le dos... Et puis quoi encore, « alouette je te mangerai » ?
Côté Fantagaro, interprétée par la pétillante Alessandra Martines, ce n'est pas beaucoup plus joyeux... Dans un pays en guerre depuis des siècles, un roi (Mario Adorf) coule des jours heureux auprès de son épouse et de leurs filles aînées. Pour le combler, il désire un troisième rejeton mâle afin que son royaume ait un héritier. Or, c’est une petite dernière qui pointe le bout de son nez. Un bébé qui non-content d’être déjà une fille est la cause du décès de sa mère, morte des suites de l'accouchement.
Dévasté, le roi se venge contre le nourrisson qu’il décide de conduire dans une grotte en vue de l’offrir en sacrifice à la bête sacrée qui y séjourne. Soit dit en passant, cette grotte est la fameuse « caverne de la rose d'or ». Par chance, la Sorcière blanche (Angela Molina, puis Katarina Kolajova) parvient à ouvrir les yeux du père qui laisse finalement la vie sauve à celle qu’il appellera Fantagaro.
Trop d'amour !
En grandissant, la fillette devient une intrépide princesse au caractère bien trempé et au tempérament rebelle. Modèle de féminisme s’il en est, elle refuse catégoriquement de se soumettre aux devoirs et obligations des femmes de son rang. Tant et si bien qu’elle finit par s'habiller comme un homme afin de défier en combat singulier le prince ennemi Romualdo (Kim Rossi Stuart).
Fantagaro s’attife peut-être comme un bonhomme avec sa coupe à la Mireille Mathieu, mais cela ne l’empêche pas de rester une femme ! Ainsi tombe-t-elle sitôt sous le charme du beau Romualdo. Et il le lui rend bien, puisqu’il prévoit de l’épouser dès le second volet. C’était sans compter sur l’ennemie jurée de la Sorcière Blanche… La Sorcière Noire (Brigitte Nielsen) bien sûr ! Laquelle fera tout ce qui est en son pouvoir pour les séparer et faire de Romualdo son amant. Quand la jalousie vient à ronger la Dame, le bellâtre ne peut résister longtemps aux sortilèges qui le condamnent.
Quoiqu’il en soit, Romualdo sera dès le troisième téléfilm concurrencé par le non moins sexy Prince des Ténèbres, aka Tarabas (Nicholas Rogers). Fils de l’impitoyable Reine Xellesia (Ursula Andress) et du cruel Darken, il tombera lui aussi éperdument amoureux de la belle. À croire qu’ils/elles sont tous/toutes beaux/belles au pays de Fantagaro ! Tarabas sera du reste un simple ami au final quand Romualdo sera délivré du mal.
Fleur bleue et onirisme !
De l’amour oui, mais aussi une bonne dose de magie ! Des princesses et des princes aux sorcières et sorciers en passant par les gnomes, les soldats d’argile, les objets magiques et les animaux qui parlent, on est littéralement immergés dans un monde féerique.
Princesse au grand cœur et à la tolérance sans borne, Fantagaro, armée de sa pierre-boomerang, ne tient pas compte des apparences physiques (encore qu’elle ne se serait pas mariée à Romualdo s’il avait été laid, mais bon). De sorte qu’elle se lie d’amitié avec l’ensemble des créatures extraordinaires qu’elle rencontre.
Has-been ou dans l’air du temps ?
Alors oui, le système D fut à l’honneur sur le tournage de Fantagaro tandis que les effets spéciaux laissent objectivement à désirer (même si l’on se remet dans le contexte de l’époque). Certes certains personnages sont clichés, bon nombre d’émotions exacerbées, quand le main theme est gnangnan. Sans oublier les faiblesses scénaristiques et les doublages très moyens. Il n’empêche que l’on garde un souvenir impérissable des décors pour le moins kitschs et du côté très poétique de la caverne !
Ajoutez à cela la ribambelle de péripéties ahurissantes qui nous ont fait rêver jusqu’au cinquième téléfilm… Qui par malheur se termine en queue de poisson. Censé être le début d’une nouvelle trilogie, l’épisode final laisse en effet un goût amer aux fans. À qui la faute ? Xena, la guerrière entre autres, qui par son immense succès dans l’hexagone aurait contribué à la baisse de l’audience en décembre 1996.
Bonne nouvelle néanmoins pour les nostalgiques : un coffret DVD de la série remastérisée est disponible, avec en bonus les storyboards des cinq films ainsi que trois documentaires. De quoi replonger un temps dans cet univers que l’on aimait tant !
À la semaine prochaine pour un nouveau « film de la honte » !