Chaque semaine, les rédacteurs de CinéSérie vous partagent l’un de leurs pires films préférés. Aujourd’hui, c’est au tour de "Raymond" de Brian Robbins d’être caressé dans le sens du poil. Une comédie mordante signée Disney, avec en tête d’affiche Tim Allen réincarné en attachant bearded collie.
Rappelons que le Raymond de Robbins est le remake de Quelle vie de chien, réalisé par Charles Barton en 1959. Basée sur le roman de Félix Salten, la comédie fut le premier Disney avec des personnages réels, humains en chair et en os et chiens poilus à souhait. Le film nous contait l’histoire d’un petit garçon transformé en chien. Pour redevenir celui qu’il était, il devait faire le bien autour de lui. Un autre remake fut réalisé en 1976 par Robert Stevenson : Un candidat au poil. Dans ce second film, le maire avait une bague capable de transformer quiconque en chien, ce qu’il fit avec son concurrent aux élections. Mauvaise idée que de vouloir dénoncer la corruption…
Raymond, quant à lui, nous offre Tim Allen (Super Noël, Super Papa, Un Noël de folie !) dans les poils d’un collie barbu. L’acteur, également connu pour avoir donné sa voix à Buzz l’Éclair ou pour avoir endossé le rôle du Capitaine Zoom (n’hésitez pas à relire notre article sur le sujet), est donc en 2006 allé encore plus loin dans la dérision. En résulte une comédie canine complètement déjantée, avec un chien qui se parle à lui-même et qui se fait renifler les fesses en pensant comme un humain… De la honte en barre en résumé.
Un film qui a du chien
Rafraîchissons les mémoires de ceux qui auraient fait l’effort d’oublier… Accaparé par sa carrière, le procureur adjoint Dave Douglas (Allen) s'est peu à peu éloigné de sa femme Rebecca (Kristin Davis) et de ses enfants (Zena Grey et Spencer Breslin). En enquêtant sur un laboratoire clandestin maltraitant des animaux, il se fait mordre par un chien génétiquement modifié. Infecté par un sérum qui provoque des mutations génétiques, il se réveille le lendemain dans le corps d'un chien.
Ainsi transformé, Dave réalise combien sa famille s'ennuie de lui à cause de son travail. Voulant devenir un meilleur père de famille, il décide de déjouer le complot de la bande de criminels qui souhaite se servir du sérum. Dave risque d'y laisser des poils mais nom d'un chien, que ne ferait-il pas pour retrouver son foyer ! Et pour cause, c’est grâce à ses nouvelles oreilles et à sa place d'honneur sur le tapis du salon que notre père de famille quelque peu cabotin découvre les secrets et les rêves de ceux qu'il croyait connaître. Robert Downey Jr. campait quant à lui le Docteur Marcus Kozak et Danny Glover Ken Hollister.
Chacun sa croix
Féru de comédies familiales, et tout particulièrement de celles diffusées pendant les fêtes de Noël, Allen a voulu changer de registre en se laissant mettre la corde au cou. Mauvaise idée aux dires du plus grand nombre, tant l’acteur a pu se ridiculiser avec sa "baballe" dans la bouche et sa course folle façon chien. Nombreux furent également ceux à souffler d’indignation face à Allen coursant un chat. Cliché quand tu nous tiens !
Une pensée pour notre Didier national d’ailleurs, campée par Alain Chabat et sorti en 1997. Une comédie captivante qui nous montrait Chabat en train de déguster sa pâtée, de défoncer les oreillers à coup de canines, de dormir à poil dans un panier ou encore de sentir le cul des filles. Seule différence avec Raymond, le labrador Didier se transformait en humain mais se comportait en chien. Le géant Disney a quant à lui décidé de faire l’inverse, transformer un homme en chien tout en lui laissant ses pensées humaines.
L’art d’être tenu en laisse…
Également producteur du film, Allen aka Raymond avait à l’époque déclaré que le film fonctionnait car il mêlait humour et émotion :
Je trouvais très important de mettre du cœur et de l'âme dans cette histoire. En devenant un chien, en allant là où seuls vont les chiens et en entendant ce qu'ils peuvent entendre, Dave apprend à devenir un meilleur humain... C'est hilarant, forcément, mais aussi émotionnellement prenant. C'est une belle histoire de famille !
Le comédien a également fait des pattes et des coussinets pour être au plus près de notre fidèle compagnon. Ayant toujours eu des chiens, il a observé leur comportement et s’est souvent demandé ce qu’ils pensaient. Il fallait être prédestiné pour se lancer dans un projet de la sorte ! Toujours est-il que l’acteur a confié avoir tout essayé pour ce rôle, du reniflage au léchouillage en passant par le fait de sauter sur les meubles… Le but avoué était de donner du bonheur aux gens en les faisant rire. L’inavoué ? Peut-être un désir frustré, sorte de réincarnation souhaitée ? Nous ne saurons dire mais nous concernant, l’implication de Tim Allen et à applaudir des quatre pattes.
Une comédie au poil
Raymond a demandé 50 millions de dollars de budget et récolté 87,1 millions au box-office. Pas mal pour un film baveux qui sent fort le chien mouillé et la morale à plein nez. Le réalisateur, secondé de Judd Apatow (40 ans : mode d’emploi, En cloque, mode d'emploi, 40 ans, toujours puceau), voulait en effet faire comprendre au plus grand nombre que rien n’est plus important que la famille. Si vous traitez vos proches « comme des chiens », alors vous en deviendrez un. Et même les chiens devraient être choyés et confortablement installés, eux si fidèles et protecteurs envers leur maître.
En résumé, se regarder en chiens de faïence et se comporter comme chien et chat ne rime à rien. Soyez à l’écoute de votre moitié et de vos enfants, faites le bien autour de vous et vous recevrez du bonheur au centuple. Souvenez-vous par ailleurs que quand « le chien aboie, la caravane passe ». À comprendre par là que celui qui est sûr du chemin emprunté dans la vie ne se laisse pas distraite par les bruits alentours, qu’il s’agisse de conseils, de contestations ou de désapprobations. L’homme doit rester maître de lui-même, être respectueux envers les siens et surtout, surtout, bien éduquer son chien en lui donnant beaucoup d’amour. Le cercle familial est, dans le film, en déclin, mais le meilleur ami de l’homme parviendra à tout rééquilibrer. Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup de chiots…
Alléchant mais décevant
La belle morale mise à part, et bien que nous ayons apprécié le film pour la dévotion d'Allen, il faut bien avouer que Raymond reste quelque peu pataud. Idéal pour les touts petits qui ne demandent qu’à rire devant ces animaux qu’ils aiment tant, la comédie se révèle bien souvent limitée pour les parents. Certains grogneront de plaisir de voir leurs enfants s’esclaffer quand d’autres, spectateurs solitaires désireux de passer le temps un après-midi pluvieux, risquent fort d’avoir envie d’aboyer après Walt Disney. Quand on pense Disney, on visualise le dessin animé bien cocoon sous le plaid avec tout l’attirail sucré. Là, c’est une autre paire de manche qui ne vous fera pas forcément saliver.
Les gags n’en restent pas moins sympathiques et les effets spéciaux réussis. Alors certes l'histoire est prévisible et la happy end irremplaçable, mais vous ne croyiez tout de même pas que Raymond allait finir à la SPA ou pire, euthanasié ? Disney reste Disney et si vous aimez nos compagnons poilus, vous ne pourrez pas être déçus. Ou à moitié déçus, mais Raymond en vaut la chandelle. Laissez-vous aller à gratter sous la couche apparente et à flairer les meilleures scènes. Au final régalez-vous devant un film non prise de tête. Puis comme le dit si justement un proverbe allemand, « chien sans queue n’a pas honte de montrer son derrière ». À bon entendeur… Bon visionnage !