Chaque mois, les rédacteurs de CinéSéries partagent l’un de leurs pires films préférés. Aujourd’hui, c’est au tour de "Doom", adaptation du célèbre jeu vidéo éponyme dans laquelle The Rock et Karl Urban dégainent leurs plus gros calibres pour affronter une horde de créatures affamées.
Depuis plusieurs années, Dwayne Johnson est devenu le roi du box-office américain, en enchaînant les blockbusters familiaux à toute allure, parmi lesquels le sympathique Jumanji : Bienvenue dans la jungle, le régressif Rampage - Hors de contrôle ou encore l’attendu Jungle Cruise. Mais avant de régner sur l’industrie hollywoodienne et de délaisser son surnom de catcheur, The Rock usait de ses poings dans des productions nettement moins grand public. On pense évidemment à sa prestation ahurie et cocaïnée dans No pain no gain, à son incompréhension face à l’effondrement du monde dans Southland Tales et à son interprétation énervée dans le réjouissant Doom.
Doom fait sans conteste partie d’une époque révolue pour Dwayne Johnson. Le long-métrage est le vestige d’un passé dans lequel The Rock osait encore jurer et avait tout à prouver en matière d’arts dramatiques. Il n’empêche que le rôle de Sarge était fait pour lui dans cette adaptation du FPS cultissime. Arborant une seule expression faciale tout au long du film, le comédien n’éprouve qu’une seule envie : dessouder des créatures monstrueuses sur une station de recherche scientifique basée sur Mars. L’objectif de Sarge et son équipe est simple, il doit éliminer la totalité de ces démons de l’enfer particulièrement répugnants, et éviter leur arrivée sur Terre.
Big Fucking Guns pour The Rock
Réalisé par Andrzej Bartkowiak, meilleur directeur de la photographie (Le Prince de New York, Speed, L’Arme fatale 4) que cinéaste (En Sursis, Hors Limites), Doom est un véritable plaisir coupable, et ce pour plusieurs raisons. La première est que le réalisateur parvient à faire monter l’attente du massacre, en multipliant les explications scientifiques inutiles affublées avec un premier degré hilarant par des comédiens impliqués - à commencer par les excellents Rosamund Pike et Karl Urban. L’idée est de retarder la boucherie en faisant mine de se prendre au sérieux entre deux blagues graveleuses.
Doom doit également beaucoup à son escouade de durs à cuire prêts à en découdre. Alors qu’Arnold Schwarzenegger avait officialisé la passation avec The Rock dans Bienvenue dans la jungle le temps d’un caméo, le second reprend ici le rôle que tenait le premier dans l’inoubliable Predator de John McTiernan. Bartkowiak pille allègrement dans le classique du réalisateur de Piège de Cristal, en réutilisant notamment ses gueules cassées et ses armes lourdes.
La deuxième référence évidente n’est autre qu’Aliens - Le retour. Si Andrzek Batkowiak n’a pas le talent de James Cameron et Ridley Scott pour filmer d’obscurs couloirs labyrinthiques, il parvient malgré tout à nous plonger dans une atmosphère dégoulinante de sang et de fluides ignobles, aidé par quelques meurtres bien pensés. Une tuerie lors d’une pause pipi fait par exemple son petit effet, au même titre que le sacrifice d’un soldat conscient qu’il est sur le point de se transformer en horrible dévoreur d’humains. Bartkowiak tente également une séquence hasardeuse en first person shooter, qui aurait mérité davantage d’hémoglobine, avant de conclure son film sur un duel final dans lequel The Rock frappe bien plus fort que face à Vin Diesel dans Fast & Furious 5, c’est dire. Voilà pourquoi les amateurs de séries Z maquillées en séries B auraient tort de ne pas se ruer sur Doom…