Le 7ème art n'a plus aucune gêne à mettre des gens nus à l'écran ou à proposer des scènes de sexe. Mais la donne est complètement différente quand on parle d'acte non simulé. Retour sur 10 titres qui montrent du vrai sexe et qui ont pour la plupart provoqué la polémique.
Quand le cinéma ne simule pas...
Le cinéma a dû à un moment de son histoire se poser la question de la représentation de la sexualité dans le cadre d'une fiction. On laissera évidemment de côté le cas de la pornographie, qui est tout particulier, pour plutôt parler de sexe dans un cinéma que l'on qualifiera de plus "traditionnel". Il arrive parfois que l'on trouve sur nos écrans des passages qui présentent une performance non simulée. Petit tour d'horizon de ces films qui ont voulu proposer du vrai sexe avec une sélection de dix titres.
Love, de Gaspar Noé
Difficile de ne pas évoquer l'avant-dernier long-métrage en date de l'insaisissable Gaspar Noé. On n'a pas attendu Love pour savoir que son cinéma penchait vers les extrêmes. La violence, la drogue ou encore le sexe. Cette fois, il a tenu à aller plus loin dans son approche en racontant une histoire d'amour avec de la vraie sexualité. Le tout, en 3D, pour que la fête soit totale. Dès sa première scène, le film donne le ton avec un plan très explicite. Évidemment, les acteurs se sont adonnés aux pratiques que l'on voit pendant plus de deux heures mais tout cela se met au service du projet de Gaspar Noé qui, dans le fond, nous parle d'amour. À sa manière.
Nymphomaniac, de Lars von Tier
Autre grand cinéaste subversif, Lars von Trier a tendance à susciter la polémique. On se rappelle d'Antichrist qui avait déjà fait parler à cause de scènes relatives au sexe - l'introduction contient une pénétration non simulée. Il remet le couvert avec son diptyque Nymphomaniac et va encore plus loin dans ce qu'il montre. Néanmoins, ce ne sont pas les acteurs du film qui ont réalisé les passages sans simulation. Des professionnels de la pornographie sont intervenus sur le tournage pour les besoins des plans. Ensuite, des trucages numériques permettent, quand il le faut, d'insérer la tête des autres acteurs sur les corps.
Baise-Moi, de Virginie Despentes
Un cas qui a fait date dans l'histoire du cinéma français. L'écrivaine Virginie Despentes adapte son propre roman au cinéma et ne fait pas les choses à moitié. Elle s'est notamment entourée de Coralie Trinh Thi, sa co-réalisatrice, est elle-même actrice porno. Tout comme Karen Lancaume et Raffaëla Anderson, qui tiennent les deux rôles principaux. Ces dernières ont donc été dans leur élément quand il a fallu tourner ces scènes sans recours à de la simulation. Baise-moi a fait énormément de bruit lors de sa sortie, avec des débats au sujet de sa classification. Le film a été classé comme X pendant un moment, puis a été finalement interdit aux moins de 18 ans. C'est après toute cette controverse que la France a revu son système de classification. En statuant qu'un film avec une telle interdiction ne devait pas immédiatement être considéré comme pornographique.
Mektoub My Love : Intermezzo, de Abdellatif Kechiche
Vous vous souvenez forcément du bruit provoqué par La Vie d'Adèle, à cause des ces longues scènes de sexe entre Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. Le réalisateur français récidive Mektoub My Love : Intermezzo en filmant un long passage dans les toilettes d'une boîte de nuit avec un cunnilingus sur Ophélie Bau qui n'est pas simulé. Présenté au Festival de Cannes, le film fait forcément scandale et n'a toujours pas pu sortir dans les salles. On ne sait d'ailleurs même pas s'il pourra se frayer un chemin jusqu'à elles. On craint que cette très longue scène soit un énorme frein à la distribution. Il reste donc hasardeux de se prononcer sur l'état dans lequel on pourra découvrir cette oeuvre radicale.
L'inconnu du Lac, de Alain Guiraudie
On reste toujours en France avec ce troisième film. Le magnifique L'Inconnu du Lac montre plusieurs fois du sexe non simulé. Pas simplement pour flirter avec le cinéma porno mais pour, comme avec Gaspar Noé, s'inscrire dans une démarche de description du désir, de l'amour charnel. Alain Guiraudie arrive à trouver le juste équilibre sans en faire trop et son film affiche une intelligente sensibilité dans l'appréhension des corps. Les plans sur les pénis en érection ou lors des éjaculations ont été faits avec des doubleurs qui ont accepté de jouer à la place des acteurs principaux.
The Brown Bunny, de Vincent Gallo
Voilà un autre film qui aura fait parler sur la Croisette. Pour son second essai derrière la caméra Vincent Gallo se met en scène avec sa compagne de l'époque, Chloë Sevigny. Lors d'une scène très contestée, cette dernière effectue une fellation non simulée sur son partenaire. La caméra capte l'instant dans un plan très rapproché qui nous force à rester dans l'intimité du couple. Si pour les films cités précédemment nous savons que les actes sont réels, un doute subsiste au sujet de The Brown Bunny. La faute à la réalisatrice Claire Denis qui aurait constaté que le pénis serait une prothèse volée par Vincent Gallo lors du tournage de Trouble Every Day. L'acteur/réalisateur affirma pourtant que son propre sexe apparaît à l'image.
L'Empire des sens, de Nagisa Ōshima
Film sur le désir et l'amour dans ce qu'il peuvent avoir de plus extrême, L'Empire des sens a créé la controverse partout dans le monde. En premier lieu au Japon, où la loi n'autorisait pas des oeuvres de cette envergure morale. Nagisa Ōshima va très loin dans l'exploration de la relation entre Kichizo et Sada, avec plusieurs scènes qui ne sont pas simulées. Une démarche que le réalisateur assume, pour chambouler une époque où la censure était dure pour tout ce qui touchait au sexe. Il aurait pu s'en tenir à une description plus pudique, à moins des suggestions, mais il tenait à ce que L'Empire des sens ait cette teneur politique. Son geste n'est pas passé inaperçu et il laisse au cinéma l'un des plus fulgurants croisement entre le cinéma d'auteur et l'érotisme.
Little Ashes, de Paul Morrison
Nous nous sommes tous rendus compte après Twilight que Robert Pattinson était un sublime acteur et qu'il affirmait des choix forts dans sa carrière. Alors qu'il jouait encore le vampire romantique, on l'a vu dans Little Ashes. Il incarne dedans un jeune Salvatore Dali impliqué. On peut le voir, à un moment donné, en train de se masturber. Pour être en phase avec son personnage, l'acteur n'a pas voulu qu'une doublure prenne sa place. C'est donc bien lui que l'on voit en train de s'adonner à cette pratique.
Intimité, de Patrice Chéreau
Mark Rylance comme vous ne l'avez jamais vu. Patrice Chéreau lui confie le rôle de Jay, un homme qui côtoie chaque semaine Claire, sa maîtresse. Leur relation est d'abord exclusivement sexuelle mais petit à petit, Jay va vouloir s'immiscer dans la vie de sa partenaire. Intimité ne met pas très longtemps avant de nous faire comprendre que le sexe ne sera pas traité avec demi-mesure. On ne peut d'ailleurs faire plus juste que ce titre, qui annonce justement que l'on va entrer dans l'intimité des deux amants. Plusieurs scènes avec du sexe non simulées ponctuent ce film, avec toujours quelque chose d'électrique qui s'en dégage.
9 Songs, de Michael Winterbottom
Comme Gaspar Noé après lui avec Love, Michael Winterbottom veut mettre en scène une histoire d'amour dans 9 Songs. Ou plus précisément, la rencontre entre une Américaine et un Anglais. Mais pas question de s'en tenir à une forme de pudeur, il décrit cette relation charnelle en n'éludant pas la question de la sexualité. Il se trouve même deux acteurs qui acceptent de tourner ces instants intimes et ne va pas se priver de multiplier les scènes explicites.