À l’occasion du 80e anniversaire de Robert De Niro, retour sur la carrière du comédien aux deux Oscars. Adepte de la célèbre Méthode de l’Actor’s Studio, l’acteur est réputé pour se fondre entièrement dans la peau de ses personnages, comme le prouvent les cinq longs-métrages ci-dessous.
Ayant grandi dans une famille d’artistes, Robert De Niro est très tôt pris par l’envie de devenir comédien lorsqu’il découvre sur grand écran les performances de Barbara Stanwyck, Spencer Tracy ou encore Edward G. Robinson. Après avoir abandonné son cursus scolaire à seize ans, cet enfant de Greenwich Village et Little Italy réussit à intégrer l’Actor’s Studio. Ses performances dans Hi, Mom !, Le Dernier match et surtout Mean Streets lui valent une véritable reconnaissance dans la profession. Robert De Niro explose ensuite aux yeux du grand public avec Le Parrain, 2ème partie et Taxi Driver. Pour le 80e anniversaire du comédien fétiche de Martin Scorsese, retour sur cinq des meilleurs rôles de l’un des plus grands acteurs du cinéma américain.
New York New York (1977)
Avant toute chose, il est nécessaire de faire un rappel dénué de toute subjectivité et mauvaise foi : les collaborations entre Martin Scorsese et Robert De Niro sont toutes absolument parfaites. Comment oublier la magnifique entrée de Johnny Boy sur le titre Jumpin' Jack Flash des Rolling Stones dans Mean Streets ? Est-il vraiment possible de faire ce top sans se rappeler le regard de Travis Bickle lancé au spectateur depuis le rétroviseur de Taxi Driver, les sketchs de Rupert Pupkin face à une audience absente dans La Valse des pantins, le monologue final de Jake La Motta dans Raging Bull, la tendre habitude de Jimmy Conway de glisser des billets dans les poches de ses interlocuteurs dans Les Affranchis, les tatouages de Max Cady dans Les Nerfs à vif et les costards flamboyants de Sam « Ace » Rothstein dans Casino ?
Si l’on aurait pu mettre en avant les personnages sublimement tragiques de ces longs-métrages, c’est finalement sur le jazzman Jimmy Doyle de New York New York que notre choix se porte. Derrière l’apparente légèreté de ce saxophoniste se dissimule une montagne d’incertitudes qui se heurte à son égocentrisme, et la colère rentrée de Robert De Niro ne cesse de grimper au fil du film. Un cocktail explosif qui fait progressivement vaciller son histoire d’amour avec la talentueuse Francine Evans. Dans cet hommage ambitieux et injustement boudé à l’âge d’or du cinéma américain, où se mêlent des purs moments de comédie musicale et de screwball comedy, Liza Minnelli, Robert De Niro et Martin Scorsese offrent une romance déchirante, emportée dans un tourbillon de jazz.
Voyage au bout de l’enfer (1979)
Deux parties de chasse, l’une avant et l’autre après la mobilisation au Vietnam. Ce sont les deux séquences qui résument à merveille l’évolution de Michael, le jeune ouvrier d’origine polonaise incarné par Robert De Niro dans Voyage au bout de l’enfer.
Pour ce personnage de taiseux, solitaire mais particulièrement fidèle en amitié, le comédien livre l’une de ses compositions les plus sobres, jusqu’à l’explosion lors de deux manches de roulette russe toujours aussi éprouvantes à chaque nouveau visionnage. Deuxième film et deuxième chef d’œuvre de Michael Cimino après Le Canardeur, Voyage au bout de l’Enfer raconte le départ au combat de trois employés d’une aciérie de Pennsylvanie, Michael, Nick (Christopher Walken) et Steven (John Savage), transformés à jamais par les horreurs qu’ils commettent et subissent.
Il était une fois en Amérique (1984)
Un sourire figé dans les vapeurs d’opium représentant une jeunesse révolue. C’est ainsi que se termine Il était une fois en Amérique, somptueuse fresque de Sergio Leone sur quatre petites frappes du ghetto de New York qui atteignent des sommets dans le crime, et dans les trahisons qui l’accompagne.
35 ans avant The Irishman et son pari visuel de rajeunissement numérique, Robert De Niro était déjà confronté au poids des regrets. Pour son ultime film sur lequel il a travaillé pendant plus de quinze ans, Sergio Leone ne voulait personne d’autre que le comédien, déjà détenteur de deux Oscars pour Le Parrain, 2ème partie et Raging Bull. À l’écran, l’acteur est tour à tour attachant et détestable, protecteur et destructeur, jusqu’à une magnifique conclusion dans l’ivresse, qui masque à peine la solitude absolue.
Heat (1995)
En 1995, Michael Mann réunit à l’écran deux monstres sacrés, amis et anciens concurrents, dans Heat. Le premier, Al Pacino, incarne un flic obsédé par les criminels qu’il traque sans relâche. Le second, Robert De Niro, prête ses traits à un braqueur qui enchaîne les gros coups.
Un jeu du chat et de la souris se met en place, jusqu’à une première rencontre dans un diner où le réalisateur s’offre le luxe de ne pas dévoiler les visages de ses deux acteurs sur le même plan. Une séquence à travers laquelle Robert De Niro synthétise là encore parfaitement la nature de son personnage, un ex-taulard méticuleux et pragmatique, qui préfère mourir plutôt que de replonger.
Angel Heart (1987)
Difficile de se limiter à cinq rôles dans l’imposante filmographie de Robert De Niro. Si ses interprétations dans Le Parrain, 2ème partie, 1900, Les Incorruptibles ou Jackie Brown méritaient amplement leur place dans ce classement, son incarnation du mal absolu dans Angel Heart a fini par l’emporter.
Dans cette brillante adaptation du Sabbat dans Central Park, l’acteur incarne Louis Cyphre, un individu énigmatique qui fait appel au détective Angel Heart pour retrouver un certain Johnny Favorite. Commence alors une véritable descente aux enfers pour l’enquêteur, sur les terres mystiques de La Nouvelle-Orléans. Les ongles pointus, le regard glaçant qui ne se détourne jamais de sa proie même lorsqu’il épluche un œuf d’une étrange manière, Robert De Niro livre sans doute sa performance la plus terrifiante dans Angel Heart. Totalement investi dans son rôle, le comédien a même effrayé le réalisateur Alan Parker sur le tournage, qui préférait l’éviter.