Depuis l'invention du cinéma, une figure semble attirer de nombreux réalisateurs ainsi qu’un grand nombre de spectateurs. Il s’agit de la figure du psychopathe.
Qu’ils soient fous déchaînés massacrant tout un chacun à grands coups de hache ou machiavéliques et méticuleux cachés dans l’ombre, les tueurs pullulent au cinéma. Spécialement dans le cinéma américain.
Le phénomène des tueurs en série aux USA y est sans doute pour quelque chose. Toujours est-il qu’il ne fait parfois pas bon de vivre dans un film où rôde l’un de ces criminels. Schizophrénie, trouble dissociatif de l’identité, troubles obsessionnels... les scénaristes prennent parfois beaucoup de liberté avec la psychologie et la psychiatrie (comme beaucoup de films qui cherchent à introduire une science pour des besoins scénaristiques), pourtant cela n’empêche pas d’arriver à des chefs-d’oeuvres du septième art. Voici notre top 10 de meilleurs films où le psychopathe est roi :
American Psycho
Sorti en 2000, American Psycho est un film réalisé par Mary Harron. Il est adapté du livre éponyme de Bret Easton Ellis. Le rôle principal est tenu par Christian Bale.
L’histoire est celle de Patrick Bateman. Une jeune homme beau, riche et intelligent. Travaillant pour wall-street, tout lui réussit. Il côtoie tous les lieux et toutes les personnes les plus chics de New-York. Seulement, Patrick Bateman cache un secret derrière ses apparences de jeune playboy. Il est aussi un tueur en série. Dans son appartement hors de prix, à l’abris du moindre regard, il se livre à ses vices sur ses victimes. Le moins que l’on puisse dire c’est qu'il n’y va pas de main morte. Avec ses outils derniers cris, il peut faire tout ce qui lui plaît et faire subir aux victimes le châtiment qu’il veut. C’est un personnage qui hait les pauvres, misogyne, raciste et homophobe. Quelqu’un qu’on n'a pas très envie de croiser dans la rue tard le soir.
Finalement, comme dans la plupart des romans de Bret Easton Ellis, Patrick Bateman n’est que le reflet de la société américaine. L’écrivain se sert de son personnage principal et du monde dans lequel il évolue pour critiquer son pays et sa politique. Le New York dans lequel le personnage vit n’est d’ailleurs pas le New York de notre monde. La grande pomme est présentée comme une ville sale, corrompue et où tout crime est permis : une ville dystopique assez proche de Gotham City, où tous les coups sont permis. Enfin, la performance de Christian Bale est mémorable. Au fur et à mesure que s’enchaînent les scènes, nous plongeons petit à petit dans la folie de son personnage. Ceux qui ont vu le film se souviendront de la scène de fin où la folie de Patrick Bateman atteint son paroxysme.
Funny Games
Funny Games est un film autrichien de Michael Haneke sorti en 1997. Par la suite, Haneke fera lui même un remake de son film, simplement et sobrement intitulé Funny Games U.S, qui raconte exactement la même histoire. Cette fois-ci, le metteur en scène choisit de s’entourer d’un casting 5 étoiles avec Tim Roth et Naomi Watts.
L’histoire est celle d’une famille, un couple et leur fils, qui s’en vont passer quelques jours dans leur maison de vacances au bord d’un lac. Un jeune homme sonne à la porte pour demander des œufs, très vite il est rejoint par un second. Ils sont, au départ, très polis mais très vite le ton monte entre eux et le père. Les deux refusent de quitter la maison et prennent en otage la famille. A partir de ce moment le couple et l’enfant vont être la proie des deux intrus. Ces derniers vont commencer une série de jeux où ils s’amusent à torturer tel ou tel membre de la famille. La torture y est aussi bien physique que psychologique. Haneke va très loin dans les actes qu’il montre. Finalement, les deux jeunes sont deux effroyables psychopathes qui ne reculent devant rien pour s’amuser du malheur et de la détresse de leur victime.
Avec ce film, Haneke est à l’apogée de son nihilisme. Il livre une vision de l’humanité froide, violente, brutale et sans coeur. Des traits qui reviendront souvent dans sa filmographie. Dans Funny Games, la famille est comme piégée sur une scène de théâtre en proie à deux metteurs en scène complètement fous. Le réalisateur joue aussi avec le spectateur. Il place sa caméra de sorte à ce que le public se sente comme un voyeur à la fois proche des personnages mais en étant totalement impuissant face aux horreurs qu’ils subissent. A sa sortie, le film a beaucoup fait parler de lui par la “violence réaliste” qu’il mettait en scène.
C'est arrivé près de chez vous
Sorti en 1992, C’est arrivé près de chez vous est un faux documentaire de Rémy Belvaux. Il s’agit également du film de fin d’étude du réalisateur avec quelques scènes supplémentaires. Le rôle principal est tenu par Benoît Poelvoorde, qui faisait là ses premiers pas dans le monde du septième art.
Le film est construit comme une parodie de l’émission Strip-tease. Il prend donc la forme du documentaire. Nous y suivons une jeune équipe d’apprentis cinéastes qui décident de tourner un reportage sur Ben. Pour gagner sa vie, Ben tue des gens. Si, au départ, le personnage apparaît comme “sympathique” (pour autant que puisse l’être un tueur à gages) au fur et à mesure que le film avance, nous découvrons un être froid qui n’hésite pas à tuer n’importe qui pour gagner de l’argent. Finalement, Ben se révèle être un vrai psychopathe qui ne recule devant rien pour arriver à son but.
Le film oscille ainsi entre humour et scène dramatiques. Il sera censuré dans plusieurs pays, notamment aux Etats-Unis. La scène qui a fait le plus polémique était celle d’un infanticide. Elle s’est vu retirer du film dans de nombreuses versions. L’affiche, elle aussi, a fait l’objet de polémiques. Elle montrait une tétine ensanglantée. La tétine a été remplacée par un dentier dans un premier temps. Peu après, l’affiche originale est revenue et c’est maintenant celle qui est officielle.
Seven
Seven est un film de David Fincher sorti en 1996. Il s’agit du deuxième long-métrage du réalisateur après Alien 3. C’est également la première collaboration entre Fincher et Brad Pitt.
Le film suit l’histoire d’un duo composé de David Mills (Brad Pitt) un jeune policier qui vient d’arriver dans la ville et William Somerset, un agent très proche de la retraite (Morgan Freeman). Ensemble, ils seront confrontés à une série de meurtres. Le tueur se fait appeler John Doe et a une particularité. Il ne tue pas au hasard, il choisit ses victimes en fonction des péchés capitaux bibliques. La première victime est ainsi une personne obèse, retrouvée la tête dans l’assiette. Elle est tuée pour sa gourmandise.
Fincher livre ainsi un film sombre et haletant. Le tueur a tout le temps un coup d’avance sur les enquêteurs. Nous apprenons à le connaître d’abord par ses crimes et finalement, c’est lui qui mène l’histoire, qui décide où les personnages vont et ce qu’ils font. Ce qui en fait presque le personnage principal. Le film peut être vu comme une critique de la société également. John Doe est le monstre que les Etats-Unis ont créé. Il est là pour rétablir une sorte de justice divine contre les excès et les péchés de la société.
No Country for old men
Réalisé par les frères Cohen, No Country for old men est un film sorti en 2007. Le casting est composé de Tommy Lee Jones, Josh Brolin ainsi que Javier Bardem. Le film a remporté 4 oscars majeurs, celui du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur scénario adapté et du meilleur acteur dans un second rôle pour Javier Bardem.
L’histoire se déroule au Texas dans les années 80s. Le personnage de Josh Brolin trouve une mallette avec 2 millions de dollars à l’intérieur. Il se retrouve ainsi pourchassé par le shérif (Tommy Lee Jones) et un tueur du nom de Anton Chigurh, joué par Javier Bardem. Ce dernier livre une interprétation magistrale d’un tueur complètement fou et qui glace le sang. Son regard, sa voix, ses gestes, tout respire la folie dans le personnage. Ceux qui ont vu le film se souviendront de la frousse qu’il colle à un pompiste en jouant la vie de celui-ci à pile ou face.
D’ailleurs, Samuel Leistedt et Paul Linkowski, deux psychiatres, ont analysé un grand nombre de films où la figure du psychopathe était mise en avant. Parmi tous ces long-métrages, celui qui représentait la vision la plus réaliste était No country for old men. Le tueur y est froid, distant et insensible à toute émotion. Une représentation proche de la psychopathie, telle qu'elle est définie par les psychiatres.
Le silence des agneaux
Le film est sorti en 1991 et est réalisé par Jonathan Demme. Il place l’un des tueurs les plus mythiques du cinéma en son centre : Hannibal Lecter. Il est incarné par Anthony Hopkins. Celui-ci est accompagné par Jodie Foster dans le rôle de Clarice Starling.
Nous y suivons Clarice Sterling, jeune agent du FBI. Elle poursuit un tueur en série nommé Buffalo Bill. Dans l’incapacité de le coincer, elle demandera l’aide de Hannibal Lecter. Un ancien psychiatre emprisonné à vie pour meurtres en série et cannibalisme. Le tueur va accepter de l’aider en échange d’informations sur elle.
Durant tout le film, Hannibal joue avec Clarice Starling. Anthony Hopkins livre une interprétation qui fait froid dans le dos. Il incarne un tueur intelligent et qui contrôle constamment tout. Les scènes où il succombe à ses pulsions n’en sont que renforcées.
Orange mécanique
C’est un film de Stanley Kubrick sorti en 1972 et adapté du roman L’Orange mécanique. Nous y suivons l’histoire de Alex DeLarge (Malcolm McDowell), un jeune criminel. Leader d’un gang, il ne recule devant aucune violence. Passage à tabac, viol, tout y passe. Lorsqu’il se fait capturer, il se porte volontaire pour un “traitement”pour soigner son état mental.
Dans ce film, Kucrick joue avec nos sentiments. Il nous présente d’abord un personnage violent, sans coeur. Un véritable personnage antipathique. Puis lorsqu’il est livré aux expérimentations barbares du docteur, le spectateur ne sait plus quoi penser. Le tueur est torturé et, devant l’ignominie de ce qu’on lui fait subir, où se placer ? Finalement, Orange mécanique est une satire de la société. Une société qui est emprisonnée dans un cercle vicieux, elle crée des monstres et en essayant de les arrêter, en crée des pires.
Shining
Adapté du roman éponyme de Stephen King, Shining est également un film de Stanley Kucrick. Le casting est composé de Jack Nicholson et Shelley Duval. Nous y suivons une famille, un couple et leur enfant, chargés de garder un hôtel : le Overlook.
Très vite, Kubrick installe une ambiance très malsaine. L'interprétation de Jack Nicholson y est pour beaucoup. Son personnage cède petit à petit à la folie. Contrairement aux personnages des autres films, ici, le personnage principal n’est pas tueur à la base. Comme dans le roman d’origine, c’est l’hôtel qui a une emprise maléfique sur lui. Le personnage de Danny, l’enfant est aussi bien inquiétant. Il semble voir des choses qui échappent à ses parents. Il se dégage de l’hôtel un mal être qui déteint sur toute la famille. Finalement, Jack Nicholson poursuivra sa famille pour les tuer à coups de hache. Un hôtel à éviter.
Psychose
Est-il encore vraiment nécessaire de présenter le film de Hitchcock ? Sorti en 1960, le film est devenu culte. Norman Bates, le tueur, est devenu l’un des tueurs les plus emblématiques du cinéma. Le maître du thriller livre un film haletant avec des scènes qui ont gravé les mémoires de tous les cinéphiles.
La scène de la douche, où Norman Bates surgit de derrière le rideau reste mythique. Elle a été parodiée de nombreuses fois par la suite, au cinéma ou à la télévision. Enfin, le plan sur l’oeil de la victime poignardée est sans doute l’un des plus forts de l’histoire du septième art.
M le Maudit
Il s’agit d’un film de Fritz Lang réalisé en 1932. L’histoire se passe en Allemagne. Un tueur terrorise la ville. Les policiers, malgré les multiples opérations, ne parviennent pas à l’attraper.La population décide alors d’attraper elle-même le criminel. Le tueur est vu comme une ombre menaçante qui plane sur la ville.
Fritz Lang est, avec Murnau, un maître de l’expressionnisme allemand. M le Maudit est sans doute son film le plus connu avec Metropolis. Ces deux films réunissent toute la sève de ce qui fait l'expressionnisme allemand : une esthétique inspirée du gothique, des thèmes sombres, de grands bâtiments architecturaux démesurés. L’esthétique de Lang a inspiré de nombreux cinéastes par la suite. C’est le cas, par exemple, de Tim Burton et de sa version de Gotham City. Réalisé dans l'Allemagne des années 30, le parallèle entre le tueur et le nazisme est évident. Le film nous présente une société gangrenée, absorbée par la peur et par ses propres démons. Une société qui permettra l'accession au pouvoir du nazisme deux ans plus tard.
Si la figure du psychopathe est si utilisée au cinéma, c'est sans doute qu'elle est compréhensible par tout le monde, à n'importe quelle époque. Les artistes l'utilisent en tant qu'épouvantail pour parler de leur propre société ou donner leur vision de l'humanité. Il est donc certain que les personnages psychopathes ne sont donc pas près de quitter nos grands écrans.