À l'occasion de la sortie d'"Ambulance", retour sur la filmographie du pape de la démolition : Michael Bay. Focus sur les cinq meilleurs longs-métrages d'un véritable artiste de l'action et de la démesure.
5 - Ambulance (2022)
Dernier film en date de Michael Bay qui vient tout juste de débarquer dans les salles obscures, Ambulance se classe immédiatement parmi les meilleurs longs-métrages de son réalisateur. Entre deux plans totalement ahurissants pour lesquels il s'amuse comme un enfant avec ses drones, le cinéaste met en scène un divertissement solide, ne déviant jamais de son intrigue capable de tenir sur un Post-It.
Après Bad Boys et Pearl Harbor, Michael Bay se penche à nouveau sur une confrontation explosive entre deux "frères". À la suite d'un casse qui a mal tourné, Danny et William Sharp (Jake Gyllenhaal et Yahya Abdul-Mateen II) s'enfuient de la banque qu'ils braquent à bord d'une ambulance, en prenant en otage un policier blessé et une infirmière, Cam (Eiza González). Débute alors une longue course-poursuite dans les gigantesques artères de Los Angeles.
Faisant le pari d'un récit raconté en temps réel, Ambulance s'avère nettement plus efficace que 6 Underground. Michael Bay se focalise sur les oppositions entre ses trois personnages principaux et surtout sur l'action. Outre l'évasion tendue de la banque, le réalisateur exploite continuellement l'environnement de la ville, à commencer par ses routes infinies, pour offrir un spectacle d'une générosité rare au spectateur. Retrouvant le sérieux de 13 Hours sans renoncer aux artifices réjouissants qui font son identité, le cinéaste délaisse le ton patriotique de ce précédent film, préférant s'intéresser à des protagonistes plus troubles qui foncent vers la mort pied au plancher.
4 - No Pain No Gain (2013)
No Pain No Gain est probablement le long-métrage le plus drôle de Michael Bay. Le film raconte l'histoire vraie de trois culturistes prêts à tout pour accomplir leur rêve américain : Daniel Lugo (Mark Wahlberg), Adrian Doorbal (Anthony Mackie) et Paul Doyle (Dwayne Johnson). Déterminés à accéder à une vie meilleure, c'est-à-dire à s'enrichir, les musclés kidnappent l'homme d'affaires Victor Kershaw (Tony Shalhoub) pour tenter de récupérer tous ses biens ainsi que sa fortune. Mais Kershaw se montre coriace et refuse de céder. Pour le faire craquer, ses ravisseurs se mettent à le torturer de multiples manières.
Michael Bay sonde les profondeurs de la stupidité avec No Pain No Gain. Sublimé par trois comédiens déchaînés, dont un Mark Wahlberg qui a rarement été aussi furieux, le long-métrage dévoile une accumulation de décisions de plus en plus stupides, qui laisse tour à tour le spectateur bouche bée et hilare. Étude passionnante de la bêtise à laquelle le cinéaste insuffle une énergie permanente et presque épuisante, qui colle parfaitement à la philosophie de gagnant de ses protagonistes, le film laisse également entrevoir la carrière géniale qu'aurait pu avoir Dwayne Johnson s'il ne s'était pas perdu dans l'enchaînement de divertissements familiaux.
3 - Armageddon (1998)
Un astéroïde s'apprête à percuter la Terre. Pour éviter l'impact, la NASA estime qu'il est nécessaire de déposer une charge nucléaire au coeur de ce destructeur de planète. L'agence fait donc appel à Harry Stamper (Bruce Willis), le meilleur foreur pétrolier au monde, pour l'envoyer dans l'espace afin qu'il puisse creuser un trou suffisamment profond avec ses hommes. Ne s'embarrassant pas d'une quelconque pertinence scientifique, Armageddon permet à son acteur principal de continuer à sauver le monde avec panache.
La passion de Michael Bay pour la destruction massive se ressent à travers les premières scènes impressionnantes, où une pluie de météorites vient notamment s'abattre sur New York. S'ensuit un spectacle patriotique bercé par la partition héroïque de Trevor Rabin, au cours duquel des foreurs sont formés en un temps record pour devenir des astronautes et où leur mission ne se passe évidemment pas comme prévue. Le film bénéficie d'un casting imposant (Liv Tyler, Ben Affleck, Steve Buscemi, Billy Bob Thornton, Owen Wilson...) et se termine dans un dégoulinement de sentiments capable de tirer les larmes à chaque visionnage. Avant le triangle amoureux de Pearl Harbor, Michael Bay tient déjà à faire savoir qu'il a un coeur.
2 - Bad Boys II (2003)
Des sentiments, oui, mais pas trop non plus. Après s'être penché sur la Seconde Guerre mondiale et s'être essayé au mélodrame avec Pearl Harbor, qui reste en mémoire pour ses scènes de guerre malgré ses nombreux défauts, Michael Bay ne se fixe plus aucune limite. À ce jour, Bad Boys II reste le long-métrage le plus fou, le plus vulgaire (même si Transformers 2 : La Revanche est un concurrent sérieux) et le plus outrancier de son réalisateur.
Entre deux blagues scabreuses sur l'erreur de Mike Lowrey (Will Smith) d'avoir tiré dans les fesses de son partenaire Marcus Burnett (Martin Lawrence), le cinéaste filme une course-poursuite phénoménale, signe ses plus belles contre-plongées sur ses deux héros concernés, dévoile d'étranges palpations dans une morgue et s'offre une virée explosive à Cuba. Une oeuvre hystérique, complètement dingue, qui part dans tous les sens mais n'oublie jamais de traiter la bromance de ses deux personnages en pleine crise.
1 - Rock (1996)
Pour son deuxième film, Michael Bay réunit une distribution prodigieuse et développe un superbe duo inattendu, formé par Sean Connery et Nicolas Cage. Le premier incarne John Patrick Mason, ancien espion au service de Sa Majesté (tiens, tiens...), incarcéré depuis de nombreuses années après avoir découvert plusieurs secrets d'État majeurs. Un rôle taillé sur mesure pour l'ancien interprète de James Bond. Le second prête ses traits à Stanley Goodspeed, un spécialiste en armes chimiques.
Ensemble, ils vont devoir infiltrer le pénitencier d'Alcatraz, duquel Mason est l'un des rares détenus ayant réussi à s'échapper. Leur objectif : stopper le général Francis Hummel (Ed Harris) et ses hommes, qui détiennent des otages dans la prison et menacent de détruire San Francisco en faisant exploser des missiles chargés de gaz toxique sur la ville.
Un film d'une efficacité redoutable, où le flegme de Sean Connery s'accorde à merveille à la douce folie de Nicolas Cage, et où Ed Harris révèle des failles particulièrement touchantes. Un trio impeccable entouré de nombreux visages connus (Michael Biehn, William Forsythe, David Morse) porte Rock, où tout le cinéma de Michael Bay est déjà présent : ses tics de réalisation, son goût pour les poursuites dans des environnements bondés, sa capacité à développer des amitiés en pleine action et son penchant pour des émotions exacerbées, qu'il est l'un des rares à maîtriser à ce point dans son registre.