Actuellement à l’affiche de « Tenet » et attendu au tournant dans « The Batman », Robert Pattinson fait son retour dans des grosses machines hollywoodiennes. Pendant plusieurs années, c’est du côté du cinéma indépendant que le comédien s’est bâti une carrière solide, composée de rôles singuliers. Retour sur les cinq meilleurs films d’un acteur qui s’est extirpé de l’image qui lui était affublée grâce à des choix risqués.
La carrière déjà solide de Robert Pattinson
Dans Tenet, Robert Pattinson incarne un brillant espion international qui prête main forte au héros interprété par John David Washington. Un rôle dans lequel le comédien brille par son charisme et qui marque son retour dans une grosse production hollywoodienne, en attendant The Batman. En avril dernier, au cours d’un long entretien accordé à GQ, l’acteur confiait à propos de ses doutes sur l’avenir de sa carrière :
Le problème dans lequel je me suis retrouvé était que même si j’aimais les films que je faisais, personne ne les voyait. Et c’est quelque chose d’assez effrayant, parce que je ne sais pas à quel point c’est viable pour une carrière… Je ne sais pas combien de personnes dans l’industrie sont prêtes à vous soutenir sans aucune viabilité commerciale…
Peu de temps après ce constat, Robert Pattinson a reçu l’appel de Christopher Nolan. Le comédien avait pourtant effectivement joué dans plusieurs œuvres mémorables avant d’offrir une présence rassurante au blockbuster du réalisateur d’Inception. Des longs-métrages qui n’ont certes pas rencontré le succès qu’ils méritaient, mais qu’il serait dommage de rater rien que parce qu’ils témoignent de la naissance d’un grand acteur. Retour sur les cinq meilleurs films d’une star révélée par Harry Potter et la Coupe de Feu, qui a rapidement su se détacher du personnage d’Edward Cullen de la saga Twilight.
Cosmopolis (David Cronenberg, 2012)
Avec Cosmopolis, Robert Pattinson abandonne les mélos comme Remember Me et De l’eau pour les éléphants et trouve son premier grand rôle. Dans cette adaptation du roman de Don DeLillo, l’acteur prête ses traits à Erin Packer, un jeune multimilliardaire assistant à l’effondrement du capitalisme depuis l’arrière de sa limousine, qui sillonne les rues de New York.
Dans le futur déshumanisé de David Cronenberg, Robert Pattinson nage comme un poisson dans l’eau avec sa partition cynique et désabusée. Parfait en golden boy complètement déconnecté et en quête de sentiments oubliés, le comédien joue la carte du blasé sur le point d'avoir droit à un sacré réveil. Entouré de partenaires de renom (Juliette Binoche, Paul Giamatti), l’acteur prouve qu’il est capable de porter un projet à lui tout seul et commence à s’orienter vers le cinéma indépendant. Il retrouvera d’ailleurs David Cronenberg deux ans plus tard avec Maps to the stars, dans lequel il passe de l’autre côté de la vitre teintée et conduit désormais des carrosses pour des célébrités en mal de sensations.
The Rover (David Michôd, 2014)
Deuxième long-métrage de David Michôd (Animal Kingdom, Le Roi), The Rover est un film post-apocalyptique qui prend pour cadre le désert australien, situé quelque part entre Wake in Fright et Mad Max. Dans un monde où la civilisation occidentale s’est effondrée, Eric (Guy Pearce), vagabond solitaire, perd la dernière chose qu’il possède lorsqu’un gang lui vole sa voiture. Après avoir capturé l’un d’entre eux, le naïf Rey (Robert Pattinson), Eric se lance à la poursuite du reste de la bande pour se venger.
Road movie âpre et désabusé, The Rover repose sur la confrontation géniale entre ses deux acteurs principaux. Guy Pearce et Robert Pattinson sont en chute libre dans un futur désastreux et imminent où se jouent plusieurs scènes mémorables. Si le long-métrage n’est pas exempt de quelques longueurs, il dégage néanmoins une fureur idéale pour le genre dans lequel il s’inscrit.
The Lost City of Z (James Gray, 2016)
Avant Ad Astra, James Gray se questionnait déjà sur la filiation et la notion de transmission dans The Lost City of Z. Contrairement à son film de science-fiction, le récit prend ici le point de vue d’un père, l’archéologue Percy Fawcett, incarné par Charlie Hunnam. En 1906, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie dans le but de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. À son retour en Angleterre, Fawcett devient obsédé par une cité perdue qu’il a nommée par le point « Z » sur ses cartes. L’explorateur décide de se relancer sur ses traces, accompagné de son fils Jack (Tom Holland).
Au cours de ses voyages, Percy Fawcett peut compter sur le soutien précieux de son aide de camp Henry Costin, interprété par Robert Pattinson. Dans cette marche vers l’inconnu, son personnage fait preuve d’une loyauté sans faille à un héros absorbé par sa soif de découverte. Le comédien hérite d’un rôle certes secondaire, mais indispensable à l’évolution du protagoniste. Quant à James Gray, il offre au film d’aventure une nouvelle référence avec The Lost City of Z.
Good Time (Josh et Benny Safdie, 2017)
Après un braquage foireux, Nick et Connie Nikas se retrouvent séparés. Le premier (Benny Safdie) est arrêté et incarcéré à la prison de Rikers Island, à New York, tandis que le second (Robert Pattinson) parvient à prendre la fuite. Connie tente de réunir la caution nécessaire pour faire libérer son frère mais n’y parvenant pas, il organise son évasion.
Robert Pattinson y est pour beaucoup dans la sensation de désespoir ambulant qui émane de Good Time. Les frères Safdie lui offrent le rôle d’un aîné qui tente de préserver son frère atteint d’un handicap mental, mais fait tout le contraire. Les réalisateurs déploient une énergie qui ne lâche pas le spectateur jusqu’à la sublime scène finale, et le plongent dans un New York poisseux duquel des petites frappes essaient d’émerger, s’inscrivant dans la lignée des œuvres de Sidney Lumet, Martin Scorsese et James Gray.
High Life (Claire Denis, 2018)
Robert Pattinson erre dans High Life, sublime odyssée de Claire Denis. En confinant plusieurs criminels dont certains condamnés à la peine capitale dans une prison spatiale, la réalisatrice de Trouble Every Day s’interroge sur les notions de désir, de solitude et d’annihilation face au vide intersidéral.
Dans ce périple sans fin, Robert Pattinson voit sa perception du temps être remise en question, comme c’est le cas dans Tenet. Alors que la plupart des autres voyageurs (Juliette Binoche, André Benjamin, Mia Goth) sombrent dans la folie, l’isolement ou la perte de tout espoir, son personnage résiste et trouve une raison de vivre à travers la présence d’une petite fille. Le comédien révèle une fibre paternelle particulièrement touchante et s’impose comme le seul véritable repère dans ce grand film qui confirme son statut de grand acteur.