La Première Guerre mondiale est moins traitée au cinéma que le conflit qui lui succède 20 ans plus tard. On retrouve cependant de grands films à propos de celle qui devait être « la der des ders », de quoi revenir sur cinq longs-métrages incontournables à un mois de la sortie en salles du très attendu "1917" de Sam Mendes !
Celle qui était alors nommée « La Grande Guerre » a impacté toute une partie de la population mondiale, par ses massacres devenus industriels, ses près de 20 millions de morts, et tout autant de blessés graves. Il va de soi que le sujet a été souvent abordé au cinéma. Cependant, dans l’immédiat après-guerre, les plaies sont trop vives pour montrer directement les horreurs des tranchées. Le traumatisme est encore vif, qu’il soit évoqué en sous-texte, ou que les morts viennent littéralement hanter les vivants, comme dans le J’Accuse d’Abel Gance, sorti en 1919.
Comme pour notre top des meilleurs films sur la Seconde Guerre Mondiale, nous avons décidé de revenir en 5 films sur ce conflit, en essayant d’aborder divers aspects de la guerre, avec des films d'époques et de pays différents. Evidemment, un top est toujours subjectif, et ne peut être exhaustif. N'hésitez donc pas à nous indiquer, en commentaires, quels sont les films sur le sujet qui vous ont le plus marqués !
Les Sentiers de la Gloire
On commence avec une évidence : Les Sentiers de la Gloire de Stanley Kubrick. Le film aborde non pas la guerre dans son côté spectaculaire, mais parle de la violence psychologique qu'elle engendre. En refusant d'aller à une mort certaine, des soldats français se retrouvent ainsi condamnés à mort par leurs supérieurs, destinés à être "fusillés pour l'exemple". Un colonel va alors tout faire pour les sauver, et c'est le génial Kirk Douglas qui se glisse dans la peau du personnage. Kubrick déteste la guerre, comme il le prouve dans des films aussi différents que Dr. Folamour ou Full Metal Jacket.
Mais Les Sentiers de la Gloire, contrairement à ceux-ci, ne possède aucune trace de satire. Le cinéaste dénonce une pratique militaire alors quelque peu occultée des livres d'histoire, ce qui provoquera d'ailleurs la censure du film en France pendant une quinzaine d'année ! Long-métrage formellement magnifique, avec ses travellings dans les tranchées et ses cours martiales aux allures de plateaux d'échecs, le film de 1957 est aussi un drame poignant, à la scène finale des plus marquantes.
La Grande Illusion
Classique parmi les classiques, La Grande Illusion de Jean Renoir sort moins de 20 ans après la Première Guerre Mondiale et seulement deux ans avant que la Seconde éclate. Il y est question de soldats français prisonniers des forces allemandes, qui vont fraterniser pour tenter de s'échapper. Comme toujours chez Renoir, il y a évidemment une dimension sociale qui imprègne tout le film, dans lequel des hommes d'origines et de classes différentes vont devoir collaborer entre eux pour survivre.
Les soldats allemands ont beau être l'ennemi, il ne sont pas présentés comme monstrueux. Après tout, il n'y a ni "gentils" ni "méchants" durant la Grande Guerre, seulement des soldats pris dans l'enfer d'une guerre qui en soi ne concerne que les gouvernements. Evidemment, Jean Gabin brille dans ce récit, de même que Pierre Fresnay et Eric Von Stroheim. Film éminemment humaniste, La Grande Illusion sera censuré sous l'Occupation, puis réhabilité (non sans quelques polémiques) après-guerre. Un bon film sur la guerre est-il forcément pacifiste ? Notamment grâce au film de Renoir, nous sommes tentés de dire que oui !
Lawrence d’Arabie
L'immensité du désert filmé par David Lean n'est pas la première image qui vient à l'esprit quand on pense à la Première Guerre Mondiale. Et pourtant, 14-18 ne s'est pas résumée à une guerre de tranchées, et encore moins à l'opposition France - Allemagne ! Ainsi, le héros du film de Lean est T.E Lawrence, un officier anglais qui est chargé de convaincre des populations arabes de se révolter contre l'Empire Ottoman, belligérant allié de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie, pour fonder un véritable état.
Lawrence d'Arabie fait partie de ces fresques historiques telles qu'on en fait plus - ou très peu. Film-fleuve de près de quatre heures, on est sans cesse ébloui par la splendeur des images, filmées en 70mm en plein désert jordanien. D'une ampleur biblique (le tournage s'étale sur un an !), la chaleur se ressent au-delà des images, et nombreux plans deviennent inoubliables. Rajoutez à cela la sublime musique de Maurice Jarre, et vous obtenez une nouvelle fois un classique du 7ème Art ...
Capitaine Conan
Beaucoup moins célèbre que les films précédent, Capitaine Conan est pourtant très réussi. C'est une autre vision de la Première Guerre Mondiale que Bertrand Tavernier donne à voir : celle des "nettoyeurs de tranchées". Se battant plus au couteau qu'au fusil, le Capitaine Conan et sa troupe vivent l'horreur au plus près, faisant le "sale boulot" par obligation. Encore une fois, ce n'est pas sur le front français que la guerre est filmée, mais dans les Balkans, face à l'Empire Austro-hongrois.
Autre facteur que l'on a tendance à oublier : si l'Armistice est signée en 1918, et que la paix revient en Europe occidentale, ce n'est pas le cas pour tout le continent. Pas de répit pour les protagonistes de Capitaine Conan donc, puisqu'ils poursuivent la guerre jusqu'en 1919, s'opposant aux forces bolchéviques. Tuant, pour survivre, un ennemi qu'on essaye de déshumaniser pour atténuer l'horreur, les soldats se retrouvent ainsi piégés dans une guerre sans fin.
Au revoir là-haut
Des films sur la Première Guerre Mondiale, nous aurions pu encore en citer beaucoup, et non des moindres - pensons à Les Croix de bois, ou A l'Ouest, rien de nouveau. Mais finissons ce "top" avec un film français récent, qui s’intéresse non pas tant à la guerre qu'à ses conséquences directes sur la société française. Le sort réservé aux gueules cassées, le retour des Poilus à une vie normale, ou encore l'économie qui reprend sa route : Au revoir là-haut explore l'année qui suit l'Armistice.
Albert Dupontel signe ici un des films français les plus réjouissants de ces dernières années, endossant à la fois la casquette de réalisateur et le rôle principal. Il a le mérite d'aller au bout de ses ambitions, et on ne peut que se réjouir du succès critique et public qu'Au revoir là-haut a rencontré !
Le prochain film à venir sur le sujet de la Première Guerre Mondiale sera anglo-saxon, mais semble lui aussi ambitieux : 1917, dans lequel Sam Mendes explorera les tranchées en un seul plan-séquence. Avec des premiers retours dithyrambiques, il pourrait venir bousculer ce top 5 rapidement...