Izia Higelin, actrice et chanteuse, est à l'affiche de "Debout sur la montagne", film d'auteur où elle donne la réplique à Bastien Bouillon et William Lebghil. Nous l'avons rencontrée pour évoquer avec elle ce film, l'expérience du tournage, son identification au personnage, et d'autres sujets qu'elle aborde avec un enthousiasme aussi désarmant que naturel.
Izia Higelin incarne Bérénice, un des trois personnages principaux de Debout sur la montagne. Récompensée du César du meilleur espoir féminin en 2013 pour Mauvaise fille, elle est aussi rayonnante à l'écran que sur la scène de ses concerts. Elle est parfaite dans ce rôle de la fille du trio, revenue sur les terres familiales pour se remettre en question et aussi se réinventer. On a voulu en savoir plus, et on a eu la chance de pouvoir lui poser quelques questions.
Comment, après ton rôle dans Un Peuple et son roi, es-tu arrivée sur ce film très différent ?
Je suis arrivée très tôt dans ce projet en fait, parce que Sébastien Betbeder (le réalisateur et scénariste, ndlr) a écrit le rôle en pensant à moi. Il m’a fait lire le scénario, j’ai adoré ce que j’ai lu, et tout s’est enchaîné très vite. D’un côté c’est une petite pression, mais en même temps ça limite les mauvaises surprises, ça ne peut pas vraiment mal se passer.
J’ai beaucoup aimé le côté choral, avec des personnages qui se retrouvent mais chacun a sa propre quête, avec au bout une réalisation de soi. L’articulation du village autour d’eux, le fait qu’ils y restent, ça fait un effet domino où les autres personnages se remettent eux aussi en question, décident de changer. Eux retrouvent leurs marques, et ça provoque des réflexions chez ceux qui les entourent. C’est ça qui m’a vraiment plu dans Debout sur la montagne, avec son côté poétique et libre aussi, le fait qu’il y ait presque du fantastique.
Debout sur la montagne est une histoire forte d’amitié, de retrouvailles entre amis d’enfance. Le trio formé avec Bastien Bouillon et William Lebghil semble évident.
Sur le plateau, il y a un effet bande très fort, décuplé par le fait d’être immergés dans ce village pendant quatre semaines, à 1600 mètres d’altitude et de presque jamais en redescendre. Chacun avait sa maison, on s’invitait les uns chez les autres, on recréait aussi cette vie de village.
Je suis déjà nostalgique de ce tournage, c’était un vrai moment de vie. Cette bande qu’on s’est créée, c’était très troublant, il y avait ce vrai mélange de fiction et de réalité. Et aussi, on jouait comme si c’était l’été alors qu’il faisait moins douze degrés, j’ai passé deux mois à me cailler le c** en jupe sous la neige, mais je le faisais avec passion, parce qu’on était trop contents.
J’ai mes amis d’enfance, les mêmes depuis toute petite, et c’est quelque chose de touchant, dans le film comme dans la vie. Et ce qui est intéressant, c’est que ces amis si je les rencontrais aujourd’hui peut-être que ça ne fonctionnerait pas. On est trop différents, et c’est d’autant plus beau de perpétuer cette amitié.
Comment choisis-tu tes projets de cinéma ?
C’est un luxe de pouvoir faire un film de temps en temps, et donc de choisir ce qui me plaît le plus. C’est en fonction des gens qui sont dans le projet, du rôle, des choses que je peux y défendre. J’ai beaucoup aimé celui-ci, parce que la proposition était très contemporaine. C’est un des rôles les plus contemporains que j’ai pu faire, et ça me faisait du bien, après deux films historiques, de jouer une fille de mon époque, avec des réflexions similaires et des problématiques proches de celle de ma vie. J’étais heureuse de pouvoir m’identifier à ce personnage.
Il y a Esteban dans le film, acteur et chanteur que tu connais bien.
C’était drôle de retrouver Esteban, que je connais bien. Mais c’était bizarre, puisque pour moi c’est David Boring, je l’ai toujours appelé comme ça, et tout le monde sur le plateau l’appelait Esteban ! Il a besoin d’avoir ses différentes personnalités selon les projets, je me fous un peu de lui là-dessus, mais c’est bon enfant, on est très taquins l’un envers l’autre, on se connaît depuis très longtemps, on s’est bien marrés.
Personnellement, l’année 2018 a été celle du décès de ton père et de la naissance de ton fils.
Au moment du tournage, j’étais un peu stressée parce que mon fils venait de naître. Je suis parti avec lui alors qu’il n’avait que deux mois, mais tout s’est très bien passé et il va très bien ! (rires). Le tournage m’a fait énormément de bien, il m’a raccrochée à la vie. Quand tu es enceinte, tu peux te sentir ralentie, avec moins d’énergie. Être dans le travail avec ces gens, c’était exactement ce dont j'avais besoin.
Il y a eu l’anniversaire de mon père pendant le tournage, dans notre village il y avait une petite église, et on y est tous allés le 17 au soir à minuit, on a chanté dans l’église, on a chanté bon anniversaire, c’était un très beau moment, avec beaucoup de bienveillance, d’empathie. C’était très particulier, 30 cm de neige sont tombés du jour au lendemain, c’était aussi poétique et absurde que peut l’être le film. Il y a eu des moments rares, ce film était un retour à la vie très beau et très fort. On se le disait tous les jours : "profitons, on vit quelque chose de particulier". C’était merveilleux. Pour moi l’expérience d’un tournage est aussi importante que le résultat final, et je remercie Sébastien pour ça.
Ton prochain film à venir ?
Je tourne en ce moment un film de Samuel Theis, qui a co-réalisé Party Girl. Ça s'appelle Petite nature, avec notamment Antoine Reinartz. J’ai une dizaine de jours de tournage, j'en ai déjà fait deux, et le reste sera pendant ma tournée. Le mois de novembre va être assez sportif ! Mais c’est très excitant de se dire qu’on peut avoir cette « double nationalité », j’aime le dire comme ça.
Debout sur la montagne, de Sébastien Betbeder, au cinéma le 30 octobre. La bande-annonce ci-dessous. Retrouvez ici toutes nos bandes-annonces.