Cent-soixante kilos de chair et de volonté, alliés à une intuition magistrale, font du commissaire principal Séléna, une figure du SRPJ de Marseille, qu’il dirige. Inspirant crainte et respect, il ne semble avoir qu’un seul ennemi capable de l’abattre, lui-même en fait, engagé par sa boulimie compulsive dans un lent suicide, qui enserre peu à peu son cœur dans une
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masse graisseuse prête à l’étouffer. Fasciné par une très belle jeune femme, Elsa, qu’il est le seul à savoir coupable du meurtre de son oncle, Victor Lachaume, l’un des plus importants armateurs du port, il propose un étrange marché : contre son silence, il exige qu’elle vienne dîner chez lui, tous les soirs, pendant un an. Révoltée par la perversité de la situation, Elsa l’accepte pourtant, se plie à ce rituel imposé, dont elle essaie tout d’abord de se dégager avec violence et maladresse. Touché par sa fragilité, la blessure que, tout comme lui, elle porte en elle, Séléna n’en reste pas moins intraitable, imposant quotidiennement le spectacle monstrueux de ce qu’il est face à la nourriture, aussi raffinée soit-elle. Se soumettre ainsi au regard de la jeune femme est une épreuve qu’il lui impose, mais s’impose aussi à lui-même pour la première fois de sa vie, limitant désormais sa consommation de nourriture à ce seul repas quotidien et imparfaitement partagé. Tandis que, parallèlement à la piste crapuleuse, l’enquête policière, plus compliquée qu’on ne pouvait le penser, permet de révéler un lourd secret de famille, l’essentiel se joue peut-être ailleurs, dans la salle à manger du commissaire, lieu d’un affrontement secret. Là pourront être enfin exprimés, comme une libération, la souffrance, la culpabilité, le secret d’un passé qui mutile et enferme… et, en même temps que la résolution du meurtre, l’émergence d’un sentiment nouveau, l’amour, qui, comme dans le conte, pourra désormais lier la Belle et la Bête.
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