"Tu manques de paix intérieure, je le vois dans tes yeux... " : apostrophée par une visiteuse du Mur des Lamentations, Moran Ifergan est renvoyée à la religion qu'elle a pourtant délaissée depuis l'adolescence, elle qui fréquentait jadis ce lieu sacré de Jérusalem. Confinée dans la section des femmes d'où elle peut aussi observer en partie les hommes, elle intègre
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à son film documentaire et autobiographique la fonction même du Mur en disjoignant le son et l'image. D'un côté ses conversations privées, envahies par l'inquiétude de ses proches à mesure que son couple se révèle friable ; de l'autre, la masse de pierre du Saint des Saints, avec ses milliers de prières glissées dans les interstices, ses touristes omniprésents, ses adolescentes en quête de selfies, ses bataillons venus ressourcer leur patriotisme aux mythes bibliques et au récit national. Le film embrasse aussi la tension politique qui entoure le monument : alors même que des attentats viennent d'y advenir, l'"ami arabe sexy" de la cinéaste ne lui laisse-t-il pas un message lui enjoignant, puisque son père est marocain, d'apprendre enfin l'arabe ? Et ce, le jour même de Jerusalem Day, durant lequel les Israéliens célèbrent leur prise de la vieille ville en 1967... Par la puissance du montage, les allées et venues auprès du Mur se trouvent enveloppées dans le drame du quotidien familial, l'hystérie d'une mère et d'une soeur, la séparation grandissante avec le mari, mais aussi l'humour de l'amie, aux messages infusés de sagesse girly. La désillusion bravache de la jeune mère indépendante et free-lance se nuance d'une humble reconnaissance de la vertu des larmes.
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